Le cannabis à usage thérapeutique pourrait bientôt être autorisé en France. L’annonce a été faite par la ministre de la Santé en personne sur [France Inter]urlblank:https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-24-mai-2018 le 24 mai dernier. Agnès Buzyn a en effet déclaré qu’il n’y avait « aucune raison d’exclure sous prétexte que c’est du cannabis, une molécule qui peut-être intéressante ».
Agnès Buzyn a demandé récemment aux différentes institutions qui évaluent les médicaments de lui faire remonter l’état des connaissances sur le cannabis médical, reconnaissant au passage, « un retard pris par la France » dans ce domaine par rapport à d’autres pays européens comme l’Italie, l’Allemagne ou encore la Belgique.
L’annonce de la ministre de la Santé intervient après la saisine d’une patiente auprès de la Ligue contre le cancer sur le caractère « inéthique » de l’interdiction du cannabis dans un contexte thérapeutique. Pour rappel, en France, seul le Sativex, utilisé contre la spasticité et la sclérose en plaques, possède une autorisation de mise sur le marché (AMM). Mais en raison d’absence d’accord sur son coût pour la collectivité entre le laboratoire Almirall et le Comité économique des produits de santé, sa mise à disposition n’est pas encore effective.
Le CBD déjà en vente en France
Par ailleurs, depuis plusieurs mois, certains entrepreneurs [dans le nord]urlblank:http://lavdn.lavoixdunord.fr/378624/article/2018-05-17/annoeullin-un-nouveau-magasin-de-cannabis-therapeutique ou [l’est]urlblank:https://actu.fr/insolite/a-metz-nancy-strasbourg-vous-allez-bientot-pouvoir-acheter-cannabis-legalement_17005522.html de la France ont profité du vide juridique qui entoure le CBD pour commercialiser des produits à base de ce composant en France.
En infusion, en crème, en gélule, le cannabidiol se décline sous toutes les formes, promettant détente, bien-être et félicité. Miracle ou marketing ? [https://t.co/8MF7agonwf]url:https://t.co/8MF7agonwf
— Motherboard France (@MotherboardFR) [23 mai 2018]url:https://twitter.com/MotherboardFR/status/999278775950077954?ref_src=twsrc%5Etfw
#Annoeulin : un magasin de cannabis thérapeutique ouvert ce vendredi en centre-ville –> [https://t.co/GgUNt87jYz]url:https://t.co/GgUNt87jYz [pic.twitter.com/S17lPWkvuY]url:https://t.co/S17lPWkvuY
— VDN Villeneuve-d’Ascq (@vdascq) [17 mai 2018]url:https://twitter.com/vdascq/status/997208888691908608?ref_src=twsrc%5Etfw
Pour rappel, le tétrahydrocannabidol (THC) est le psychoactif principal du cannabis, est responsable du principal effet psychoactif ressenti lors de la consommation de cannabis, provoquant une sensation d’euphorie et de bien-être. Le cannabidiol (CBD), seconde substance la plus abondante dans le cannabis, est une substance non-psychoactive et ne provoque pas de « défonce » ou de bad trip comme le THC.
Les produits (liquides pour cigarettes électroniques, cristaux, parfums ou encore tisanes) à base de CBD sont légaux en France sous réserve de respecter un certain nombre de conditions, à commencer par la présence d’une dose infime de THC, inférieure à 0,2%. En revanche le cadre législatif change quand il s’agit de fumer du CBD sous forme de joint car l’utilisation du CBD à fumer n’est pas réglementée. De plus, il est formellement interdit de vanter les vertus thérapeutiques du cannabidiol ou de vendre le CBD comme un médicament.
Malgré une stricte application de la législation sur le cannabis, la France est souvent présentée aux côtés de la République Tchèque comme étant le premier pays européen consommateur de cannabis, et ce malgré [la loi du 31 décembre 1970]urlblank:https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000321402 , qui définit le cadre légal français pour la politique en matière de drogue.
Pour David Mété, la position de la ministre de la Santé est la bienvenue et l’ouverture du débat promis par cette dernière apparaît même « nécessaire ». « Je pense que la France sera obligée de suivre la dépénalisation du cannabis entamée par ses voisins européens. Ce serait bien qu’elle évolue, mais aucun gouvernement n’a eu le courage de s’atteler à cette tache. La déclaration de la ministre est une ouverture encourageante car il y a en France, en raison de sa politique répressive, une fermeture complète concernant l’étude des cannabinoïdes. C’est très compliqué pour un chercheur en France de travailler sur le cannabis car il faut demander une autorisation, qui est délivrée en moyenne un an après sa demande. Beaucoup de chercheurs se plaignent d’être exclus de ce qui se passait ailleurs », déplore-t-il.
« Attention à cet enthousiasme débordant »
Le président de la Fédération régionale d’addictologie de La Réunion (FRAR) estime que le cannabis « nourrit pas mal de fantasmes » du côté de ses partisans ou de ses opposants. « Il existe une réelle difficulté à avoir une vision objective. Le grand public confond souvent cannabis récréatif et thérapeutique. Ce dernier permet d’utiliser le cannabis dans le traitement de plusieurs pathologies comme le HIV, la sclérose en plaques ou les vomissements induits par les chimiothérapies », explique le praticien.
Et quant aux bienfaits supposés apportés par le cannabis thérapeutique, l’addictologue, bien qu’ouvert à sa légalisation en France, se montre mesuré: « les lois qui ont autorisé l’utilisation du cannabis thérapeutique dans certains pays ont plus un côté politique que scientifique. On a assez peu d’études fiables concernant son efficacité dans les troubles du sommeil ou de la sclérose en plaques. Des experts mondiaux se sont prononcés sur le cannabis, assurant qu’il possédait d’importants trésors potentiels thérapeutiques mais aussi d’autres substances qu’on ne connaissait pas et qui pouvaient être positives ou négatives ».
Il termine : « attention à cet enthousiasme débordant où l’on voit cannabis comme une panacée. En cas de légalisation du cannabis récréatif ou thérapeutique, on sait que des personnes développeront malheureusement des dépendances, comme pour l’alcool ou les médicaments, d’où la nécessité d’une régulation ».