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« Le déploiement du moustique stérile nécessite de créer une véritable usine »

La lutte anti-vectorielle est un domaine de recherche en plein développement, avec des enjeux de santé publique. La jeune société Symbiotic SAS, hébergée par la pépinière d’entreprise du CYROI, développe une solution basée sur l’utilisation de bactéries symbiotiques Wolbachia afin de produire des œufs et des mâles moustiques stériles. Objectif : aboutir à un caractère opérationnel en 2025 après la construction d’une "usine de production d’œufs et de moustiques mâles adultes".

Ecrit par N.P – le mercredi 11 août 2021 à 14H03

Le communiqué :

L’objectif est de développer une solution de lutte anti-vectorielle contre le moustique-tigre (Aedes albopictus) qui utilise les propriétés intrinsèques d’une bactérie symbiotique, dénommée Wolbachia.  » Dans nos applications, nous utilisons Wolbachia pour rendre les mâles stériles et ainsi réduire drastiquement la population de moustiques tigre (Aedes albopictus), vecteurs de maladies telles que le Chikungunya ou le Zika « , explique Julien CATTEL, ingénieur de recherche en entomologie de la SAS SYMBIOTIC. 
 
Un projet à fort potentiel

 Avant tout car le contexte s’y prête :  » Les insectes, et notamment les moustiques, sont de plus en plus résistants aux insecticides, explique le chercheur. Et les populations sont en demande de solutions alternatives aux pesticides « . Mais également pour des raisons propres au moustique tigre : » Cette espèce n’existe plus seulement dans les milieux tropicaux mais s’implante partout. Avec les effets induits par le dérèglement climatique, les pays du Nord y sont également confrontés, avec parfois des nuisances très importante, et ont la capacité de mettre des moyens pour lutter contre cette menace ».
 
 » L’objectif est de produire des moustiques mâles stériles, qui vont s’accoupler avec les femelles dans la nature dont la descendance ne sera pas viable. Un des avantages est que la technique est spécifique, sans impact sur les autres espèces, contrairement aux insecticides qui ont un plus large spectre. Un autre avantage c’est que ce moustique pond des œufs qui peuvent se conserver à température ambiante et donc être expédiés aisément dans les territoires demandeurs « . SYMBIOTIC pourra donc envisager la production et l’exportation d’œufs de moustiques stériles dans les pays engagés dans la lutte anti-vectorielle.

La technologie est prête : » Nous sommes la première équipe au monde à avoir développé une lignée de sexage génétique chez le moustique tigre, permettant de séparer les mâles des femelles très efficacement et rapidement. Cela nous permet d’envisager à court terme une production de masse de notre lignée de moustique et d’en faire un outil de lutte anti-vectorielle alternatif à la deltaméthrine ».
 
Saholy LAMARE, Présidente de SYMBIOTIC souhaite désormais que la recherche se concrétise par un outil opérationnel : « la dengue sévit chaque année à La Réunion, avec un impact sur la santé des personnes, mais également sur l’activité économique et l’attractivité touristique du territoire. L’utilisation de nouvelles techniques de lutte anti vectorielles, qui peuvent se combiner entre elles, et avec les méthodes traditionnelles, a pour objectif de limiter les contamination ».

C’est pour cette raison que la SAS SYMBIOTIC s’inscrit dans les objectifs du plan de relance, au chapitre de l’industrialisation des territoires.

« Le déploiement du moustique stérile par Wolbachia nécessite de créer un outil de production, une véritable usine à moustiques stériles, dimensionnée aux besoins du territoire. Il s’agira d’une infrastructure originale nécessitant de mettre au point des équipements spécialisés de dimension industrielle. Nous avons actuellement toutes les cartes en main au plan scientifique et technique afin de mener les études nécessaires à cet objectif. Nous prévoyons de consacrer l’année 2022 aux études d’ingénierie pour les équipements et de maîtrise d’œuvre pour un bâtiment avec des contraintes techniques spécifiques ».

« A la suite de ces études, nous serons en mesure de construire durant l’année 2023, pour une mise en production début 2024 ».

Cet investissement, d’un montant de 8 M€, permettra de répondre aux besoins de La Réunion, mais a également pour vocation de permettre l’exportation. Une caractéristique originale de cette technique c’est qu’elle produit non pas des moustiques vivants mais des œufs. Cela facilite le transport, et surtout, la durée d’utilisation de ces œufs est allongée jusqu’à deux mois.

Utilisée avec succès en Asie-Pacifique sur les espèces locales, la solution proposée par la SAS SYMBIOTIC ouvre des perspectives favorables pour le territoire réunionnais, et positionne notre île sur un nouveau marché international.

 

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