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Le requin, ce prédateur si redouté

Depuis 400 millions d’années, les squales ont traversé toutes les crises d’extinction sans perdre leur place au sommet de la chaîne alimentaire. Par notre faute et pour la première fois, ils sont en grand danger. Nous devons changer le regard que nous avons sur eux et oublier cet héritage d’incompréhension et de préjugés. Contrairement à […]

Ecrit par Dr Bruno Bourgeon, président d'AID – le lundi 20 avril 2015 à 10H04

Depuis 400 millions d’années, les squales ont traversé toutes les crises d’extinction sans perdre leur place au sommet de la chaîne alimentaire. Par notre faute et pour la première fois, ils sont en grand danger. Nous devons changer le regard que nous avons sur eux et oublier cet héritage d’incompréhension et de préjugés.

Contrairement à l’image que la plupart des gens ont sur les requins, plus de 80% de ces espèces ne dépassent pas 1,60 mètre et ne sont pas dangereux. Dès qu’un spécimen atteint 2 mètres, il peut y avoir un risque potentiel si l’on ne suit pas un minimum de précautions.

Sur 500 espèces, 6 représentent un risque réel pour l’homme, du fait de leur taille et de leurs habitudes alimentaires : le grand blanc, le requin tigre, le requin bouledogue, le requin taureau et dans une moindre mesure, le requin taupe bleu et le requin à pointes blanches océanique. Ce risque est minime si l’on adopte les bons comportements : la mer, c’est chez eux et pas chez nous !

Or l’homme ne supporte pas, peut-être plus en mer qu’ailleurs, de n’être qu’un animal faisant partie d’un écosystème soumis à la domination des requins. Il ressent le besoin d’imposer sa suprématie à l’ensemble du règne animal, ainsi qu’à l’ensemble de la planète. Si un spot de surf se trouve sur leur territoire, il est probable qu’il y aura confrontation et que les requins nous prendront pour proie. C’est donc à nous aussi de mettre des limites à notre besoin de liberté et de recherche perpétuelle d’espace sauvage supplémentaire.

Les requins sont la clé dans l’équilibre des écosystèmes. Ces supers prédateurs sont à la tête de la pyramide alimentaire et régulent nos océans en prélevant les individus les plus faibles, blessés ou malades. Ils sont considérés comme les parfaits nettoyeur des mers.

Nous devons donc profondément changer la façon dont nous les considérons, afin de trouver des moyens de protéger nos océans. Aujourd’hui, seul 1,6% de notre planète est protégée (réserve marine), ce chiffre est bas et insuffisant. L’objectif prioritaire de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) est d’atteindre les 10% d’ici 2020, mais la tâche se révèle plus difficile que prévue.

Les causes de leur disparition ? D’abord le commerce de produits provenant du requin (dont la barbarie que l’on appelle « FINNING » consiste à découper leurs ailerons avant de rejeter les corps à la mer, encore vivants, voués à l’immobilité et une lente asphyxie !) ; les effets secondaires de la surpêche ; la dégradation des milieux côtiers ; la pollution ; le fait que le requin a une maturité sexuelle tardive (certaines espèces ne sont matures qu’à partir de 15 ans…), ils ne se reproduisent que tous les deux ans et ont une longue gestation.

Si nous nous référons à la FAO (Food and Agriculture Organisation), c’est plus de 1450000 t de requins qui sont péchées chaque année, soit plus de 100 millions de requins tués, dont environ 75 millions uniquement pour leurs ailerons destinés à la fameuse soupe. Voici déjà quelques idées que nous pourrions faire : laisser de côté les préjugés, apprendre à les connaître, être attentif au contenu de notre caddie pour éviter de consommer des animaux en danger, préférer les poissons labellisés « pêche durable » qui portent la marque de la MSC (certificat de pêcherie respectant les milieux marins ainsi que les populations), éviter de consommer du « Veau de mer » (qui est du squalane quand l’origine n’est pas précisée).

La mer est grande, mais épuisée à cause de nos moyens technologiques d’exploitation toujours plus évolués. La pêche couvre toutes les mers du globe jusque dans les profondeurs et détruit sur son passage l’espace marin. Il est donc primordial et urgent de créer des aires marines protégées, tant qu’il y à encore quelques choses à protéger. Et si l’on ne devait retenir qu’une chose sur les requins, souvenons-nous qu’ils sont là depuis très longtemps, exceptionnels et fascinants… Ils méritent compréhension, respect et protection.

Dr Bruno Bourgeon, président de AID

 

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