Sans faire offense à Jean-Jacques Vlody et Bachil Valy, la bombe de ce début de matinée concerne en priorité Nassimah Dindar, la présidente du Département, mais aussi et surtout une personnalité qui avait su se rendre incontournable sur l’échiquier politique local.
Trois ans c’est énorme. Mais à la limite, pour un homme politique, un an ou trois ans, c’est pareil. Comme le faisait remarquer un avocat lors du procès, l’inéligibilité c’est l’équivalent de la peine de mort pour un élu.
Si cette peine venait à être confirmée (on imagine que les trois élus feront appel et iront ensuite éventuellement en cassation), Nassimah Dindar et Bachil Valy devront retourner devant les électeurs, au terme de leur inéligibilité, sans l’aide considérable que leur apportent traditionnellement leurs collectivités.
On sait combien les élus savent à merveille transformer les employés de leurs collectivités en militants. On sait aussi que nombre d’électeurs votent en fonction de promesses d’embauches, d’embauches réelles opportunément effectuées dans les mois qui précèdent une élection, ou d’aides apportées par les CCAS durant la campagne. Les « ti bons » ont remplacé les « feuilles tôles » et autres sacs de ciment…
Que pèseront demain une Nassimah Dindar et un Bachil Valy s’ils ont dû démissionner de leurs postes, effectuer une traversée du désert et revenir devant les électeurs sans l’appui du Département et de la mairie de l’Entre-Deux ? Poser la question, c’est déjà en partie y répondre…
Cette condamnation est le premier faux pas de Nassimah Dindar, dans un parcours jusqu’ici brillant.
C’est peu dire que la présidente du Département a réussi seule, envers et contre tous. Récemment brillamment réélue conseillère départementale puis présidente du Département, l’avenir s’annonçait radieux pour elle.
Sollicitée pour les élections législatives de juin, elle avait refusé, préférant laisser la place à Jean-Jacques Morel et se réserver pour les sénatoriales en septembre où elle avait de grandes chances d’être élue.
Condamné ce matin, il est très probable qu’elle fasse appel. Le nouveau procès pourrait se tenir soit à la fin de cette année, soit en début d’année prochaine. En cas de confirmation de la condamnation, elle pourrait toujours se pourvoir en cassation, ce qui aurait pour effet de suspendre l’inéligibilité.
Comme il faut environ un an pour que l’affaire soit examinée à Paris, on peut imaginer, en théorie, qu’elle pourra se présenter aux sénatoriales de septembre. Mais, dans cette hypothèse, elle risque de se présenter au vote des grands électeurs dans une position très affaiblie et ses chances de siéger au Palais du Luxembourg seraient alors bien moindre qu’elles ne l’étaient il y a encore quelques jours, avant le jugement du tribunal de Saint-Pierre.
Et même si elle était élue, elle serait toujours sous la menace d’une peine d’inéligibilité, au cas où la Cour de Cassation se décidait à confirmer les jugements du tribunal correctionnel et de la cour d’appel.
L’avenir s’est brusquement assombri ce matin au dessus de la tête de la présidente du Département et le Palais de la Source est passé en alerte rouge cyclonique…