Le 29 juin dernier, le député Les Républicains Thierry Solère s’est rendu comme l’y autorise la loi, à Fleury-Mérogis où est incarcéré depuis plus de deux mois le principal suspect des attentats du 13 novembre à Paris Salah Abdeslam. Une visite qu’il a effectuée en compagnie du Journal du Dimanche et qu’il a ensuite racontée en détail lors d’une conférence de presse.
A cette occasion, il s’est indigné du fait que Salah Abdeslam dispose, dans une cellule jouxtant la sienne, d’une salle de sport personnelle avec un rameur et un vélo d’appartement.
Dès la parution de cette information, la classe politique a embrayé. « Il n’y a aucune raison de lui faire la moindre faveur, de lui donner le moindre confort« , a ainsi déclaré François Fillon, scandalisé. « Ce pouvoir se fout vraiment de notre gueule et de nos impôts !« , s’est de son côté insurgé Gilbert Collard sur Twitter. Et les réseaux sociaux se sont enflammés.
Pourtant, le traitement accordé à Salah Abdeslam répond aux droits dont bénéficie n’importe quel prisonnier. En effet, même s’il se trouve dans un quartier d’isolement en raison de son implication dans une action terroriste, il a le droit « comme un détenu lambda » et « au même titre que les autres« , de pratiquer des activités sportives, selon l’administration, en application du guide des « droits et devoir de la personne détenue » édité par la Direction de l’administration pénitentiaire, et afin de suivre les recommandations de la commission nationale des Droits de l’Homme.
Le battage médiatique fait autour de cette affaire n’a pas eu l’heur de plaire à Frank Berton, l’avocat de Salah Abdeslam. Et tout particulièrement le fait que Thierry Solère ait eu accès à la salle de surveillance vidéo, et qu’il ait ainsi pu espionner son client dans sa cellule. « Il va là-bas, il regarde ce qu’il fait, il regarde ce qu’il dit, il regarde ce qu’il lit, il regarde ce qu’il fait dans sa salle de bains. C’est inadmissible, c’est un lieu privé« .
L’avocat rappelle que les détenus ont droit au respect de leur vie privée, dénonçant un « député de la République, ne trouvant rien de mieux à faire que de donner à sa sortie une conférence de presse pour raconter ce qu’il a vu, comme s’il s’était promené au zoo de Vincennes« .
Frank Berton va donc porter plainte contre Thierry Solère pour atteinte au respect du droit à la vie privée.