« Les actes sont bien plus dignes de foi que les paroles », résume Michel Vergoz pour expliquer son choix de soutenir Didier Robert aux élections régionales. L’historique membre du Parti Socialiste local justifie sa décision par deux éléments : la décomposition de sa famille politique et les actions du président de Région pour sa commune de Sainte-Rose.
Ce qui a convaincu Michel Vergoz
« En 2017, j’ai vu des gens de ma famille politique « se suicider ». C’est à partir de là que je me suis dit qu’il fallait que je développe mon idée politique de trait d’union. Ce territoire a besoin que nous nous donnions la main. Je suis pour un projet du présent », indique l’ancien leader du PS de La Réunion.
Michel Vergoz a ensuite énoncé la liste des projets de développement qu’il a pu mettre en place sur sa commune grâce au soutien de la collectivité régionale. C’est le cas des routes, de la rénovation du pont de la Rivière de l’Est (cédé à la Région), l’arrivée du Très Haut Débit ou encore le futur Centre d’interprétation du volcanisme littoral. « En tout, c’est 20 millions d’euros qui ont été investis à Sainte-Rose » se réjouit-il.
Ce qui a fait pencher la balance pour l’ancien sénateur, c’est le fait que Didier Robert décide d’intégrer à son programme deux actions qu’il a mises en place dans sa commune. Le président de Région souhaite déployer le chèque-carburant et le programme Quartier en lumière en cas de réélection. « Là, j’ai dit banco », déclare-t- il.
Du côté de Didier Robert, la satisfaction était également présente de pouvoir compter à présent sur le soutien de 12 maires sur 24. « Nous avons posé le principe d’une union des droites et des centres. J’insiste sur le pluriel. Nous voulons rassembler de la manière la plus large possible car notre ambition c’est l’unité réunionnaise. Nous voulons une ligne de cohérence entre le Département et la Région. Nous voulons également une ligne de cohérence des différentes sensibilités. Il y a une vocation naturelle à s’élargir avec les autres sensibilités comme le centre gauche, car il y a une urgence à agir. Cette union s’enrichit d’une ligne supplémentaire », a souligné Didier Robert.
Pour l’homme fort de la pyramide inversée, cette union représente « une petite révolution dans le champ politique. C’est une révolution que je veux apaisée, car il faut apaiser le territoire ».
Un lien né en 2010 puis au Sénat
Cette relation entre Didier Robert et Michel Vergoz trouve ses origines en 2010 lors des élections régionales qui avaient vu la première victoire de l’actuel président de Région. À l’issue du premier tour, les deux hommes étaient qualifiés pour le tour suivant en compagnie de Paul Vergès, le président sortant.
Arrivé en tête avec plus de 30%, le leader de l’Alliance (PCR, Free Dom, MoDem) espérait voir le représentant du PS, et ses 13%, se ranger à ses côtés. Michel Vergoz préféra maintenir sa candidature, offrant à Didier Robert un boulevard pour conquérir la pyramide inversée. Didier Robert arriva en tête avec 45% des suffrages, devant Paul Vergès (35%) et Michel Vergoz (19%). Une « trahison » que Paul Vergès ne pardonna jamais au maire de Sainte-Rose.
Michel Vergoz souligne également que les deux hommes ont pu se rapprocher par la suite lorsqu’ils étaient sénateurs.
Pas de soutien pour les candidats de gauche
Malgré la pluralité des candidats de gauche déclarés pour ces élections régionales, Michel Vergoz n’aura pas caché une certaine animosité envers certains.
Le soutien à Patrick Lebreton aurait pu sembler naturel puisque les deux hommes incarnent la gauche « de la ruralité ». « Patrick Lebreton, li lé pas mauvais, mais ses « à côté » ne sont pas bon comme dit créole. Mais je suis sûr qu’un jour nous nous retrouverons », a-t-il expliqué.
Sur Ericka Bareigts, le discours a été beaucoup moins tendre. « Le système Annette-Bareigts, je l’ai pratiqué pendant 7 ans. Je le connais de l’intérieur. Je ne crois pas que ce soit le chemin à prendre pour mon pays. Ma boussole n’indique pas seulement le nord. Je suis contre les systèmes claniques », lâche-t-il. Et si la maire de Saint-Denis venait à lui reprocher cette alliance, il lui « rappellera celle qu’elle a faite avec Nassimah Dindar ».
Pour enfoncer un peu plus le clou, Michel Vergoz rappelle qu’Erika Bareigts était 4e sur sa liste en 2010 et, de ce fait, a participé à la stratégie pour faire tomber Paul Vergès au profit de Didier Robert. « Les opinions sont libres, mais les faits sont sacrés », conclut-il.