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Le temps des mutations, quand mutation rime avec pions

Novembre est arrivé, c’est le moment tant attendu des jeunes, des moins jeunes professeurs, pour enfin demander l’académie de leur choix. Académie dans laquelle ce professeur enseignera avec passion le métier qu’il a choisi. Néo-titulaire, nous avons bien compris que le concours est national et qu’il aura fallu, par conséquent, quitter notre petite zone de […]

Ecrit par Un professeur en pleine mutation – le mardi 24 novembre 2015 à 08H27

Novembre est arrivé, c’est le moment tant attendu des jeunes, des moins jeunes professeurs, pour enfin demander l’académie de leur choix. Académie dans laquelle ce professeur enseignera avec passion le métier qu’il a choisi. Néo-titulaire, nous avons bien compris que le concours est national et qu’il aura fallu, par conséquent, quitter notre petite zone de confort (à part quelques- privilégiés) pour découvrir d’autres horizons de notre Grande Nation. (101 départements et les territoires de la République Française). Ce petit voyage au bout du monde (10 000 km en ce qui nous concerne) nous a donné envie de voir ailleurs, si les appartements se transforment en maison, le balcon en jardin, si les REP + (Réseau d’éducation prioritaire) sont devenues des ZEP+ (Zone en paix), si les tensions sont moins fortes… que dans notre petit coin de Versailles.

Après tout le concours est national, certaines académies sont déficitaires, nous pouvons donc enseigner où nous voulons!
Je m’empresse donc de récupérer les documents nécessaires à ma réflexion (Réflexion de toute une vie : où voudrais-je vivre ? où voudrais-je élever mon fils à qui j’ai déjà enlevé, pour mon métier, sa première famille et terre natale ?). C’est une décision qui ne se fait pas à la légère ! Nous avons la chance d’exercer un métier qui nous passionne, auprès d’un public qui nous anime… Nous avons aussi une famille, des attachements…que nous déracinons. Aujourd’hui, j’ai quitté ma famille, mes amis, pour réaliser ce grand rêve que de participer à l’éducation de nos futurs citoyens (déjà laissés pour compte en Lycée Professionnel). Et je suis heureuse de faire partie de cette grande famille qui m’écoute, me comprend, m’épaule et me protège.

Je regarde donc ces documents qui datent de l’année dernière. Bien évidemment nous n’avons pas les chiffres de l’année en cours, puisque ceux-ci seront édités lors des affectations qui ont lieu en mars. J’éclaire juste ce manque de transparence de mon si beau système :

Chaque année, nous avons les chiffres de l’année précédente. Le dernier entrant dans une académie laisse derrière lui son nombre de points qui devient la barre d’entrée de référence de l’académie. D’une académie à l’autre, d’une année à l’autre, je comprends bien que ce barème peut être différent, je peux donc passer à côté d’une opportunité en pensant ne pas avoir le nombre de points suffisant en référence à l’année précédente et en réalité me rendre compte en mars que j’aurai pu obtenir mon académie. Il fallait jouer ma chère, les gagnants ont joué au moins une fois !

Tant pis, ce n’est là qu’une petite faille du système, Je prépare donc ma carrière à l’aveugle.

J’ai droit à 30 vœux, normal 30 académies !

Tiens il me faut des points ! Alors c’est parti on sort la calculette ou plutôt on va sur des sites pour voir, pour chaque académie, quels sont les points qui nous sont grassement accordés. (Enfants, tant pis pour celles qui ne peuvent pas en avoir…, ancienneté… et c’est à peu près tout)

Sur les différents sites, je n’ai pas les mêmes nombres de points… Retenons alors les points les plus bas (ne sait-on jamais) : 121 points… pour mes services…

J’ai donc le choix entre plusieurs académies : Versailles (J’y suis), Créteil, Amiens, et à la limite Dijon.

Bon, je parcours ces grandes académies, et j’opte alors pour faire ma vie à Dijon ! Après tout Dijon (171,2 points) et la Réunion (1638,2 points), ça finit par « on » et il y a le « ,2 » qui change tout !

Par précaution (car je me suis faite avoir l’année dernière), je regarde les académies d’extension de Dijon (ne sait-on jamais, pour les DOM ces académies sont d’office Versailles, Paris Créteil, il faut avouer que c’est géographiquement tellement proche de chez nous !)
L’extension de Dijon c’est Besançon ! Ah c’est pas mal ! Besançon : 1012,2 points… euh excusez-moi, je n’ai pas assez de points pour demander directement Besançon mais je pourrais m’y retrouver en extension de Dijon ???? Oula la mais c’est magique ça ! Bon si je n’ai pas Dijon, je n’ai pas Besançon de fait, il me reste Reims : 292,3 points (en extension), euh non plus (je n’ai pas les points), Lyon 410 points, ah à quelques centaines de points près… tant pis on continue la liste, Créteil : 21 points ! Ah bin voilà je vais quitter Versailles pour Créteil l’année prochaine !

Il doit y avoir une erreur (après tout ça arrive même à l’Education Nationale), je regarde pour une autre académie : Rennes (j’aimerais bien y aller, j’ai des amis, de la famille là-bas) : 568,2 points, extension Nantes : 500,2… Caen : 1091,2 ah oui quand même ! Versailles : 21… euh bin j’y suis j’y reste !

Après tout en regardant ces documents, j’en avais presque oublié que j’ai un conjoint qui a déjà tout quitté pour me suivre, qui reste transparent pour cette grande nation. Mais il est évident que ce qui compte c’est d’être ensemble, moi épanouie dans mon métier et lui à Pôle Emploi.

Excusez-moi ce système ne serait-il pas un tantinet pervers ? Ne m’avait-on pas parlé du caractère national du concours ? Ah pardon je n’ai pas dû écouter en cours d’histoire/ géographie (après tout je ne suis que PLP), la France, cette Grande Nation c’est Paris, Créteil et Versailles.

Ah je suis tellement heureuse de pouvoir choisir tous les ans, l’endroit où je veux à la fois élever mes enfants, où mon conjoint et moi-même exerçons le métier de nos rêves dans des domaines si importants pour notre France.

Le caractère national de ce concours est une réelle opportunité pour nous, jeunes enseignants encore plein d’entrain et petits « vieux » proche de la retraite! C’est la mobilité assurée, la vie de château de Versailles à faire les magasins à Créteil au soleil.

Vous êtes voyageurs dans l’âme, choisissez l’Education Nationale.

 

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