Le directeur de l’Association réunionnaise de développement de l’aquaculture a posé sa démission. Pierre Bosc était l’homme fort de la filière aquacole à la Réunion mais les multiples critiques sur sa gestion auront eu raison de son souhait de poursuivre l’aventure.
En bloquant l’accès du site de reproduction « Eclosia » de l’Etang-Salé ce mardi, les six producteurs aquacoles dont l’activité est vacillante ont accéléré un processus déjà engagé en interne, apprend-t-on de la Région.
« M. Bosc a demandé à partir. Nous sommes actuellement dans la phase de rupture de contrat conventionnelle. Si tout se passe bien, il devrait quitter ses fonctions entre le 17 et le 20 mars », assure Colette Caderby, présidente de l’ARDA et conseillère régionale en charge de cette filière.
Venue à la rencontre des manifestants, elle leur a assuré d’un geste sur la livraison des alevins pour l’année en cours. Au téléphone, elle précise que ces annonces méritent qu’elles soient chiffrées, chose qui sera faite dans les prochains jours. Colette Caderby exprime son souhait de remettre « de la cohérence » dans la filière et veut avancer « sur du concret prochainement » en rencontrant dans un cadre plus apaisé les producteurs mécontents.
Les éleveurs de tilapia et de gueules rouges ont eu l’agréable surprise de voir leur voeu numéro un exaucé alors qu’ils venaient d’installer leur campement. « La démission de M. Bosc, avec qui nous n’avions aucun contact depuis des années, a été annoncée, maintenant il faut qu’elle soit réelle », n’en démord pas Max Dyckerhoff, éleveur à l’Etang-Salé.
Avec ses confrères, il demande également que le site de reproduction Eclosia soit « sécurisé ». « Aujourd’hui, on a affaire à un libre-service à ciel ouvert », ironise-t-il, en dévoilant les nombreux vols qui s’y déroulent.
La Région doit afficher sa « volonté politique »
Outre les vols, les producteurs évoquent « le manque de géniteurs » pour approvisionner leur exploitation. « Si on met 5.000 alevins dans un bassin, on devrait en tirer 1,7 ou 2 tonnes », relate Nicole Sinama, productrice de tilapia à Sainte-Suzanne, et en grève de la faim depuis ce matin. Problème, « la mauvaise qualité des alevins » fait subir d’énormes pertes au final, ce qui fait qu’« on se retrouve avec des poissons qui n’arrivent pas à atteindre 350-400 grammes, donc ça fait baisser automatiquement nos tonnages et donc notre chiffre d’affaires. Au lieu des 2 tonnes aujourd’hui, on pouvait monter à l’époque à 8 tonnes », décrit-elle.
Si l’Arda est visée, c’est son « financeur la Région qui est attendue au tournant. On souhaite que la Région se positionne clairement sur son soutien à la filière comme elle le fait pour les autres filières animales », affirme Olivier Pacaud, éleveur de truites à Langevin et Hell-Bourg. « Nous souhaitons entendre la Région sur sa volonté politique de voir une production locale de poissons ici à la Réunion qui présente l’avantage de fournir du poisson frais sur les tables réunionnaises », argumente-t-il.
Tous restent mobilisés devant le portail de l’ARDA à l’Etang-Salé. Ils ont reçu le soutien d’Eveil Citoyen 974 qui a suivi le dossier de leur adhérent René Brigaudet, aquaculteur en conflit avec l’Arda et la Région.