« Un profil pas très reluisant ». C’est comme ça que Me Laurent Payen a décrit son client ce mardi devant la chambre de l’instruction. L’homme de 35 ans a vu sa détention provisoire prolongée – dans l’attente de son procès – et a décidé de faire appel de cette décision. Il affirme vouloir sortir pour s’occuper de ses enfants et travailler pour son frère. Mais les faits relatés par la présidente d’audience et l’avocate générale font froid dans le dos.
Le 29 octobre dernier, l’individu est interpellé à la Saline. Il s’était rendu sur place pour y rencontrer « Léa », une fille de 13 ans rencontrée sur les réseaux sociaux, dans l’espoir d’une fellation. Dans sa voiture : une clé USB, un préservatif, un couteau mais aussi sa petite de deux ans attachée à l’arrière. Sa concubine est enceinte, lui se dit « frustré sexuellement » et à la recherche de filles ou garçons. Cette fois-ci, heureusement, « Léa » était fictive ; un personnage créé par une association belge qui a pour objectif d’attirer les pédophiles avec de faux comptes. Depuis avril, « Léa » recevait des photos pornographiques et même de la zoophilie de la part de l’individu. Il se vantait dans cette conversation d’avoir eu des relations sexuelles avec des filles de « 13 ans maximum ».
Une défense qui tient la route
Si le prévenu est peu convainquant lorsqu’il marmonne « Je regrette, c’est pas bien », son avocat l’est davantage. « Ce n’est pas parce que c’est dans l’air du temps et la mode actuelle que l’on peut faire n’importe quoi avec la loi », déclare Me Payen. Son client est poursuivi pour propositions sexuelles envers un mineur ou une personne se présentant en tant que tel ainsi que de corruption de mineur. Pour la première infraction dont la peine maximale est de deux ans, le mandat de dépôt ne pourrait pas être renouvelé. En d’autres termes, sa détention ne peut pas être prolongée.
Concernant la deuxième infraction, la peine maximale étant de cinq ans, le mandat de dépôt est renouvelable. « Mais il n’y a corruption que lorsqu’une vraie personne mineure est impliquée et dans ce cas, « Léa » n’est qu’un leurre virtuel », explique l’avocat. Il ajoute qu’un des arguments pour la détention provisoire était la nécessité d’une expertise psychiatrique urgente : « Expertise qui n’a eu lieu qu’il y a trois semaines ».
Il reste néanmoins en détention en attendant son procès ; décision de la chambre de l’instruction. L’avocate générale le rappelait : une même affaire avait été jugée par le tribunal correctionnel de Saint-Pierre et le prévenu avait été condamné. « C’est un prédateur à la recherche de jeunes gamines, affirme-t-elle, il s’agissait d’une fellation avec une fille de 13 ans et plus si affinités, comme il l’a dit, alors que son bébé était dans la voiture. Il se vante, est capable de pressions sur les victimes et n’ayant pas davantage de relations avec sa femme, il y a un risque de réitération ».