
Le problème, avec lui, est qu’il se croit plus grand, plus beau, plus fort, plus intouchable que n’importe qui.
Il aurait dû se rappeler (mais on ne demande pas l’impossible à un improbable) une réflexion de Bruce Lee, à qui on disait qu’il était le plus grand combattant au monde : "Un jour ou l’autre, on tombe toujours sur plus fort que soi", a juste dit le Petit Dragon.
Mais il est vrai qu’entre la philosophie du jeet-kun-do et la truanderie de bas étage, il y a une galaxie.
Il pensait en avoir tout au plus pour jusqu’en décembre 2020 "in’ zaffair com’ ça alorss’" au Centre de vacances de Domenjod. Dieu est grand ! doit-il se dire : Il en aura pour 4 mois de plus (et non 4 ans comme écrit par erreur à la publication, ndlr). Il y a mis tant de bonne volonté aussi…
À poil, l’ami !
Entre ses gendarmes, menottes aux poignets, Lebon, 28 ans, se la joue décontracté. Grand, baraqué, biceps saillants sous le pull blanc très ajusté, dépassant ses G.O. d’une bonne tête, il balaie la salle du regard, histoire de vérifier qu’on le mate. Pas de bol, il ne recueille qu’une curiosité de pure forme.
Il était déjà entôlé pour toute une série de méfaits plus violents les uns que les autres. Au lieu d’adopter un profil bas, le voici qui prend en grippe les matons. Précision : Quand je dis "matons", ce n’est pas un terme méprisant de ma part : ces gens exercent un métier très difficile, mal reconnu, mal remercié !
Lebon leur promet pis que pendre. C’est le cas de le dire : au lieu de la corde, il leur garantit le fil du rasoir. Du sabre à cannes si vous préférez. Et tout ça pourquoi ?
Un jour, alors qu’il revient du parloir, les surveillants le soumettent à une fouille en règle. Cela est toujours le cas pour les détenus jugés violents et dangereux. On sait que malgré une surveillance humaine et électronique serrée, les familles et copains ("Ça in bon marmaille, ça !") refilent régulièrement aux détenus salades, pitayas, eau-de-Cilaos, aspirines, livres d’Hemingway, manuels philosophiques de Kant et Heidegger ; et autres chewing-gums.
À poil donc !
Lebon s’exécute et se laisse observer sous toutes les coutures, c’est le cas de le dire. Mais c’est aussi le règlement !… Là où son sang ne fait qu’un tour, c’est justement lorsqu’on demande à ce sanguin de faire demi-tour pour présenter une autre partie de son anatomie où, paraît-il, on peut cacher lames de rasoir… et piles plates pour les constitutions les plus "vigoureuses".
Les injures se mettent alors à pleuvoir à l’encontre du personnel pénitentiaire, accompagnées de menaces démontrant sans doute une violence certaine mais aussi une richesse du vocabulaire scatologico/porno que ne renierait pas Boris Vian lui-même…
La terre entière liguée contre lui
"S’pèce pédé ! Ma coupe ton tête èk in grand couteau, mwin !…" Tout le reste "à lavement", aurait dit Bérurier.
La demande d’explications du président Molié déclenche un flot de mots plus confus qu’un discours de politicien. Une logorrhée sortie d’une cure de Dulcolax.
"Mwin la di sa su l’coup d’la colère, m’sieur le juge. Mé mi fé pas sa mwin. Bande surveillants i fé d’l’abus de pouvoir, m’sieur le juge. Si ou respect’ a mwin, mi respecte a ou mwin !"
Lebon/brutal fait manifestement partie de ces théories de jeunes délinquants ou apprentis voyous qui ont du respect plein la bouche sans savoir seulement de quoi il s’agit.
Sans se douter une seule seconde que le respect ne s’exige pas, ne se commande pas : il se mérite.
Poursuivant sur sa lancée, Lebon ajoute :
"Lu la voulu engarde mon Q". Répétant a l’envi que "Mwin la pas in mannequin, mwin !".
Bref, si on l’en croit, toutes ses péripéties ne sont qu’une longue litanie de coïncidences malheureuses où il n’est pour rien.
Les policiers, les gendarmes, les juges, les matons, c’est si méchant, tout ça ! Ils se sont tous donné le mot pour le badigeonner de noir dans le sens du poil. Alors que lui-même est aussi blanc que l’agneau de pré-salé !
Bon Dieu lé farceur, vouiiii !
Racisme affiché… en plus !
Là où il fait grise mine, c’est quand le président Molié donne juste un aperçu de son casier judiciaire. Délicatesse insigne : le récit complet prendrait quelques heures.
