Ils étaient environ 300 personnes à avoir répondu à l’appel de rassemblement sur la plage des Brisants à Saint-Gilles. Dès 14h, la plage était noire de monde. Au fil des minutes, de plus en plus de soutiens à la cause des surfeurs sont venus renouveler leur attente auprès des autorités.
Même si les communes de l’Ouest sont en première ligne, la majorité des reproches se concentrent désormais vers l’autorité préfectorale. « Le préfet nous a confirmé que la pêche du bouledogue était autorisée par les pêcheurs professionnels mais comment peuvent-il pêcher un requin qu’ils ne pourront vendre car le bouledogue est inconsommable« , témoigne un sympathisant de la cause, lui-même surfeur.
Sur place, les avis se tiennent dans un mouchoir de poche. Les prélèvements l’emportent malgré l’image désastreuse qu’ils pourraient générer dans les médias nationaux, le tout « étant de le faire mais en maîtrisant les pêches » explique pour sa part Lorenzo, surfeur dans ses heures de détente. Même s’il est fonctionnaire et donc pas directement concerné par l’impact économique des attaques, il se sent malgré tout concerné. « Depuis lundi je ne suis pas allé à l’eau mais c’est sûr que je vais y aller. Le surf c’est une philosophie de vie pour moi« . Ce dernier a l’habitude de glisser sur les vagues de l’Etang-Salé. « Il faut prendre exemple sur l’Australie où dès qu’il y a une attaque les gars vont immédiatement chasser l’animal qui a posé problème. Je ne suis pas pour le carnage, on veut tous préserver la nature, mais là… » Le point critique a été atteint selon lui.
En deuxième solution plébiscitée, Christophe, moniteur de surf, espère que le dispositif des « vigies marines » soit étendu. Rappelons que jusqu’à maintenant, celui-ci est réservé aux heures de cours des écoles de surf.
Plus radical et forcément plus coûteux, Caroline, une surfeuse de 23 ans avec tout de même 11 ans de pratique dans les jambes voudrait bien voir des dispositifs aériens pour mieux repérer les prédateurs. « Comme en Australie où les hélicoptères guident ponctuellement les hommes sur le plan d’eau« . Assurément, cette dernière proposition aurait de quoi donner le tournis au préfet en cette période de restrictions budgétaires.
Bizarrement, le rôle de la Réserve marine sur les tragédies successives depuis 2011 est minimisé par les interlocuteurs interrogés. « Ce n’est pas la Réserve marine en tant que telle qui pose problème mais la gestion qui en est faite » témoigne un pratiquant de surf. Ses enfants s’y mettent depuis un an, c’est dire si la peur accompagne les propos de ce père de famille. « Partout dans le monde où des réserves marines ont été installées, il y a eu un suivi, chose qui manque ici à la Réunion« .
Après un appel à venir signer une feuille de présence ainsi qu’une pétition en faveur d’une plus forte mobilisation des autorités, la centaine de sympathisants devait symboliquement bloquer l’entrée de port de plaisance qui jouxte la plage des Brisants.