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Le vrai revenu des médecins

Le vrai revenu des médecins : ceux qui galèrent, ceux qui abusent Le bras de fer entre praticiens et gouvernement a remis sur la table la question des dépassements d’honoraires. Enquête sur les disparités du système de soins. Enseignant en Savoie, Gilles n’est pas spécialement près de ses sous. Mais chez le chirurgien consulté pour […]

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 31 décembre 2014 à 09H37

Le vrai revenu des médecins : ceux qui galèrent, ceux qui abusent

Le bras de fer entre praticiens et gouvernement a remis sur la table la question des dépassements d’honoraires. Enquête sur les disparités du système de soins.
Enseignant en Savoie, Gilles n’est pas spécialement près de ses sous. Mais chez le chirurgien consulté pour un cancer de la prostate, il est tombé de haut : « A la fin de l’entretien, il m’a annoncé la couleur : 1.000 euros pour lui, 500 pour l’anesthésiste. En plus du tarif remboursé par l’assurance-maladie. J’étais scotché ! » Nourri au lait de notre bonne vieille sécu, habitué à son généraliste de village au tarif de base, Gilles, interloqué, s’est tourné vers la mutuelle des profs. Mauvaise surprise. La MGEN ne rembourse pas les dépassements d’honoraires. Gilles s’est renseigné. Et il a découvert que plus des trois quarts des chirurgiens en France font partie de ces médecins dits du « secteur 2 », autorisés à fixer librement leurs tarifs. Bien au-delà de 23 euros pour un généraliste et de 28 euros pour un spécialiste.
Accord au forceps sur les dépassements d’honoraires
C’est pour éviter ce type de déboires que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait sommé l’assurance-maladie, les syndicats de praticiens et les mutuelles de trouver un accord sur les dépassements d’honoraires, qui n’ont cessé de croître depuis leur autorisation en 1980. Il a finalement été arraché aux forceps le 23 octobre après plus de vingt et une heures de négociations.
Même si 11% seulement des généralistes et 40% des spécialistes font payer au-dessus du tarif sécu, la note des dépassements est de plus en plus salée : 2,5 milliards d’euros l’an dernier. Et le constat est sans appel : la sécu ne rembourse plus que 55% des soins de ville. […]
Evaluer le rapport qualité-prix
« Tu ne connaîtrais pas un ORL pas cher ? J’ai une mauvaise mutuelle. » La question, désormais, devient récurrente. Les patients commencent sérieusement à éplucher les tarifs de leurs praticiens. 40% d’entre eux n’ont pas de mutuelles ou sont mal remboursés par leur complémentaire, et doivent donc y aller de leur poche en cas d’honoraires libres. Alors, ils font comme chez le coiffeur ou le garagiste : ils évaluent le rapport qualité-prix. « Dix-minutes, la visite chez mon ophtalmo, pendant lesquelles il répond au téléphone à son fils puis à sa femme ! 95 euros ! Est-ce qu’il les vaut ? », s’indigne ainsi un patient.
Le résultat, déplore le Dr Paul Gallet, généraliste à Nîmes, c’est que « 90% des Français nous considèrent comme de richissimes geignards ». Comment en serait-il autrement ? Seulement 10% des Français gagnent plus de 2.800 euros par mois. Or les médecins libéraux, toutes spécialités confondues, disposent d’un revenu moyen net qui avoisine les 9.000 euros mensuel, une fois les charges de leur cabinet déduites. Très précisément 8.117 euros en 2008 selon la Direction de la Recherche, de l’Evaluation et des Statistiques (Drees) du ministère de la Santé. Bien sûr, cette moyenne cache d’immenses disparités. En haut de la pyramide, le quart le mieux payé des anesthésistes affiche, en 2011, 31.247 euros mensuel (soit 22 smic), quand un médecin remplaçant doit se contenter bien plus modestement de 1.504 euros, à peine plus que le salaire minimum. […]
Les conséquences des dépassements d’honoraires sont désormais bien connues : problème de renoncement aux soins – qui touche 15% des Français, essentiellement en dentaire et en optique -, creusement des inégalités face à la santé et difficultés d’accès à un médecin. Dans certaines régions – à Paris, Lyon, en Paca – et même dans certaines villes moyennes comme Mulhouse, Le Havre, Orléans ou Besançon, c’est la croix et la bannière pour trouver un spécialiste de type ORL, gynéco ou pédiatre au tarif sécu.
A Châteauroux, les deux malheureux ophtalmos aux tarifs de base sont totalement submergés. Au point que l’un d’eux, pris d’assaut, donne ses prochains rendez-vous pour le printemps… 2014. L’anecdote est racontée par l’association de consommateurs UFC- Que choisir, qui a établi une carte de la « fracture sanitaire ». 28% des Français ne disposent pas à proximité de chez eux (moins de quarante-cinq minutes) d’un pédiatre au tarif remboursable par la sécu. Le pourcentage monte à 45% pour un ophtalmo et à 54% pour un gynéco.

Une question de considération
Quand ils ont vu leurs confrères spécialistes monter au créneau pour défendre leurs dépassements, nombre de généralistes (qui à 90% respectent les seuils de la sécu) ont vu rouge. Avec une moyenne de 6.572 euros de revenu net en 2011, ils se situent en bas de l’échelle des rémunérations, alors qu’ils représentent plus de la moitié des 122.000 praticiens libéraux. « Ce n’est pas une question de gros sous mais de considération, résume ce généraliste parisien, réputé pour ses longues consultations et son écoute. Avec une consultation à 23 euros, payée moins cher qu’une réparation d’un technicien de Darty, je me sens humilié ».

DOM

 

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