
Jean-René Enlorac s'envole vers la Martinique pour décider d'un plan d'action avec ses homologues des DOM
La filière pêche est inquiète. Les échos qui émanent de Bruxelles ne sont guère favorables à toute une profession qui demande à ce qu'une "spécificité" domienne soit réellement inscrite dans les pourparlers européens.
"Aujourd'hui, l'Union européenne ne reconnaît que les spécificités nationales", regrette le président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de La Réunion, Jean-René Enilorac.
Entouré de ses collaborateurs, il vient rendre compte de l'inquiétude qui gagne les rangs des professionnels suite à l'échec des négociations européennes qui devaient jeter les bases du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) pour la période 2014-2020. Des négociations entre le Parlement, le Conseil et la Commission européenne qui ont débouché sur un "échec" de l'aveu de tous.
La litanie des reproches faits à l'Union européenne tient d'abord dans la forme employée qui a vu "trois ans de travail" livrer un "résultat extrêmement mitigé". A croire que le travail préparatoire n'a servi à rien.
Au lieu d'offrir aux professionnels du secteur des garanties sur le "renouvellement des flottes, des moteurs, des matériels", car "il y a nécessité de moderniser les navires", complète Ludovic Courtois, secrétaire général du CRPMEM, c'est l'Union européenne d'une "réglementation renforcée" à laquelle ils ont droit. Un état de fait qui fait dire que le lobbying mené par les courants écologistes ont peut-être fini par classer les professionnels de la pêche comme des "pilleurs des mers".
Au contraire, chiffre à l'appui, le CRPMEM affiche les efforts qui ont été les siens ces dernières années dans la traçabilité des prises ou de la meilleure connaissance du stock d'espadons, exemplifiés par un prélèvement en poissons ultra marginal de 0,013% sur la zone exclusive de l'océan Indien pour les bateaux réunionnais.
Alors que dans le même temps, la Réunion et Mayotte apportent à la France 10% de ses zones exclusives de pêche, les 74 bateaux de l'UE (dont beaucoup sont espagnols) qui sillonnent ce territoire réalisent jusqu'à 14% des prélèvements.
Pas de distinction entre pêcheur continental et pêcheur domien vu de Bruxelles
Cette déconsidération s'expliquerait selon Jean-René Enilorac par le faible poids que constitue l'alliance des parlementaires européens domiens face au lobbying réalisé par leurs homologues continentaux. Résultat des discussions portées à Bruxelles : la filière pêche n'existe pour l'Europe qu'à travers les pays qui composent sa politique commune. Vu de Bruxelles, les DOM n'existent pas. "Il faut écouter ce que disait la Commissaire chargée de la pêche, Maria Damanaki, pour comprendre qu'elle continuait d'assimiler la Réunion aux Açores", raille le président du CRPMEM.
Face à ce traitement européen "non différencié" pour les DOM, le comité des pêches annonce sa préférence pour la mise en place d'une politique de pêche à hauteur des RUP et pour une meilleure différenciation par rapport à la pêche française continentale.
Le peu de soutien affiché par Bruxelles paraît d'autant plus incompréhensible que, pendant le même temps, "l'Europe met de l'argent dans la rénovation du port ouest, c'est paradoxal", ironise le président du comité des pêches. "Mais a-t-on déjà vu un port sans pêcheur", poursuit-il en s'inquiétant du peu d'espoir laissé à la jeunesse qui souhaite s'engager dans ce milieu. La pyramide des âges de la profession parle d'elle-même : les pêcheurs réunionnais ont plus de 46 ans, recense une étude.
Quelle est aujourd'hui l'intention de l'Union européenne pour sa filière pêche ? "Favoriser les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), encourager l'évasion des bateaux réunionnais vers les pays de la zone car moins rigoureux en matière de législation".
Tous ces coups de gueule, Jean-René Enilorac compte bien les reproduire dès le 9 janvier en Martinique où se tiennent les assises de la pêche. Confrontés aux mêmes inquiétudes, les comités régionaux des pêches issus des outre-mer doivent y décider d'une réplique unitaire pour tenter de corriger le FEAMP 2014-2020. Le soutien des parlementaires locaux et du président de Région, Didier Robert, est par ailleurs fortement attendu. Les candidats aux élections européennes de mai seront également priés de prendre position.