Pour nous résumer, Lebon (brute truand, oups !!!) a quelque 13 condamnations à son CV. 13. Pas mal, non, à seulement 28 balais ?
Pour faire court : violences, violences, re-violences, violences aggravées, violences en récidive, menaces de mort diverses et variées, rébellion… Le reste étant d’un intérêt plus modéré.
L’une de ses séances d’injures, insultes et menaces diverses ayant eu pour cible un surveillant venu des Antilles françaises, le président s’enquiert, matois :
"Vous avez le sang chaud… Vous avez quelque chose contre les Martiniquais ?"
Les dénégations partent tous azimuts mais ne convainquent personne. Surtout quand on sait le prévenu violent, n’ayant de respect que pour un seul être de cette fichue planète : lui-même.
Les juges ne sont pas plus respectés que le reste de l’engeance humaine : lors d’une récente comparution, Lebon a accueilli son jugement pas un flot d’insultes… en direction des juges et de la procureur. Cascade verbale accompagnée par un geste significatif des deux majeurs brandis en direction de la tribune. Avec des allusions à certaines caractéristiques physiques qu’il allait mettre à mal si on voulait bien le laissait faire…
"Au vu de vos antécédents…"
La partie civile, au nom du respect normalement dû aux représentants de l’administration pénitentiaire, est revenue sur ce fameux "respect" hautement revendiqué par la gent voyou mais si peu donnée en échange. Et rappelé la hauteur teneur du vocabulaire de ce bon brutal truand.
La procureur Prudhomme y est allée tout en finesse. Au marteau-pilon. Ne sollicitant que 4 mois de prison supplémentaires contre cet individu aussi peu reluisant que ses propos.
Suivie en cela par un tribunal qui a mis un temps fou à délibérer : l’huissier nous avait à peine invités à nous rasseoir après la sortie des juges, qu’il nous invitait à nous re-mettre debout. Moins de 2 minutes. Bigre !
"Au vu de vos antécédents judiciaires" etc.
4 mois ! Allez en prison ! Allez directement en prison ! Trop tard pour la case "départ" et les 20.000 francs.
Lui, pouces branchés dans les poches de son jean, très cool, a eu juste un commentaire :
"Pas de problème !"
Formulé du bout des lèvres quand même.
Il aurait dû se rappeler (mais on ne demande pas l’impossible à un improbable) une réflexion de Bruce Lee, à qui on disait qu’il était le plus grand combattant au monde : "Un jour ou l’autre, on tombe toujours sur plus fort que soi", a juste dit le Petit Dragon.
Mais il est vrai qu’entre la philosophie du jeet-kun-do et la truanderie de bas étage, il y a une galaxie.
Il pensait en avoir tout au plus pour jusqu’en décembre 2020 "in’ zaffair com’ ça alorss’" au Centre de vacances de Domenjod. Dieu est grand ! doit-il se dire : Il en aura pour 4 mois de plus (et non 4 ans comme écrit par erreur à la publication, ndlr). Il y a mis tant de bonne volonté aussi…
À poil, l’ami !
Entre ses gendarmes, menottes aux poignets, Lebon, 28 ans, se la joue décontracté. Grand, baraqué, biceps saillants sous le pull blanc très ajusté, dépassant ses G.O. d’une bonne tête, il balaie la salle du regard, histoire de vérifier qu’on le mate. Pas de bol, il ne recueille qu’une curiosité de pure forme.
Il était déjà entôlé pour toute une série de méfaits plus violents les uns que les autres. Au lieu d’adopter un profil bas, le voici qui prend en grippe les matons. Précision : Quand je dis "matons", ce n’est pas un terme méprisant de ma part : ces gens exercent un métier très difficile, mal reconnu, mal remercié !
Lebon leur promet pis que pendre. C’est le cas de le dire : au lieu de la corde, il leur garantit le fil du rasoir. Du sabre à cannes si vous préférez. Et tout ça pourquoi ?
Un jour, alors qu’il revient du parloir, les surveillants le soumettent à une fouille en règle. Cela est toujours le cas pour les détenus jugés violents et dangereux. On sait que malgré une surveillance humaine et électronique serrée, les familles et copains ("Ça in bon marmaille, ça !") refilent régulièrement aux détenus salades, pitayas, eau-de-Cilaos, aspirines, livres d’Hemingway, manuels philosophiques de Kant et Heidegger ; et autres chewing-gums.
À poil donc !
