
Pendant plus de deux heures, le directoire d'Air Austral, avec à sa tête Marie-Joseph Malé, a présenté le business plan censé permettre à la compagnie aérienne réunionnaise de retrouver l'équilibre financier. Un exercice qui s'annonce très délicat pour le nouvel homme fort de la compagnie venu remplacer Gérard Ethève, il y a un peu plus de deux semaines maintenant.
"La situation est préoccupante, le total des emprunts bancaires représente 161 millions d'euros dont 55 millions d'euros exigibles à moins d'un an. La compagnie a un retard de 38 millions d'euros auprès de ses fournisseurs (…), la trésorerie est sous perfusion", explique en introduction Marie-Joseph Malé. Un tableau "noir". Il faut dire que les chiffres parlent d'eux mêmes : 52 millions d'euros de pertes pour l'exercice précédent à la clôture des comptes au 31 mars, une trésorerie qui est passée de 35,5 millions d'euros à 9,2 millions d'euros en un an avec des encours qui ont triplé passant de 5,5 millions à 17,6 millions d'euros entre 2011 et 2012.
On le sait, Gérard Ethève a fait les frais de ces mauvais résultats et Marie-Joseph Malé a récupéré une entreprise au bord du gouffre. Pour y remédier, le nouvel homme fort d'Air Austral a présenté un business plan s'étalant pour les deux prochains exercices. L'objectif annoncé, calculé sur un scénario des plus "réalistes" souligne-t-il, est de dégager une marge opérationnelle positive à la fin 2014 de 5,6 millions d'euros. Mais avant d'en arriver là, les restructurations en profondeur vont être opérées et Air Austral va changer de méthode.
Deux rotations vers Paris
Il faudra d'abord que la compagnie trouve de nouveaux actionnaires, elle n'a pas le choix pour continuer de voler et que le business plan présenté soit opérationnel. Comme annoncé hier par Didier Robert, président du conseil de surveillance d'Air Austral, Marie Joseph Malé a confirmé la suppression des vols vers la province dès le mois de novembre. "Les lignes vers la province n'atteignaient pas l'équilibre financier", explique Gabriel Pineli, directeur adjoint d'Air Austral. On a même pensé faire par exemple un Gillot/mMarseille, puis un Marseille/Toulouse ou Bordeaux. Mais dans cette hypothèse, il aurait fallu "plus d'un passager par siège pour être à l'équilibre" en raison de l'inadaptation des Boeing 777 à de courts trajets.
Même sort pour les lignes vers l'Océanie, les dessertes de Sydney et Nouméa sont suspendues, par contre la ligne vers Bangkok est maintenue. Seule nouveauté, les passagers transiteront par l'Inde, qui sera à priori une escale technique mais qui pourra également être vendue en tant que destination pleine et entière.
Les lignes s'arrêteront le 1er novembre, mais les clients ayant déjà acheté des billets ne seront pas laissés sur le bord du chemin, Air Austral s'est engagé à trouver des solutions.
Mais la nouveauté pour Air Austral va venir du renforcement de son offre vers Paris. "Il va y avoir un recentrage vers l'aéroport Charles-de-Gaule. On va passer d'une rotation à deux, une de nuit et une de jour", explique Marie-Joseph Malé. Les Réunionnais auront le choix entre un départ le soir, comme habituellement et un départ en fin de matinée. "On passera à 12 voire 13 rotations par semaine", ajoute-t-il.
"La situation est préoccupante, le total des emprunts bancaires représente 161 millions d'euros dont 55 millions d'euros exigibles à moins d'un an. La compagnie a un retard de 38 millions d'euros auprès de ses fournisseurs (…), la trésorerie est sous perfusion", explique en introduction Marie-Joseph Malé. Un tableau "noir". Il faut dire que les chiffres parlent d'eux mêmes : 52 millions d'euros de pertes pour l'exercice précédent à la clôture des comptes au 31 mars, une trésorerie qui est passée de 35,5 millions d'euros à 9,2 millions d'euros en un an avec des encours qui ont triplé passant de 5,5 millions à 17,6 millions d'euros entre 2011 et 2012.
