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Le meilleur guérillero du monde ? Notre « martin volèr » !

Le martin est un pillard, un braillard insolent, un esprit indépendant mais doté d’une conscience sociale aussi évidente qu’efficace. Un frondeur, j’adore. J’ai eu un an pour l’observer, lorsque j’ai vécu seul, une année durant, au milieu de la forêt de la Petite-France. Quel pied, les enfants, que d’être seul ! Les martins ont des […]

Ecrit par – le jeudi 08 décembre 2016 à 11H22

Le martin est un pillard, un braillard insolent, un esprit indépendant mais doté d’une conscience sociale aussi évidente qu’efficace. Un frondeur, j’adore.

J’ai eu un an pour l’observer, lorsque j’ai vécu seul, une année durant, au milieu de la forêt de la Petite-France. Quel pied, les enfants, que d’être seul !

Les martins ont des nids qu’ils surveillent en permanence. Lorsque le gros de la troupe s’en va au ravitaillement, en chapardage, en bagarre quelque part, il en reste un, perché au sommet du plus grand arbre. Il attend… Il attend… Et voyant venir la menace, le papangue, il gueule comme un paumé pour rameuter la bande. Les martins accourent de tous les points de l’horizon et entreprennent de lui faire voir du pays.

Ils s’y mettent à dix ou plus et le harcèlent de tous côtés, lui foncent dans la tronche, opèrent une ressource suivie d’une chandelle du plus bel effet, effectuent loopings sur cabrioles, lui piquent le boyo, arrachant une ou deux plumes au passage et s’enfuyant aussitôt, servis par une agilité sans pareille.

En voici deux qui se mettent devant le bec du papangue et l’entraînent vers les cryptomérias, entre lesquels ils se faufilent avec aisance. L’autre gros con, plus stupide qu’une paramécie, croit pouvoir faire pareil et s’empêtre comme un lamentable dans ces fouillis végétaux pas faits pour lui.

Mes guérilleros reviennent à la charge pendant qu’il tente de se dépêtrer, lui piquent encore un peu les fesses.

Le gros balourd, admettant qu’il n’aura jamais le dernier mot, se barre piteusement, jurant mais un peu tard… Quels as, ces martins !… pas plus voleurs que vous et moi. Ils piquent ce qu’on laisse à leur portée, voilà tout. Exactement comme je siffle sans scrupule le verre qu’on abandonne imprudemment à ma portée.

Qu’elle fut merveilleuse, cette année de solitude. Deux ou trois fois par semaine, je devisais dans la forêt avec Jacques Lougnon, qui pouvait ainsi parfaire l’éducation qu’il avait commencé à me donner autrefois au vieux lycée. Je dis bien  » éducation  » car cet homme, plus qu’un professeur, était un maître au sens athénien du terme. Ses classes étaient d’ailleurs des lieux de vie extraordinaires.

Outre le vieux Jacques, mes compagnons habituels étaient les compagnies de tangues, les zoiseaux verts, zoiseaux blancs et une théorie invraisemblable de chakouates, plus beaux les uns que les autres.

Il est merveilleux de siroter son café le matin, seul, sans devoir répondre à des questions oiseuses. C’est lorsqu’on est plus de deux que les conneries commencent. A moins que ce deuxième-là ne soit un ami digne du nom ! Vous par exemple…

Jules Bénard

 

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