Lebon s’exécute et se laisse observer sous toutes les coutures, c’est le cas de le dire. Mais c’est aussi le règlement !… Là où son sang ne fait qu’un tour, c’est justement lorsqu’on demande à ce sanguin de faire demi-tour pour présenter une autre partie de son anatomie où, paraît-il, on peut cacher lames de rasoir… et piles plates pour les constitutions les plus "vigoureuses".
Les injures se mettent alors à pleuvoir à l’encontre du personnel pénitentiaire, accompagnées de menaces démontrant sans doute une violence certaine mais aussi une richesse du vocabulaire scatologico/porno que ne renierait pas Boris Vian lui-même…
La terre entière liguée contre lui
"S’pèce pédé ! Ma coupe ton tête èk in grand couteau, mwin !…" Tout le reste "à lavement", aurait dit Bérurier.
La demande d’explications du président Molié déclenche un flot de mots plus confus qu’un discours de politicien. Une logorrhée sortie d’une cure de Dulcolax.
"Mwin la di sa su l’coup d’la colère, m’sieur le juge. Mé mi fé pas sa mwin. Bande surveillants i fé d’l’abus de pouvoir, m’sieur le juge. Si ou respect’ a mwin, mi respecte a ou mwin !"
Lebon/brutal fait manifestement partie de ces théories de jeunes délinquants ou apprentis voyous qui ont du respect plein la bouche sans savoir seulement de quoi il s’agit.
Sans se douter une seule seconde que le respect ne s’exige pas, ne se commande pas : il se mérite.
Poursuivant sur sa lancée, Lebon ajoute :
"Lu la voulu engarde mon Q". Répétant a l’envi que "Mwin la pas in mannequin, mwin !".
Bref, si on l’en croit, toutes ses péripéties ne sont qu’une longue litanie de coïncidences malheureuses où il n’est pour rien.
Les policiers, les gendarmes, les juges, les matons, c’est si méchant, tout ça ! Ils se sont tous donné le mot pour le badigeonner de noir dans le sens du poil. Alors que lui-même est aussi blanc que l’agneau de pré-salé !
Bon Dieu lé farceur, vouiiii !
Racisme affiché… en plus !
Là où il fait grise mine, c’est quand le président Molié donne juste un aperçu de son casier judiciaire. Délicatesse insigne : le récit complet prendrait quelques heures.
Pour nous résumer, Lebon (brute truand, oups !!!) a quelque 13 condamnations à son CV. 13. Pas mal, non, à seulement 28 balais ?
Pour faire court : violences, violences, re-violences, violences aggravées, violences en récidive, menaces de mort diverses et variées, rébellion… Le reste étant d’un intérêt plus modéré.
L’une de ses séances d’injures, insultes et menaces diverses ayant eu pour cible un surveillant venu des Antilles françaises, le président s’enquiert, matois :
"Vous avez le sang chaud… Vous avez quelque chose contre les Martiniquais ?"
Les dénégations partent tous azimuts mais ne convainquent personne. Surtout quand on sait le prévenu violent, n’ayant de respect que pour un seul être de cette fichue planète : lui-même.
Les juges ne sont pas plus respectés que le reste de l’engeance humaine : lors d’une récente comparution, Lebon a accueilli son jugement pas un flot d’insultes… en direction des juges et de la procureur. Cascade verbale accompagnée par un geste significatif des deux majeurs brandis en direction de la tribune. Avec des allusions à certaines caractéristiques physiques qu’il allait mettre à mal si on voulait bien le laissait faire…
"Au vu de vos antécédents…"
La partie civile, au nom du respect normalement dû aux représentants de l’administration pénitentiaire, est revenue sur ce fameux "respect" hautement revendiqué par la gent voyou mais si peu donnée en échange. Et rappelé la hauteur teneur du vocabulaire de ce bon brutal truand.
La procureur Prudhomme y est allée tout en finesse. Au marteau-pilon. Ne sollicitant que 4 mois de prison supplémentaires contre cet individu aussi peu reluisant que ses propos.
Suivie en cela par un tribunal qui a mis un temps fou à délibérer : l’huissier nous avait à peine invités à nous rasseoir après la sortie des juges, qu’il nous invitait à nous re-mettre debout. Moins de 2 minutes. Bigre !
"Au vu de vos antécédents judiciaires" etc.
4 mois ! Allez en prison ! Allez directement en prison ! Trop tard pour la case "départ" et les 20.000 francs.
Lui, pouces branchés dans les poches de son jean, très cool, a eu juste un commentaire :
"Pas de problème !"
Formulé du bout des lèvres quand même.