Le 18 août 2021, Linda appelle les gendarmes, car Brian vient de lui mettre des claques avant de l’étrangler. Le tout devant les enfants. La mère a dû prendre leur fils de 3 ans dans les bras en protection. Il a pris la poudre d’escampette et les forces de l’ordre ne parviennent pas à le retrouver. Linda reçoit donc un téléphone grave danger (TGV) au cas où il reviendrait dans les parages.
Le 28 janvier dernier, le TGV est activé et les forces de l’ordre arrivent en urgence. Linda leur explique qu’il est revenu la menacer et qu’il est actuellement chez sa mère. Le RAID est appelé en renfort et Brian est interpellé.
Une situation plus complexe que prévu
Lors des auditions, les choses ne paraissent pas aussi simples. S’il y a bien eu une dispute avec un risque de débordements, Brian n’était pas là au départ pour l’agresser. En fait, il était revenu récupérer ses affaires, car il avait une nouvelle copine enceinte de lui. Cela faisait plusieurs mois qu’ils s’étaient plus ou moins remis ensemble.
À la barre du tribunal, le prévenu reconnaît les faits à l’exception de l’étranglement. Il dit assumer et se dit prêt à purger la peine qui lui sera donnée. Il compte ensuite quitter La Réunion avec sa nouvelle compagne.
Les magistrats se trouvent dans un premier embêté par ce dossier et la position « ambivalente » de la plaignante. Mais lorsque la procureure lui pose la question des répercussions sur son fils qui a assisté la scène, Brian va complètement vriller.
« On ne me prend pas pour un con »
« Mon fils a vu pire ! Ce qui se passe à la maison doit rester à la maison. Moi j’ai des règles et il ne faut pas franchir la limite. Je préviens une ou deux fois et ensuite ça part. On ne me prend pas pour un con. J’ai pas confiance dans la justice humaine, seulement dans celle de Dieu », lâche-t-il dans un élan de colère. Des propos qui vont choquer jusqu’à son avocate, Me Delphine Savigny. « Si vous vous exprimez mal, on va vous infliger une mauvaise peine », le met-elle en garde.
La tâche devient par contre plus simple pour l’avocat de la victime, Me Frédéric Hoarau, qui n’a jamais pu avoir de contact avec elle. « Il s’est séparé d’elle, mais la considère comme sa propriété. Il estime que c’est une mauvaise mère », souligne-t-il avant d’ajouter que « la justice divine, c’est l’amour de son prochain ».
Le ministère public va également lui rappeler que « ce qui passe à la maison concerne aussi la société. Il est évident qu’il a un problème avec la violence. On espère que tout homme peut changer, mais pour cela il faut qu’il y ait une prise de conscience ». La parquetière estime que la victime est sous emprise doit être protégée, notamment d’elle-même. C’est pourquoi elle requiert une peine de 24 mois de prison, dont six avec sursis et l’interdiction d’entrer en contact avec la victime et ses enfants.
Pour Me Savigny, qui n’a pu s’entretenir avec son client que quelques minutes avant l’audience, ce dernier a compris qu’il « devait s’éloigner de cette relation toxique en partant en métropole. Il a un problème avec la violence, mais la prison est une spirale où il est pris en faisant des aller-retour. Il dit qu’il veut assumer et il va la faire ». Elle demande donc de baisser la peine et de ne pas l’interdire de voir ses enfants.
Après délibération, le tribunal va le condamner à 18 mois de prison ferme, car « il n’est pas judicieux d’aménager la peine en raison de [son] état d’esprit ».