La Cour des Comptes a rendu un rapport qui montre les manquements de l’Académie de La Réunion et des autres rectorats ultra-marins. L’institution pointe du doigt le dispositif d’éducation prioritaire, et un manque d’adaptation du dispositif d’éducation prioritaire.
En 6e, un marmaille sur 3 a du mal à lire
La Cour des Comptes met en exergue un niveau bas en Français à La Réunion : « Si, en moyenne nationale, 13,3 % des élèves qui entrent en 6ème ont une maîtrise insuffisante ou fragile du français (16 % pour l’académie métropolitaine la moins bien classée, celle d’Amiens), ils sont 21,5 % à La Réunion. »
La situation est encore plus dramatique pour ce qui est des difficultés de lecture « 17 % pour le département métropolitain le moins bien classé, l’Aisne, alors que ce taux est de 27,2 % pour La Réunion. »
La Cour des Comptes s’interroge ensuite sur la différence entre ces mauvais résultats lors des évaluations de niveau comparé aux taux d’accès et de réussite aux examens (Brevet, Bac) qui sont quasiment équivalents à la métropole.
L’Education prioritaire, un dispositif pas adapté
« L’éducation prioritaire, qui est massivement utilisée, ne semble plus l’outil approprié : outre les limites inhérentes à ce dispositif (déjà relevées par la Cour dans son évaluation de politique publique), la délimitation du périmètre et l’intensité de l’effort dans les Antilles et à La Réunion semblent davantage un produit de l’histoire qu’une adaptation réaliste au contexte. »
La Cour des Comptes explique alors qu’une gestion plus locale est nécessaire: « (À) La Réunion, (…) une gestion rectorale plus vigoureuse est attendue. »
La question de la surrémunération
La Cour des Comptes évoque la question des rémunérations et déplore que les plus grandes bonifications concernent La Réunion alors que notre île est aussi le département le plus attractif.
« Le ministère n’apporte à ce dispositif que quelques aménagements de faible portée qui ont pour effet paradoxal que les enseignants les mieux rémunérés sont ceux de l’académie ultramarine qui jouit spontanément de la plus forte attractivité (La Réunion). »
D’ailleurs, la Cour des Comptes explique que le coût du système scolaire dans les Outre-Mer est plus élevé de 30% comparé à la moyenne nationale mais « cette différence s’explique principalement par les sur-rémunérations versées aux agents titulaires affectés en outre-mer« .
« Productivité faible » des rectorats
C’est aussi un manque d’efficacité de l’administration et la gestion des ressources qui est déploré par la Cour des Comptes : Les académies de Guadeloupe, de Martinique et de La Réunion ont quelques recommandations ciblées: « L’administration centrale laisse se constituer des « surconsommations » d’emplois administratifs aux Antilles et à La Réunion, tandis que la productivité des services rectoraux, mesurée par les indicateurs du ministère, est faible. »
Les recommandations de la Cour des Comptes
– Identifier et objectiver les causes des écarts importants pour les académies ultramarines entre résultats aux diplômes nationaux et résultats aux évaluations de niveau.
– Adapter le dispositif d’éducation prioritaire aux réalités locales, voire y substituer un dispositif spécifique pour les académies ultramarines ou certaines d’entre elles (Guyane et Mayotte).
– Mesurer le nombre de jours d’enseignement effectivement perdus en cours d’année dans les académies ultramarines et le comparer à la moyenne métropolitaine
– Accroître l’effort de formation continue par des plans de formation des enseignants adaptés aux besoins, tenant compte des contraintes locales notamment d’éloignement et de transport
– Conduire une politique plus active du remplacement, en généralisant l’usage de l’application nationale destinée à la gestion des remplacements ARIA dans le premier degré, en encourageant le recours par les établissements du second degré à des formes de remplacement autres que le face-à-face pédagogique