
Frédéric N., 49 ans, solide, trapu, muscles pétant de santé sous la chemise du bon faiseur, a été champion de France de body-building voici quelque temps. Malgré le temps qui file, l’Arnold en plus petit continue de porter beau et demeure impressionnant. Ses résultats comme son aspect forceraient le respect si…
S’il n’appartenait à une race trop répandue dans ce soi-disant "petit paradis". La race des machos qui disent "ma femme", "ma maîtresse", comme ils disent "ma maison, ma bagnole, mon chien, ma cravate". Des possédants se considérant nantis du droit de vie ou de mort sur leurs possessions !
Le trompeur trompé
Frédéric est convoyeur de fonds dans une société adéquate (2.900 euros) et porteur d’une arme, ce qui fait frémir quand on apprend la suite. Il est marié et père de deux enfants. En outre, depuis treize années, il a aussi "pris une maîtresse à temps plein", Marylou (prénom d’emprunt), une jeune femme (bien plus jeune que lui), à laquelle il fait des cadeaux et dont il exige une fidélité sans faille. Ce qui est un paradoxe qu’a relevé le président Molié :
"Vous êtes jaloux alors que vous êtes vous-mêmes marié".
Alors que ces treize longues années s’allongeaient, sans qu’elle vît rien venir d’autre que quelques cadeaux clairsemés, la jeune femme, amoureuse, a fini par demander à son amant de quitter sa légitime pour l’épouser elle et lui donner cet enfant qu’elle attend tant et tant. Niet ! Zéro calebasse ! Peau-de-balle et Oki ! Quitter sa femme, lui ? Et son statut social alors ? Et ses enfants ? Et son épouse ?
Marylou finit par comprendre (enfin ?) qu’elle ne tirera jamais rien de ce furieux Othello. Et prend peu à peu ses distances. C’est le début du cauchemar.
Frédéric comprend qu’il est en train de perdre son joujou sexuel et devient féroce. Les insultes se mettent à pleuvoir, style "Pute… Salope…" (sic).
Tabassage dans les règles de l’art
Le soir du 26 juin 2018, le boulot terminé, il décide d’aller voir si sa maîtresse n’a pas un coquin dans les coins. C’est que, dame ! on ne trompe pas ainsi le propriétaire de son corps !
Se hissant à la force des poignets (il en a encore) jusqu’à hauteur du premier, il croit voir une silhouette masculine. Son sang ne fait qu’un mauvais tour. Il redescend au rez-de-chaussée et "cogne à son l’huis". Cette expression chère à Brassens (L’orage) a été énoncée par un président Molié décidément en forme olympique ce mardi.
Elle ouvre en nuisette, ce qui a le don de lui mettre le feu à l’orgueil. Au lieu de "la mettre en lieu sûr entre ses bras câlins", pour continuer avec Jojo, il se met en devoir d’administrer à la malheureuse une de ces corrections qui comptent dans la vie d’un être humain !
Coups de pieds, coups de poings, gifles, grandes tapes sur tout le corps ; il continue de cogner alors qu’elle est au sol, coups de pieds au visage and so on. Il frappe si fort que l’empreinte de sa main est encore imprimée dans les reins de sa victime quand elle voit le médecin quelques jours après !
Un vrai tabassage dans toutes les règles de l’art. Une volonté enragée de faire mal et soulager son ego déshonoré. Comment ? Moi cocu ? Moi bafoué ? "Tiens ! Prends ça, s… !" Et pan dans le visage. Et vlan dans le cou. Et rrrran sur les fesses…
Frédéric, modestement, admet juste "quelques claques sans importance". Que ce serait-il passé s’il avait tapé "avec importance" ?
"Personne n’aura pu envie de ou après ça !"
Il finit par projeter "l’objet" de son ire sur le lit et s’aperçoit qu’elle ne porte pas de petite culotte. De rouge, il voit carmin : c’est sûr, elle vient de le tromper. Pour être certain qu’elle est "coupable", il lui empoigne la toison et glisse un doigt dans son intimité.
"Non ! proteste-t-il véhémentement à la barre. Je voulais voir si elle était encore mouillée".
Des frémissements de dégoût parcourent l’assistance. Comment peut-on… ? Question sans réponse.
Après quoi, ayant encore un chouïa de frustration à évacuer, il s’empare d’un couteau de cuisine qu’il menace de lui introduire là où vous devinez.
"Comme ça, personne i enservra pu de ou ! Personne n’aura pu envie rente avec ou !" La poésie se niche où elle peut.
Les certificats médicaux confirment point par point les déclarations de la martyre, les coups, le doigt… Et les constatations des enquêteurs prouvent qu’il a bel et bien lacéré les vêtements, surtout les petites culottes.
