Faire des théories c’est le b-a ba de la psychologie humaine : c’est par l’explication, c’est-à-dire, l’attribution causale que nous recherchons la maîtrise cognitive de l’environnement sans laquelle il n’est pas de sentiment de sécurité. De sorte que tout homme est un psychologue au sens où il élabore constamment des théories sur les raisons d’agir de ses congénères, sur leur intentions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Ces « théories de l’esprit » peuvent être vraies ou fausses, mais nul ne peut se voir reproché de « faire des théories » car c’est non seulement normal, c’est nécessaire, c’est vital.
Par ailleurs, il est clair qu’organiser des actions, des menées, des complots dans le secret, afin de déjouer les résistances et prendre ainsi le contrôle à moindre frais, c’est le b-a ba de l’action humaine. La trame de l’Histoire est faite de telles machinations à tous les niveaux, dans tous les domaines. Dès lors, comme ont su le reconnaître certains chercheurs, il est parfaitement adaptatif de tenter de reconnaître des complots dans le flux des évènements qui font l’actualité.
Il s’ensuit que parler de complotisme comme on le fait actuellement, de manière infamante avec une volonté assumée de discréditer, en renvoyant à l’irrationalité, à l’insensé, voire à la folie (« cerveaux malades ») c’est tenir un discours a priori dénué de tout fondement, et donc aussi malveillant qu’irrationnel en dépit de l’existence de construits et d’études scientifiques ad hoc qui semblent en valider la pertinence.
L’irrationalité de l’anticomplotisme est prodigieuse car directement proportionnelle à l’arbitraire avec lequel tel ou tel se voit désigné à la vindicte populaire en tant que complotiste. Cet arbitraire c’est celui du pouvoir, qui via ses relais politiciens et médiatiques, peut trancher dans le flux de l’information qui abreuve le public et décider que a) la conspiration islamiste b) les visées mégalomanes de Saddam ou de Kim Jong-un, c) le projet de la bombe iranienne d) les machinations électorales russes etc. que tous les médias d’Occident nous ont vendu et nous vendent encore sont des réalités et non pas des théories du complot alors que les conspirations a) des états profonds étasunien ou européen, b) du Mossad, c) du World Economic Forum et autres clubs de l’élite mondiale, d) de Bill Gates ou de George Soros, etc. ne sont que de vaines « théories du complot » en dépit des innombrables preuves disponibles.
Cette manière de trancher dans le vif du réel dans le plus pur arbitraire est au cœur de l’exercice du pouvoir symbolique tel que pratiqué depuis la nuit des temps dans un contexte religieux et, donc, sacrificiel. Le prêtre Nuer qui, d’un coup de machette, tranche un concombre et en jette au loin la moitié gauche ainsi désignée comme mauvaise, impure, maléfique accomplit un geste rituel mettant en scène un parfait arbitraire dont la fonction est de rassembler la communauté via un sacrifice purificateur que nous connaissons mieux dans sa version sémite : celle du « bouc émissaire » dont le seul nom suffit à nous faire comprendre de quoi il retourne.
La portion de concombre rejetée est, en quelque sorte, un « bouc émissaire » végan. Elle est évidemment innocente de ce dont on l’accuse mais pour la sécurité de la communauté Nuer chacun respecte le consensus et s’applique à la croire mauvaise. Ceux que l’on désigne comme des complotistes assurent la même fonction sociale : ils incarnent le « mauvais objet » dont le rejet assurera la pérennité d’un consensus sans lequel il n’est pas de paix sociale.
Les officiants des champs politiques et médiatiques qui les sacrifient symboliquement voient leurs gestes cautionnés par les grands prêtres de la religion officielle, à savoir les scientifiques conformistes qui n’y trouvent rien à redire et, souvent, en rajoutent (surtout les sociologues). Il est ainsi possible d’opérer le lynchage médiatique de n’importe quel dissident dès que le besoin s’en fait sentir. Il suffit de le traiter de complotiste au moindre prétexte et l’affaire est entendue : sa parole est définitivement discréditée puisque, de dorénavant à désormais, il apparaîtra « décrié », contesté, ou faisant polémique, et cela « en toute justice » du fait qu’il est « complotiste » ! Les courageuses personnalités venues témoigner dans le documentaire Hold-up en sont un bon exemple.
Le fait que nos « intellectuels » et nos « scientifiques » participent activement — ou par un silence qui vaut consentement tacite — à ces formes de violence collective, ces « lynchages », est, en soit, le signe sûr d’une désespérante décadence des élites. Ainsi que René Girard aimait à le rappeler et que l’a si adéquatement formulé Proudhon « il n’est d’iniquité pire que celle du Sage : corruptio optimi pessima » (la corruption des meilleurs est la pire).
