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Le projet d’immersion de la Jeanne d’Arc repris par la Fédération nationale de plongée

Le projet d'immersion volontaire de ce qu'il reste du navire école militaire la Jeanne d'Arc a connu ses dernières semaines un tournant peut-être décisif. Même si le projet est encore loin d'aboutir, le fait qu'il soit aujourd'hui pris en main par la Fédération française de plongée et des sports sous-marins conforte l'initiateur dans son idée.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 30 novembre 2011 à 18H14

 

Faire couler le navire la Jeanne d’Arc dans la baie de Saint-Paul. Un rêve imaginé par les membres de l’association Nautilus. Parmi ses membres, Guy Marcoz sait vendre un projet qu’il avait tout d’abord porté sur le navire le Clémenceau. Si l’occasion avait été ratée pour ce dernier, c’est le navire bien connu des Réunionnais, la Jeanne d’Arc, qui est depuis deux ans la cible des amateurs de la mer et de son histoire.

De passage à la Réunion la semaine dernière, le président de la Fédération française de plongée, Jean-Louis Blanchard, confiait à Zinfos que le sujet a été évoqué au plus haut, pas plus tard que le mois dernier. « Lors du dernier conseil fédéral de la mi-octobre, le projet a été soumis à discussion à nos membres », explique-t-il. Après en avoir informé toutes les composantes de la fédération, profitant de son passage dans l’île, Jean-Louis Blanchard y a rencontré Marie-André Lacroix Faveur, conseillère régionale en charge des sports.

De cette réunion en compagnie du représentant local Georges Masanelli, président du comité régional de la Fédération française d’études et de sports sous-marins, ressort la promesse de l’étude d’un projet qui doit être formalisé par écrit. « Pour que le projet suive son cours et puisse être étudié par les services de la Région, j’ai demandé au comité régional de me faire parvenir un dossier y comportant le planning et le budget prévisionnel d’une telle opération. Il s’agit pour nous de savoir quel est l’intérêt pour la Réunion de soutenir ce projet ou pas », conclut la conseillère régionale.  

Un navire emblème de la France

L’intérêt de l’immersion de la Jeanne en baie de Saint-Paul ? Il ne fait pas de doute pour Guy Marcoz: « La Jeanne d’Arc c’est une mise en lumière incroyable. Le navire a fait escale dans 200 ports de 78 états différents. La Jeanne d’Arc était l’ambassadrice de la France. Des personnalités comme le Prince Albert de Monaco ont servi sur ce navire. Il s’agit de faire d’un événement triste, le démantèlement du navire, un élément positif ». Guy Marcoz pense en effet aux retombées touristiques d’une telle immersion.

 

Même si en tant que plongeur averti, un tel projet ne peut le laisser insensible, Jean-Louis Blanchard parle d’un projet « extrêmement ambitieux et complexe. Qu’on se le dise, à un tel niveau, ça se joue, en dernier ressort, sur le bureau du ministre ».

Son expérience à la tête de la fédération française de plongée lui donne une vision internationale des sites ayant accueilli de tels bâtiments. « A Malte, pourtant c’est l’Europe, les choses semblent déjà moins compliqués. Là-bas, on n’hésite pas à couler les anciens navires, les petits cargos. Les exemples sont nombreux. Il y a une grande facilité administrative », précise-t-il. Ce qui revient à dire que ce n’est pas le cas en France. Le principe de précaution arrive en effet souvent à désarmer les plus téméraires porteurs de projets.

Guy Marcoz revient à la charge. Même au sommet du navire immergé, il resterait largement la place pour qu’un navire ne vienne pas le percuter malgré les 181 mètres de long et 24 mètres de large du navire. Après immersion, c’est encore 40 mètres de tirant d’eau qui seront disponibles.

