Après avoir rencontré les éleveurs samedi, le représentant de l’État s’est rendu ce matin à Saint-Pierre dans l’exploitation de Cindy Brossard. En plus de vouloir représenter la féminisation du secteur, l’agricultrice incarne l’évolution des cultures prioritaires locales dans l’optique de la souveraineté alimentaire.
L’exploitante agricole possède 7500 m2 de terres où elle cultive des tomates, des courgettes, des poivrons et des melons. Après avoir fait pousser des ananas, elle laisse à présent la terre se reposer et réfléchit à la suite. « On va faire une rotation de cultures. On va mettre en place différentes cultures comme la bringelle, la betterave ou les haricots pour régénérer un peu le sol. »
Si une partie de la culture se fait en plein champ, l’essentiel est produit sous serre. Cela permet d’avoir à moins utiliser de produits phytosanitaires tout en contrôlant chaque étape jusqu’à la cueillette. Après 8 mois de pousse, elle obtient 1,5 t de tomates par semaine. Néanmoins, si le coût de cette production est réduit sur certains produits, la multiplication par trois du prix des intrants pénalise fortement son rendement, comme tous les agriculteurs.
L’exploitante agricole a profité de la présence du préfet pour lui faire part d’autres difficultés rencontrées par les agriculteurs locaux. Comme la logistique pour transporter la production, obligeant à devoir négocier à la baisse avec les intermédiaires, mais également la complexité à trouver de la main-d’œuvre.
Néanmoins, malgré ces tracas, l’agriculture péi dispose de plusieurs atouts. C’est d’ailleurs sur sa propre exploitation que le président de la Chambre d’agriculture a présenté ses différents « ateliers ». « Aujourd’hui, on est à un tournant, on le voit avec les guerres et le commerce, où le riz va bientôt manquer. Mais on a une telle richesse de productions à La Réunion. On a des fruits à pains, des avocats. Si on veut arriver à la souveraineté, ce n’est pas avec des légumes importés, c’est avec des légumes qui peuvent pousser. Ce sont nos légumes à nous depuis toujours. »
Pour le président de la Chambre verte, revenir aux légumes lontan ne s’oppose pas au progrès. « On a tout pour évoluer. On a deux centres de recherche sur l’agroalimentaire. On a le Cirad, on a l’Armeflhor, on a également tous ces lycées qui font de la recherche agroalimentaire et qui sont prêts à accompagner les agriculteurs et l’agriculture réunionnaise pour aller vers cette résilience » ajoute-t-il.
En plus de proposer d’autres cultures maraîchères afin de développer les revenus des agriculteurs, les plantes médicinales offrent également de bonnes perspectives d’avenir. « On a une richesse potentielle unique à La Réunion. Il y a 22 plantes inscrites à la pharmacopée française. Donc, à nous de les produire et de les vendre à l’extérieur », souligne Frédéric Vienne.
« Je vois des agriculteurs très courageux, qui s’efforcent de diversifier leurs productions, de s’adapter, de valoriser les produits lontan pour les retrouver. Ils veulent construire une agriculture respectueuse des paysages, qui est aussi économe en intrants chimiques et qui essaie de nourrir la population. Avec la crise sanitaire, on a pris conscience à La Réunion qu’on avait une grande richesse pour nourrir la population puisque les produits ne venaient pas d’ailleurs, et il faut continuer comme cela, car nous avons la capacité d’assurer une souveraineté alimentaire », a déclaré le préfet à l’issue de cette visite.