On le sait, Gérard Ethève a fait les frais de ces mauvais résultats et Marie-Joseph Malé a récupéré une entreprise au bord du gouffre. Pour y remédier, le nouvel homme fort d'Air Austral a présenté un business plan s'étalant pour les deux prochains exercices. L'objectif annoncé, calculé sur un scénario des plus "réalistes" souligne-t-il, est de dégager une marge opérationnelle positive à la fin 2014 de 5,6 millions d'euros. Mais avant d'en arriver là, les restructurations en profondeur vont être opérées et Air Austral va changer de méthode.
Deux rotations vers Paris
Il faudra d'abord que la compagnie trouve de nouveaux actionnaires, elle n'a pas le choix pour continuer de voler et que le business plan présenté soit opérationnel. Comme annoncé hier par Didier Robert, président du conseil de surveillance d'Air Austral, Marie Joseph Malé a confirmé la suppression des vols vers la province dès le mois de novembre. "Les lignes vers la province n'atteignaient pas l'équilibre financier", explique Gabriel Pineli, directeur adjoint d'Air Austral. On a même pensé faire par exemple un Gillot/mMarseille, puis un Marseille/Toulouse ou Bordeaux. Mais dans cette hypothèse, il aurait fallu "plus d'un passager par siège pour être à l'équilibre" en raison de l'inadaptation des Boeing 777 à de courts trajets.
Même sort pour les lignes vers l'Océanie, les dessertes de Sydney et Nouméa sont suspendues, par contre la ligne vers Bangkok est maintenue. Seule nouveauté, les passagers transiteront par l'Inde, qui sera à priori une escale technique mais qui pourra également être vendue en tant que destination pleine et entière.
Les lignes s'arrêteront le 1er novembre, mais les clients ayant déjà acheté des billets ne seront pas laissés sur le bord du chemin, Air Austral s'est engagé à trouver des solutions.
Mais la nouveauté pour Air Austral va venir du renforcement de son offre vers Paris. "Il va y avoir un recentrage vers l'aéroport Charles-de-Gaule. On va passer d'une rotation à deux, une de nuit et une de jour", explique Marie-Joseph Malé. Les Réunionnais auront le choix entre un départ le soir, comme habituellement et un départ en fin de matinée. "On passera à 12 voire 13 rotations par semaine", ajoute-t-il.

Partenariat avec la SNCF ?
Une nouvelle configuration des destinations se traduisant par la volonté de la compagnie d'assoir son "leadership" au niveau régional. "Les fréquences seront plus importantes vers Maurice et Mayotte et permettront à l'aéroport de Saint-Denis de devenir un véritable hub avec des correspondances de moins d'une heure pour les voyageurs", souligne-t-il. Une refonte qui passe obligatoirement par une flotte d'avion ajustée. Les avions long courrier verront leur flotte diminuée et Air Austral mettra en vente deux Boeing 777, le LR et le ER. Le 3ème ATR qui devait être vendu reprendra du service en raison de l'augmentation des fréquences pour les liaisons régionales.
Air Austral souhaite également s'appuyer sur les partenariats entre compagnies, notamment Air Mauritius, Air Seychelles ou encore Air Madagascar. "Un accord de principe a été trouvé avec Maurice pour partager un code (code share) vers l'Australie", explique-t-il. Pour pallier la disparition des destinations provinces, Air Austral s'emploie actuellement à trouver une solution de partenariat, notamment avec la SNCF et le service TGV'Air. "J'ai rendez-vous avec Guillaume Pepy dans les prochains jours", souligne-t-il.
La compagnie n'exclut pas de se tourner vers les pays du Golfe dans une recherche hypothétique de partenaire. "On sait ce que nous voulons, mais on attend de voir ce qu'ils souhaitent. On a souhaité une rencontre pour démarrer les discussions, mais cela demande du temps pour évaluer les options et les conséquences économiques à court et moyens termes", souligne, sur la pointe des pieds, Marie-Joseph Malé.
Reclassements, gels des embauches et non reconduction des CDD
Tous ces changements auront un impact social. Didier Robert avait annoncé le non-renouvellement de 53 CDD, une annonce également confirmée ce midi. "Des reclassements internes et externes seront proposés aux équipages PNC en sureffectif sur les Boeing 777, notamment sur les liaisons Nouméa ou Sydney. Les contrats à durée déterminé de'environ 50 PNC ne seront pas renouvelés. La fermeture des escales en province, Nouméa et Sydney entrainera le reclassement des personnels au sol en interne ou externe", explique-t-il. La compagnie compte également pour réduire les effectifs sur les reclassements proposés, les négociations de contrats à mi-temps ou encore le non renouvellement de postes. La compagnie procédera à un gel des embauches.