"Aujourd'hui, l'Union européenne ne reconnaît que les spécificités nationales", regrette le président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de La Réunion, Jean-René Enilorac.
Entouré de ses collaborateurs, il vient rendre compte de l'inquiétude qui gagne les rangs des professionnels suite à l'échec des négociations européennes qui devaient jeter les bases du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) pour la période 2014-2020. Des négociations entre le Parlement, le Conseil et la Commission européenne qui ont débouché sur un "échec" de l'aveu de tous.
La litanie des reproches faits à l'Union européenne tient d'abord dans la forme employée qui a vu "trois ans de travail" livrer un "résultat extrêmement mitigé". A croire que le travail préparatoire n'a servi à rien.
Au lieu d'offrir aux professionnels du secteur des garanties sur le "renouvellement des flottes, des moteurs, des matériels", car "il y a nécessité de moderniser les navires", complète Ludovic Courtois, secrétaire général du CRPMEM, c'est l'Union européenne d'une "réglementation renforcée" à laquelle ils ont droit. Un état de fait qui fait dire que le lobbying mené par les courants écologistes ont peut-être fini par classer les professionnels de la pêche comme des "pilleurs des mers".
Au contraire, chiffre à l'appui, le CRPMEM affiche les efforts qui ont été les siens ces dernières années dans la traçabilité des prises ou de la meilleure connaissance du stock d'espadons, exemplifiés par un prélèvement en poissons ultra marginal de 0,013% sur la zone exclusive de l'océan Indien pour les bateaux réunionnais.
Alors que dans le même temps, la Réunion et Mayotte apportent à la France 10% de ses zones exclusives de pêche, les 74 bateaux de l'UE (dont beaucoup sont espagnols) qui sillonnent ce territoire réalisent jusqu'à 14% des prélèvements.
Pas de distinction entre pêcheur continental et pêcheur domien vu de Bruxelles
Cette déconsidération s'expliquerait selon Jean-René Enilorac par le faible poids que constitue l'alliance des parlementaires européens domiens face au lobbying réalisé par leurs homologues continentaux. Résultat des discussions portées à Bruxelles : la filière pêche n'existe pour l'Europe qu'à travers les pays qui composent sa politique commune. Vu de Bruxelles, les DOM n'existent pas. "Il faut écouter ce que disait la Commissaire chargée de la pêche, Maria Damanaki, pour comprendre qu'elle continuait d'assimiler la Réunion aux Açores", raille le président du CRPMEM.
Face à ce traitement européen "non différencié" pour les DOM, le comité des pêches annonce sa préférence pour la mise en place d'une politique de pêche à hauteur des RUP et pour une meilleure différenciation par rapport à la pêche française continentale.
Le peu de soutien affiché par Bruxelles paraît d'autant plus incompréhensible que, pendant le même temps, "l'Europe met de l'argent dans la rénovation du port ouest, c'est paradoxal", ironise le président du comité des pêches. "Mais a-t-on déjà vu un port sans pêcheur", poursuit-il en s'inquiétant du peu d'espoir laissé à la jeunesse qui souhaite s'engager dans ce milieu. La pyramide des âges de la profession parle d'elle-même : les pêcheurs réunionnais ont plus de 46 ans, recense une étude.
Quelle est aujourd'hui l'intention de l'Union européenne pour sa filière pêche ? "Favoriser les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), encourager l'évasion des bateaux réunionnais vers les pays de la zone car moins rigoureux en matière de législation".
Tous ces coups de gueule, Jean-René Enilorac compte bien les reproduire dès le 9 janvier en Martinique où se tiennent les assises de la pêche. Confrontés aux mêmes inquiétudes, les comités régionaux des pêches issus des outre-mer doivent y décider d'une réplique unitaire pour tenter de corriger le FEAMP 2014-2020. Le soutien des parlementaires locaux et du président de Région, Didier Robert, est par ailleurs fortement attendu. Les candidats aux élections européennes de mai seront également priés de prendre position.