Patrick Serveaux, président de l’UMIH et membre du comité national de la filière tourisme au titre des outre-mer :
« Nous attendons avec impatience cette rencontre avec M.Lecornu. Les entreprises du secteur touristique traversent une période difficile après deux ou trois décennies de structuration. Nous souhaitons que le ministre nous aide à passer cette crise grâce au maintien des dispositifs de chômage partiel mais aussi d’exonération des charges sociales et patronales.
Il faut nous donner les moyens de relancer la destination. Mais aujourd’hui, avec le risque sanitaire encore présent, nous avons une marge de manoeuvre limitée. Il ne sert à rien de relancer la destination Réunion tout de suite car il y a encore de nombreuses incertitudes sur la sortie de crise. Par contre, une fois que la situation sera stabilisée et que nous verrons plus clair passé cette crise du covid, il faudra nous aider à repartir grâce à une campagne de communication de l’État, via « Atout France » (NDLR: l’organe chargé de la communication de la destination France). Il y a eu une campagne cet été mais qui n’a bénéficié qu’au territoire hexagonal. Il faudrait faire une campagne spécifique pour La Réunion.
Deuxièmement chose, nous demandons au ministre la mise en place pour notre destination de packages attractifs avec des prix attractifs pour pouvoir rivaliser avec les destinations lointaines comme la République dominicaine ou d’autres régions françaises. Il faut savoir que même la destination Réunion est moins concurrentielle qu’aux Antilles.
Si on veut aller plus loin, il faut y aller ensemble. D’ailleurs je suis satisfait de voir qu’il y a une volonté des autres ultramarins de travailler ensemble: on ne peut pas faire uniquement faire les choses dans notre coin à La Réunion, il faut avoir le réflexe outremer. »
Stéphane Fouassin, président de l’IRT:
« Nous attendons du ministre qu’il soit réceptif sur la situation des agences de voyages et des loueurs de voitures, en très grande difficulté car il n’y a quasiment pas de touristes extérieurs. Il serait intéressant que l’Etat s’engage sur un certain nombre de packs comprenant le billet d’avion et le séjour. Il nous en faudrait environ 20.000, à 500/600 euros le pack, pour nous aider à faire venir du monde et attirer les clients. Certains pays le font pour aider leurs filières touristiques à surmonter cette crise, il serait intéressant que la France hexagonale nous aide sur ce point. Bien sûr, nous demandons dans le même temps que les touristes soient encadrés avec des tests au départ et à l’arrivée mais aussi qu’on puisse retracer leurs déplacement au travers d’un logiciel de traçage covid. »
Azzedine Bouali, président de la Fédération réunionnaise du tourisme (FRT):
« Il faut reconnaître qu’au moment de la crise, les mesures d’aide du gouvernement furent exceptionnelles à plus d’un titre. Mais il faut maintenant voir et aller plus loin, car le plan de relance se termine le 31 décembre prochain. Il y a également une autre réalité du terrain à saisir, à savoir le soutien de nos structures hôtelières. La très grande majorité de nos établissements sont de petites structures composées d’un indépendant avec un ou deux salariés au maximum.
Il faut leur apporter un soutien beaucoup plus poussé. En dehors de ça, il faut continuer à accompagner la population réunionnaise sur son pouvoir d’achat comme nous l’avons vu avec le dispositif régional « Local Lé Vital ». Faire en sorte que cette consommation locale ne se perde pas, car le risque de perte d’emplois dans ces petites structures est réel.
Depuis la crise du covid, il y a eu la mise en place d’une cellule de travail avec tous les partenaires et les représentants des différentes filières pour voir ce plan de relance sur la durée. Cette crise a démarré et on va vivre encore avec pendant longtemps: il est donc important que les locaux consomment localement. Nous comptons également sur le gouvernement pour revaloriser la destination outre-mer à travers une grande campagne de communication cohérente, lorsque la crise sera apaisée. Nous avons besoin d’un réel accompagnement de l’État dans les DOM et surtout sur notre destination qui n’a pas les mêmes attentes qu’au niveau national ».