Avant de renouer avec l'équilibre, la compagnie devra passer par une période difficile durant cette nouvelle année 2012-2013. Air Austral prévoit une marge négative de 26,7 millions d'euros, dont l'essentiel pendant la période d'hiver et une perte très faible en fin d'année. "On est dans une dynamique de redressement et la mise en place de ce programme permettra de se redresser la compagnie et démarrer l'année suivante sur un démarrage positif", conclut le PDG d'Air Austral.
Reste que le redressement ne pourra être effectif que si la parité euro/dollar reste stable et que le coût du carburant ne s'envole pas. Et dans ce domaine, aucune certitude n'est de mise. On fait des prévisions, mais le directoire n'a aucun pouvoir pour agir sur ces deux données, pourtant essentielles pour l'avenir de la compagnie...
Une nouvelle configuration des destinations se traduisant par la volonté de la compagnie d'assoir son "leadership" au niveau régional. "Les fréquences seront plus importantes vers Maurice et Mayotte et permettront à l'aéroport de Saint-Denis de devenir un véritable hub avec des correspondances de moins d'une heure pour les voyageurs", souligne-t-il. Une refonte qui passe obligatoirement par une flotte d'avion ajustée. Les avions long courrier verront leur flotte diminuée et Air Austral mettra en vente deux Boeing 777, le LR et le ER. Le 3ème ATR qui devait être vendu reprendra du service en raison de l'augmentation des fréquences pour les liaisons régionales.
Air Austral souhaite également s'appuyer sur les partenariats entre compagnies, notamment Air Mauritius, Air Seychelles ou encore Air Madagascar. "Un accord de principe a été trouvé avec Maurice pour partager un code (code share) vers l'Australie", explique-t-il. Pour pallier la disparition des destinations provinces, Air Austral s'emploie actuellement à trouver une solution de partenariat, notamment avec la SNCF et le service TGV'Air. "J'ai rendez-vous avec Guillaume Pepy dans les prochains jours", souligne-t-il.
La compagnie n'exclut pas de se tourner vers les pays du Golfe dans une recherche hypothétique de partenaire. "On sait ce que nous voulons, mais on attend de voir ce qu'ils souhaitent. On a souhaité une rencontre pour démarrer les discussions, mais cela demande du temps pour évaluer les options et les conséquences économiques à court et moyens termes", souligne, sur la pointe des pieds, Marie-Joseph Malé.
Reclassements, gels des embauches et non reconduction des CDD
Tous ces changements auront un impact social. Didier Robert avait annoncé le non-renouvellement de 53 CDD, une annonce également confirmée ce midi. "Des reclassements internes et externes seront proposés aux équipages PNC en sureffectif sur les Boeing 777, notamment sur les liaisons Nouméa ou Sydney. Les contrats à durée déterminé de'environ 50 PNC ne seront pas renouvelés. La fermeture des escales en province, Nouméa et Sydney entrainera le reclassement des personnels au sol en interne ou externe", explique-t-il. La compagnie compte également pour réduire les effectifs sur les reclassements proposés, les négociations de contrats à mi-temps ou encore le non renouvellement de postes. La compagnie procédera à un gel des embauches.
Avant de renouer avec l'équilibre, la compagnie devra passer par une période difficile durant cette nouvelle année 2012-2013. Air Austral prévoit une marge négative de 26,7 millions d'euros, dont l'essentiel pendant la période d'hiver et une perte très faible en fin d'année. "On est dans une dynamique de redressement et la mise en place de ce programme permettra de se redresser la compagnie et démarrer l'année suivante sur un démarrage positif", conclut le PDG d'Air Austral.
Reste que le redressement ne pourra être effectif que si la parité euro/dollar reste stable et que le coût du carburant ne s'envole pas. Et dans ce domaine, aucune certitude n'est de mise. On fait des prévisions, mais le directoire n'a aucun pouvoir pour agir sur ces deux données, pourtant essentielles pour l'avenir de la compagnie...