Une dépollution qui ne fait pas l’unanimité

Ce premier risque écarté, un autre revient dans le discours de tous ses contradicteurs : la pollution. « Les techniques de dépollution, de l’amiante et de tout autre composé sont connues », se défend-il. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la mise en pièce du Clémenceau, il y a quelques années en Inde dans des conditions que l’on connait, avait donné lieu à un certain émoi. Cet épisode avait dû contraindre le ministère de a Défense à réviser ses plans. Désormais, tout bâtiment de guerre français doit être dépollué en France, voire en Europe. Aux dernières nouvelles, la Jeanne d’Arc attendrait son sort sur les cales de Brest après avoir été désarmé à Toulon.

« Ce projet ne concerne pas que les plongeurs, tous les Réunionnais sont concernés », insiste Guy Marcoz, qui fait allusion à une autre idée qui germe lentement : celle de la création d’un musée de l’histoire maritime de la Réunion. A charge pour ce futur musée de proposer un contenu inédit dans l’île. Retracer sur des cartes murales géantes les trajets des flux migratoires successifs en provenance de tous les horizons depuis le XVIème siècle, ainsi que le lieu des très nombreux naufrages consécutifs aux tempêtes ou aux batailles navales dans tout l’espace Sud-Ouest de l’océan Indien jusqu’à Madagascar. « Une importante quantité de maquettes de navires, prêtées, entre autres, par les différents musées de France… d’Europe… et d’ailleurs… ayant permis le transport des populations, des marchandises et leur protection jusqu’à ce jour, y serait exposée », s’enthousiasme-t-il.

« Ils sont générateurs de vie »

« Une telle épave, d’un bateau connu de tout le monde, c’est la garantie d’une fréquentation démultipliée », admet le président de la fédération française de plongée. Si un seul exemple connu dans les DOM est celui du Gustavia en Guadeloupe (1992), la Réunion ne manque pas d’exemples. Certes ils ne sont pas du prestige de la Jeanne D’Arc. Notons les cas les plus emblématiques et aussi les plus visités des plongeurs. Celui du Hai-Tsian, coulé il y a 15 ans par 50 mètres de profondeur au large de Cap Homard. « Le mât a fini par tomber », raconte Georges Masanelli. Le Navarra, au large de Saint-Gilles, toujours par 50 mètres de fonds. Le cas aussi du Sea Venture qui a coulé tout seul, chargé de bois qu’il était. Il dort désormais pas très loin de la ferme aquacole en baie de Saint-Paul. Enfin, le Antonio Lorenzo, coulé il y a 7 ans à la Pointe des Châteaux à Saint-Leu.  

Préfigurant de ce qui pourrait se passer pour la Jeanne d’Arc, Georges Masanelli confirme qu’à peine deux ou trois ans après leur immersion, ces bateaux ont très vite été peuplés: « Ils sont incroyablement poissonneux. Ils sont générateurs de vie. Ainsi, on crée des îlots de vie extraordinaire ». Avant de regagner la métropole, Jean-Louis Blanchard envisageait déjà ce qui pourrait se passer dans quelques mois. « Une étude d’impact doit être réalisée. La réglementation française est complexe, dit-il comme pour mettre toutes les armes du projet de son côté. Le propriétaire légal reste la marine nationale. Il faudra donc agir directement avec le ministre ». Puis viennent l’évocation des frais de transports du bateau « fantôme » à la Réunion ou encore son pétardage pour le couler en différentes portions. « On en vient au nerf de la guerre : le coût », reconnaît Jean-Louis Blanchard. « Une fédération seule n’a pas les moyens de porter un tel projet. C’est vrai qu’on a un gros réseau qui est celui d’une fédération mais il y aura, si le projet se poursuit, la nécessaire implication d’investisseurs privés », conclut-il. 

La plongée, en France, c’est 230.000 fichiers de personnes appartenant à près de 2.500 clubs. A la Réunion, 2.380 passionnés sortent en mer avec 22 structures associatives ou 26 autres clubs professionnels.

 

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