« Nou ve la tèr pou planter », « après le PLU ya plus »… c’est au son des marmites, casseroles et maloya qu’une dizaine de personnes ont défilé lundi matin entre le rond-point Manapany et la mairie de St-Joseph pour dénoncer le nouveau Plan local d’urbanisme de la ville. En tête du cortège, Ibrahim Moullan, président d’ACDIR.
Le jeune homme syndiqué aux Jeunes Agriculteurs, chef d’entreprise, est directement impacté par les nouvelles orientations réglementaires en matière d’aménagement du territoire. Ses terres agricoles finalement acquises à Jacques Payet, après des années à chercher sans succès malgré des demandes répétées auprès de la SAFER, ont été classées en espace boisé classé. Sur les 28 hectares achetés aux enchères, il ne lui reste donc plus de 4 hectares pour installer son projet d’élevage bovin et volaille qu’il souhaite hors coopérative. Un projet qui avait pourtant séduit la municipalité qui dans un courrier datant de mars 2018 lui avait assuré « que la Ville de Saint-Joseph accorderait un accueil bienveillant à votre projet créateur d’activités et d’emplois ».
Le vent aurait-il tourné pour Ibrahim Moullan? Le classement en espace boisé classé de ses terres s’est décidé sur la base d’une étude de la SAFER de 2011. Une réunion s’est tenue hier après-midi en mairie de St-Joseph. La mairie lui a réaffirmé son intérêt pour le projet, mais demande au jeune agriculteur de faire preuve de patience. « Nous ne sommes pas fermés à une modification du PLU. Quelques agriculteurs sont également touchés par ce classement. Une étude complémentaire a été lancée », indique Harry Morel, délégué au service urbanisme. En attendant une modification du PLU qui pourrait prendre au moins une année, lui a été proposé de commencer son activité sur les 4 hectares. « Impossible », a répondu Ibrahim Moullan qui envisage d’entamer une grève de la faim devant la mairie de Saint-Joseph.
« Pourquoi en est-on arrivé là? Pourquoi me tuer dans l’oeuf ? », s’interroge le jeune agriculteur qui s’est endetté pour devenir propriétaire de ses terres. Ibrahim Moullan est aussi une jeune chef d’entreprise et développe le recyclage des déchets des cantines en aliment pour volailles et porcins. Un projet innovant dans une approche éco-responsable, en dehors du circuit Urcoopa, géant de la nutrition animale à La Réunion.
Entouré des membres des Gilets jaunes des Azalées, de St-Pierre, du Port et de St-Joseph, des Révoltés du 974 ainsi que l’UFR, Ibrahim Moullan a également souhaité dénoncer « tout un système » fait de « piston » et de « privilèges ». « Des forces économiques ont pris place dans les collectivités et dans le comité technique départemental de la SAFER en charge des opérations foncières ».