Oui, les traditionnels stands exposant les formations ou les carrières étaient bien là, aménagés à cet effet sur le front de mer de Saint-Paul lors du Carrefour de l’emploi qui s’est tenu hier. Mais les organisateurs -sous l’égide la mairie de Saint-Paul- avaient imaginé l’installation d’un espace « job dating ». Mission : que les employeurs trouvent leurs âmes sœurs parmi tous les chômeurs présents.
La centaine d’offres du Pole emploi était sans doute insuffisante pour répondre à la demande des candidats mais l’expérience est appelée à se renouveler.
Le concept a un côté ludique qui n’en rappelle pas moins son objectif de résultats : que les offres fermes soient toutes satisfaites en fin de journée. C’est bien pour briser la chaîne des intermédiaires entre le Pole Emploi ou les autres organismes recruteurs que Jessie, 26 ans, s’est prise au jeu, ce matin-là, du job dating.
Les barrières s’effacent
« C’est une méthode de recrutement qu’ils devraient développer ». Assistante auprès d’une gramoune à Bois de Nèfles Saint-Paul à temps partiel, la jeune femme est à la recherche d’un emploi à temps plein.
« Je travaille une heure par jour pour un total de 20h par mois. J’espère trouver un emploi d’auxiliaire de vie dans une maison de retraite », explique la candidate qui voit dans le job dating une approche beaucoup plus performante que le traditionnel rendez-vous au Pole Emploi. « Là, en 5 minutes j’ai déjà eu une aide que je n’espère plus avoir en agence. Ici, on m’a déjà dit que ma candidature allait être étudiée, ça change des rendez-vous en agences ». Cinq ans d’expérience auprès des personnes âgées, pouvant se déplacer avec son propre véhicule, Jessie a mis tous les atouts de son côté.
Le concept de job dating n’est évidemment pas nouveau mais il n’est que très peu pratiqué dans cette réalité imparable qu’est la bureaucratie. Ici, c’est tout le contraire, les interfaces administratives tombent. Le chef d’entreprise parle de ses attentes, un échange à bâton rompu s’instaure pendant quelques minutes avec le postulant, et ainsi de suite pendant toute la journée.
Sonia Pellegrini, la directrice du Pole Emploi de Savanna Saint-Paul explique le dispositif mis en place pour ce premier « Carrefour de l’emploi, de l’insertion et de la formation professionnelle » dans l’Ouest : « Nous avons 20 agents en tout qui se chargent, soit de l’aspect mobilité, soit des métiers de l’hôtellerie restauration ou encore de la plateforme de la vocation ». Une dernière dénomination énigmatique qui permet tout simplement à un chercheur d’emploi sans aucun diplôme mais motivé de trouver sa voie.
18.000 chômeurs à Saint-Paul
Puisqu’après tout dit-elle, « Il y a un changement dans l’attitude des recruteurs. Ils n’hésitent plus à regarder en premier lieu les aptitudes du postulant« , outre l’aspect diplômes à tout prix.
Treize employeurs différents sont attablés chacun dans leur coin et jouent le jeu de la présentation de leur entreprise ainsi que du profil recherché. En tout, 90 offres d’emplois fermes ont été proposées dans ce face à face recruteur/candidat. « Il y a une majorité d’offres qui sont du niveau « employé » mais il y a également quelques profils cadres » résume Sonia Pellegrini. Au-delà du job dating toujours aussi attractif car on s’adresse à des jeunes, 460 offres d’emploi sur le bassin Ouest (de la Possession à Saint-Leu) étaient à dénicher dans les travées du Carrefour de l’emploi.
Lorsque l’on sait que Saint-Paul compte 3.100 demandeurs d’emploi qui ont moins de 25 ans, le défi est immense. Tous chômeurs confondus, ils sont 18.000 actifs en recherche d’emploi sur ce même territoire.
Si le job dating n’est pas la panacée, son concept séduit par sa simplicité et l’effacement des contraintes administratives qui peuvent en décourager plus d’un. « Ils devraient le proposer plus souvent ». Les propos de la candidate parlent d’eux-mêmes. Pour Jessie, il ne reste plus qu’à espérer une réponse positive dans les prochains jours. Il est midi, son tour des stands s’achève.