Que ceux qui se pensent parmi les meilleurs et se sentent donc ici quelque peu bousculés ne veuillent voir là qu’une occasion pour tenter de les réveiller, au pire un reproche, pas une condamnation.
Par ailleurs, il est clair qu’organiser des actions, des menées, des complots dans le secret, afin de déjouer les résistances et prendre ainsi le contrôle à moindre frais, c’est le b-a ba de l’action humaine. La trame de l’Histoire est faite de telles machinations à tous les niveaux, dans tous les domaines. Dès lors, comme ont su le reconnaître certains chercheurs, il est parfaitement adaptatif de tenter de reconnaître des complots dans le flux des évènements qui font l’actualité.
Il s’ensuit que parler de complotisme comme on le fait actuellement, de manière infamante avec une volonté assumée de discréditer, en renvoyant à l’irrationalité, à l’insensé, voire à la folie (« cerveaux malades ») c’est tenir un discours a priori dénué de tout fondement, et donc aussi malveillant qu’irrationnel en dépit de l’existence de construits et d’études scientifiques ad hoc qui semblent en valider la pertinence.
L’irrationalité de l’anticomplotisme est prodigieuse car directement proportionnelle à l’arbitraire avec lequel tel ou tel se voit désigné à la vindicte populaire en tant que complotiste. Cet arbitraire c’est celui du pouvoir, qui via ses relais politiciens et médiatiques, peut trancher dans le flux de l’information qui abreuve le public et décider que a) la conspiration islamiste b) les visées mégalomanes de Saddam ou de Kim Jong-un, c) le projet de la bombe iranienne d) les machinations électorales russes etc. que tous les médias d’Occident nous ont vendu et nous vendent encore sont des réalités et non pas des théories du complot alors que les conspirations a) des états profonds étasunien ou européen, b) du Mossad, c) du World Economic Forum et autres clubs de l’élite mondiale, d) de Bill Gates ou de George Soros, etc. ne sont que de vaines « théories du complot » en dépit des innombrables preuves disponibles.
Cette manière de trancher dans le vif du réel dans le plus pur arbitraire est au cœur de l’exercice du pouvoir symbolique tel que pratiqué depuis la nuit des temps dans un contexte religieux et, donc, sacrificiel. Le prêtre Nuer qui, d’un coup de machette, tranche un concombre et en jette au loin la moitié gauche ainsi désignée comme mauvaise, impure, maléfique accomplit un geste rituel mettant en scène un parfait arbitraire dont la fonction est de rassembler la communauté via un sacrifice purificateur que nous connaissons mieux dans sa version sémite : celle du « bouc émissaire » dont le seul nom suffit à nous faire comprendre de quoi il retourne.
La portion de concombre rejetée est, en quelque sorte, un « bouc émissaire » végan. Elle est évidemment innocente de ce dont on l’accuse mais pour la sécurité de la communauté Nuer chacun respecte le consensus et s’applique à la croire mauvaise. Ceux que l’on désigne comme des complotistes assurent la même fonction sociale : ils incarnent le « mauvais objet » dont le rejet assurera la pérennité d’un consensus sans lequel il n’est pas de paix sociale.
Les officiants des champs politiques et médiatiques qui les sacrifient symboliquement voient leurs gestes cautionnés par les grands prêtres de la religion officielle, à savoir les scientifiques conformistes qui n’y trouvent rien à redire et, souvent, en rajoutent (surtout les sociologues). Il est ainsi possible d’opérer le lynchage médiatique de n’importe quel dissident dès que le besoin s’en fait sentir. Il suffit de le traiter de complotiste au moindre prétexte et l’affaire est entendue : sa parole est définitivement discréditée puisque, de dorénavant à désormais, il apparaîtra « décrié », contesté, ou faisant polémique, et cela « en toute justice » du fait qu’il est « complotiste » ! Les courageuses personnalités venues témoigner dans le documentaire Hold-up en sont un bon exemple.
Le fait que nos « intellectuels » et nos « scientifiques » participent activement — ou par un silence qui vaut consentement tacite — à ces formes de violence collective, ces « lynchages », est, en soit, le signe sûr d’une désespérante décadence des élites. Ainsi que René Girard aimait à le rappeler et que l’a si adéquatement formulé Proudhon « il n’est d’iniquité pire que celle du Sage : corruptio optimi pessima » (la corruption des meilleurs est la pire).
Que ceux qui se pensent parmi les meilleurs et se sentent donc ici quelque peu bousculés ne veuillent voir là qu’une occasion pour tenter de les réveiller, au pire un reproche, pas une condamnation.