Le zamal comme thérapie : « Pour ne pas me déchirer à l’héro ! »
Gaby, la trentaine, grand, souriant, manifestement très cultivé, reconnaît tout ce qu’on veut car tout ce qu’on lui reproche est pour lui une évidence. Et ma foi, quand on y regarde de près… Perquisitionnant chez lui pour une autre affaire, les gendarmes vont de découverte en surprise. Quelques dizaines de très beaux plants de […]
Ecrit par Jules Bénard – le vendredi 24 janvier 2014 à 10H26
Gaby, la trentaine, grand, souriant, manifestement très cultivé, reconnaît tout ce qu’on veut car tout ce qu’on lui reproche est pour lui une évidence. Et ma foi, quand on y regarde de près…
Perquisitionnant chez lui pour une autre affaire, les gendarmes vont de découverte en surprise. Quelques dizaines de très beaux plants de zamal pétant de santé ; lumières douces ; machines à maintenir un degré hygrométrique adéquat ; matériel de fabrication d’huile de cannabis… Notre homme, il faut le savoir, a une formation solide et des diplômes en horticulture. Faut c’qui faut !
Aux enquêteurs ébahis par son assurance tranquille, il narre sa lamentable histoire… Habitué au zamal à 11 ans, il tombe accro à l’héroïne à 17. Il suit un traitement de substitution à base de méthadone mais l’addiction est trop forte. « Je prends du cannabis, beaucoup de cannabis, pour éviter de prendre l’avion et aller me déchirer à l’héro ailleurs ».
Fort de ses capacités professionnelles (il a aussi un CAP en mécanique industrielle), il a donc monté ce « laboratoire » où il sélectionne les meilleurs graines, obtient les plants les plus beaux.
Le procureur Saunier ne peut s’empêcher « d’admirer cette science de la matière très étendue chez cet homme qui a manifestement pris son activité à cœur » mais refuse le distingo habituel entre drogues douces et dures en constatant, en outre, que les quantités en question vont largement au-delà de la consommation personnelle.
La tâche de Me Lacaille n’allait pas de soi. L’avocate a quand même insisté sur le fait que sans ce zamal, son client serait probablement mort d’overdose quelque part sur la planète: « Sa nécessité est devenue une passion, certes, mais il n’est pas dangereux pour autrui ! ».
Il y a du vrai mais en attendant une prochaine modification législative, la loi est la loi. Dix mois avec sursis, obligation de soins (mais il se soigne déjà), de travailler, et confiscation du « labo ».
Pour ceux qui y croient… pourquoi pas ?