Ce soir, le clown est triste.
Il s’avance, seul, sur la piste,
Grimé de douleur,
Fardé de malheur,
Le clown pleure.
Son regard vide, s’est perdu
Tout en haut de la toile tendue,
Il cherche sa belle
Au regard de ciel.
Là haut, pend, vide, le trapèze,
Les rires, les bravos, rien ne l’apaise.
Ce soir le clown est triste.
Il s’avance, seul, sur la piste,
Grimé de douleur,
Fardé de malheur,
Le clown pleure.
Des larmes de cristal mort
Tracent les sillons d’un mauvais sort
Sur ses joues maquillées, écarlates,
Piquées d’un nez rouge qui éclate.
Les carreaux de son long manteau
Sont brisés par son lourd fardeau.
Son vieux chapeau de feutre vert,
Lui aussi, a le coeur à l’envers.
Ce soir le clown est triste.
Il s’avance, seul, sur la piste,
Grimé de douleur,
Fardé de malheur,
Le clown pleure.
Il offre cependant, malgré sa peine,
Son grand coeur de carton blême,
Aux petits, aux plus grands
Aux adultes, aux enfants,
Serrés là, sur les bancs,
Silencieux en l’attendant.
Son oeil étincelle
Il déploie ses ailes,
Sous la toile de son ciel.
Le clown n’est plus triste,
Il n’est plus seul sur la piste,
Il s’élance, masqué de bonheur,
Fardé de couleurs,
Il empoigne le bandonéon,
Souffle dans l’hélicon,
Divinise l’harmonica,
Embrasse le tuba.
Tout le cirque rit.
Le public applaudit.
Et pourtant, pourtant,
Bonnes gens,
Ce soir, le clown est triste.
Il s’avance, seul, sur la piste.
Grimé de douleur,
Fardé de malheur,
Le clown pleure.
Son amour s’est envolé,
Dans un dernier salto ailé
Au paradis d’un cirque éternel
Où un jour, il rejoindra sa belle.
Il s’avance,
Seul,
Sur la piste.
Il pleure,
Grimé de douleur,
Fardé de malheur.
Une larme de clown
On en rit,
Lui, ce soir, en pleure.