Poétesse, universitaire et journaliste, la Réunionnaise Catherine Boudet est privée de passeport, ce qui équivaut de fait à une assignation à résidence à l’Ile Maurice. Un long calvaire qui dure depuis plus de 20 mois.
Catherine Boudet soupçonne, en avril 2011, l’historien Stéphane Sinclair de commettre des actes graves et préjudiciables à Maurice au niveau des archives du pays. Ce dernier avait été engagé comme consultant par la Commission Justice et Vérité, qui étudie les conséquences de l’esclavage et de l’engagisme à l’île Maurice. Catherine Boudet informe la police de son faisceau de présomptions autour de cette affaire touchant aux intérêts de l’Etat mauricien.
Mais retournement de situation, la Réunionnaise est arrêtée le 20 avril 2011 sur son lieu de travail, dans les locaux de la rédaction d’un journal local. Elle subit un interrogatoire serré et passe une nuit en cellule policière.
« Son arrestation a été humiliante et complètement démesurée par rapport à l’accusation »
Poursuivie pour divulgation de fausses nouvelles à l’encontre de l’historien Stéphane Sinclair, Catherine Boudet encourt aujourd’hui un an de prison ferme. Remise en liberté sous caution et sans passeport pour bénéficier d’un permis de travail, elle ne peut plus exercer sa profession et se trouve en conséquence sans ressources financières. Son procès a déjà été reporté à trois reprises, dont la dernière fois le 14 novembre dernier.
Son père, Serge Boudet, critique ouvertement les lenteurs de la justice mauricienne et l’opacité de ses rouages. « Son arrestation a été humiliante et complètement démesurée par rapport à l’accusation. Et il n’y a pas eu d’enquête sérieuse avant l’arrestation« , clame-t-il aujourd’hui, écœuré par les zones d’ombre du dossier judiciaire.
L’homme, combatif, s’explique et s’interroge. « Ma fille a été accusée au départ provisoirement et il faudra attendre 14 mois pour que le Directeur des Poursuites Publiques (Ndlr : l’équivalent du Procureur de la République) ne fasse passer l’accusation provisoire en acte d’accusation formel. Il y a eu des dysfonctionnements dans le déroulement de la procédure. Et par ailleurs, la confiscation de passeport sur une longue durée est, rappelons-le, une atteinte aux Droits de l’Homme, ainsi que le spécifie un arrêt de la Cour européenne de Justice », explique Serge Boudet.
Catherine Boudet s’est vue décerner, début novembre, le Grand Prix de poésie Joseph Delteil, pour son recueil Les Laves bleues dont la plupart des poèmes sont consacrés à Maurice.
La remise de son prix se tiendra le 8 décembre prochain à Montpellier, sans l’écrivaine réunionnaise, « privée de sa liberté à l’Ile Maurice« , conclut Serge Boudet.
Source [http://www.indian-ocean-times.com]urlblank:http://www.indian-ocean-times.com