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Le changement climatique affecte notre santé

Un récent rapport du Programme des Nations-Unies sur le changement climatique est sorti le 12 octobre 2018. Il avertit sur les conséquences en termes de santé des populations, si les gouvernements n’effectuent pas des modifications profondes et rapides pour ralentir le réchauffement global. Les risques d’un tel réchauffement ne sont pas seulement planétaires, ils impactent […]

Ecrit par Dr Bruno Bourgeon, président d’AID – le lundi 05 novembre 2018 à 18H30

Un récent rapport du Programme des Nations-Unies sur le changement climatique est sorti le 12 octobre 2018. Il avertit sur les conséquences en termes de santé des populations, si les gouvernements n’effectuent pas des modifications profondes et rapides pour ralentir le réchauffement global. Les risques d’un tel réchauffement ne sont pas seulement planétaires, ils impactent aussi la santé des hommes, d’au moins six manières différentes, des maladies vectorielles au diabète de type 2.
 
D’abord les maladies vectorielles à moustiques ou tiques

Un climat chaud et humide favorise de telles maladies. Les experts s’accordent pour dire que le réchauffement augmente le risque de maladies vectorielles transmises par les tiques, les moustiques, ou d’autres organismes. Ces maladies ont triplé aux Etats-Unis depuis 2004. La fièvre jaune et la fièvre du Nil deviendront plus présentes, et on peut aussi s’inquiéter que la malaria puisse ré-émerger dans des contrées où elle avait disparu.

Les perturbations climatiques n’affecteront pas seulement l’écosystème des insectes, mais aussi leur durée de vie, et les modes de réplication virale en leur sein.Ceci pourrait favoriser l’expansion du virus Zika, selon le CDC (Center of Disease Control) d’Atlanta. Ainsi, plus de 2400 femmes enceintes aux Etats-Unis ont un test positif au Zika depuis 2015, et la maladie de Lyme, comme la fièvre pourprée des Montagnes Rocheuses, ou d’autres maladies vectorielles, pourraient s’étendre. 27388 cas de ces maladies étaient répertoriés en 2004, nombre qui a grimpé à 96075 en 2016, toujours selon le CDC.
 
Eaux contaminées et infections bactériennes menaçantes

Les conditions climatiques extrêmes contribuent à développer les infections bactériennes, au travers des eaux contaminées, spécialement en été. Les températures plus élevées peuvent rendre ces tempêtes plus puissantes. En cas d’inondations, les eaux des pluies se mêlent aux épandages agricoles ce qui peut conduire à une contamination bactérienne des eaux. Cette contamination affecte aussi les récoltes et peut conduire à des maladies induites par l’alimentation. Les fortes pluies et les inondations peuvent contribuer à répandre les bactéries fécales et les virus dans les champs cultivés. Un océan plus chaud fait aussi la différence : augmentation des contaminations des coquillages qui peuvent favoriser les infections chez les nageurs, surtout en cas de rupture de la barrière cutanée.
 
Augmentation des maladies mentales et des risques de suicides avec l’augmentation des températures

Même une modeste élévation des températures s’accompagne d’une augmentation de l’incidence des maladies mentales, selon une étude de 2018 qui a porté sur deux millions de résidents américains. L’augmentation de 1°C sur 5 ans a été reliée avec l’augmentation de 2% des affections psychiatriques, selon le très sérieux Proceedings of the National Academy of Sciences. Avec une approche différente, l’étude montre aussi une corrélation non fortuite entre une élévation des températures au-dessus de 30°C, avec une augmentation de 0.5% des maladies mentales. Nick Obradovich, le premier auteur de l’étude, remarque que ces résultats, cohérents sur l’ensemble du territoire américain, pourrait signifier une augmentation de 2 millions de personnes en difficultés psychologiques.
Une autre étude publiée dans Nature Climate Change trouve qu’une élévation de 1°C de température est corrélée à une augmentation de 0.68 % de taux de suicides. Ce qui pourrait aboutir à 14000 suicides supplémentaires aux Etats-Unis en 2050. Bien que d’autres recherches soient évidemment nécessaires pour comprendre cette augmentation du taux de suicides, l’auteur pense que les facteurs économiques et les changements biologiques devraient en être à l’origine. Un lien biologique est plausible entre température, régulation thermique, et régulation cérébrale de nos propres émotions.
 
Perturbations climatiques et diabète de type 2

Selon une étude du BMJ Open Diabetes Research and Care dans une étude de 2017, l’élévation des températures va de pair avec une augmentation de l’incidence du diabète de type 2. Cependant, les chercheurs n’ont porté leur attention que sur la relation entre diabète et températures, sans établir une relation de cause à effet. Pour autant, le taux de diabète augmente de 4% par degré Celsius gagné aux USA. 0 l’échelle mondiale, l’intolérance au glucose, ou pré-diabète, augmente de 0.17% par degré Celsius de réchauffement.
Lisanne Blauw, chercheure au Centre médico-universitaire de Leiden, aux Pays-Bas, assure que l’augmentation de 1°C de température pourrait causer 100000 cas de diabète en sus, rien qu’aux USA.

Quand bien même la consommation calorique et l’obésité seraient probablement les plus gros facteurs de risque de diabète, l’étude prend l’hypothèse que l’élévation des températures diminuerait l’activité des cellules de graisse brune, qui brûlent les graisses générant ainsi de la chaleur par temps froid. Activant ainsi insulino-résistance et diabète.
 
Problèmes respiratoires et AVC

Les gaz à effet de serre comme le CO2 contribuent au changement climatique, mais aussi génèrent des particules fines que vous inhalez et qui peuvent pénétrer le sang. Ces particules aggravent l’asthme, abîment la fonction respiratoire, augmentant le risque d’événements cardio-vasculaires, selon le Lancet de 2017. Dans la même étude, 8 millions de personnes sont décédés prématurément à cause de la pollution atmosphérique.

Une planète plus chaude signifie aussi plus d’incendies de forêts, donc de fumées détériorant la qualité de l’air. Un rapport de 2011 du National Research Council montre qu’1°C de plus conduit à une augmentation de 400% des aires d’incendies.

Et ce n’est pas seulement une question de polluants inhalés : le pollen aussi est impliqué, notablement plus fabriqué avec l’augmentation du CO2. En 2012, lors de la conférence du Collège américain d’allergie, asthme et immunologie, a calculé cette augmentation de pollen : on passerait de 8000 particules de pollen par m3 d’air, en 2000, à plus de 21000 en 2040.
Comportements humains
 
Le changement climatique peut aussi impacter les comportements humains : plus d’accidents de voiture fatals, moins de surveillance de la qualité alimentaire. Obradovich, du MIT, qui est le co-auteur de cette étude générale, prétend que les températures plus élevées sont mauvaises pour le fonctionnement humain. L’idée maîtresse est que le climat affecte nos devoirs, nos vies quotidiennes, et accroît les risques que nous prenons.

 

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