Il finit par se fatiguer (on se lasse de tout, même de cogner) et s’en va.
Au président Molié, il explique avoir pété les plombs en « croyant » voir la silhouette d’un homme s’enfuyant dans le noir. Suite à quoi le président va redire :
"Vous trompez vous-mêmes votre femme depuis des lustres… Vous essayez de nous faire prendre des vessies pour des lanternes ?"
Et s’il avait eu son arme ?
L’avocat saint-pierrois Farid Issé, a choisi sa tactique habituelle, voix calme et forte, aucun effet de manches mais arguments assénés avec la légèreté d’un marteau-pilon. Et expliqué pourquoi Marylou était restée si longtemps avec cette brute immonde. En citant Stendhal : "Un très faible degré d’espoir suffit à susciter la naissance de l’amour !" Et saisit l’opportunité de ces Journées de la violence pour dire qu’à son avis, "après les VIF (violences intra-familiales) Frédéric nous propose de traiter les VEC (violences extra-conjugales)".
"Ma cliente a passé treize longues années à espérer une vie qu’elle n’aura jamais. On se demande ce qui serait arrivé s’il avait sur lui son arme de service ?"
La procureur Catherine Séry a continué de tirer à boulets ramés sur le tortionnaire : "Elle est mon objet, ma création, je m’arroge le droit de toucher son sexe pour savoir si… " Et a continué de démolir la brute avec une réjouissante bonne humeur, revenant dans le détail sur les tortures qu’a subies la malheureuse puis de réclamer 1 an avec sursis.
Me Moissonier, malgré son talent, n’a pu sauver son client du naufrage, le tribunal allant plus loin que les réquisitions : 2 ans avec sursis, inscription au fichier des délinquants sexuels, inscription de la peine au bulletin numéro 2. Ce qui, en toute légalité, devrait lui faire perdre sa place de convoyeur… et son flingue.
Il avait pourtant pleurniché à la barre qu’il perdrait son travail, mais les larmes de crocodile, vous savez…
Nous avons pu nous entretenir avec Marilou en présence de son avocat en attendant le jugement.
"Pourquoi être restée treize ans avec lui ? - Je l’aimais". C’est dit tout simplement, les yeux encore humides.
Total des courses, le traumatisme n’est pas fini, loin de là. "Quand elle est à son travail et voit une voiture comme celle de Frédéric, elle perd tous ses moyens et tremble", ajoute Me Issé. Faudra bien, un de ces quatre, foutre un coup de pied à la "séduction du bad-boy" !
S’il n’appartenait à une race trop répandue dans ce soi-disant "petit paradis". La race des machos qui disent "ma femme", "ma maîtresse", comme ils disent "ma maison, ma bagnole, mon chien, ma cravate". Des possédants se considérant nantis du droit de vie ou de mort sur leurs possessions !
Le trompeur trompé
Frédéric est convoyeur de fonds dans une société adéquate (2.900 euros) et porteur d’une arme, ce qui fait frémir quand on apprend la suite. Il est marié et père de deux enfants. En outre, depuis treize années, il a aussi "pris une maîtresse à temps plein", Marylou (prénom d’emprunt), une jeune femme (bien plus jeune que lui), à laquelle il fait des cadeaux et dont il exige une fidélité sans faille. Ce qui est un paradoxe qu’a relevé le président Molié :
"Vous êtes jaloux alors que vous êtes vous-mêmes marié".
Alors que ces treize longues années s’allongeaient, sans qu’elle vît rien venir d’autre que quelques cadeaux clairsemés, la jeune femme, amoureuse, a fini par demander à son amant de quitter sa légitime pour l’épouser elle et lui donner cet enfant qu’elle attend tant et tant. Niet ! Zéro calebasse ! Peau-de-balle et Oki ! Quitter sa femme, lui ? Et son statut social alors ? Et ses enfants ? Et son épouse ?
Marylou finit par comprendre (enfin ?) qu’elle ne tirera jamais rien de ce furieux Othello. Et prend peu à peu ses distances. C’est le début du cauchemar.
Frédéric comprend qu’il est en train de perdre son joujou sexuel et devient féroce. Les insultes se mettent à pleuvoir, style "Pute… Salope…" (sic).
Tabassage dans les règles de l’art
Le soir du 26 juin 2018, le boulot terminé, il décide d’aller voir si sa maîtresse n’a pas un coquin dans les coins. C’est que, dame ! on ne trompe pas ainsi le propriétaire de son corps !
Se hissant à la force des poignets (il en a encore) jusqu’à hauteur du premier, il croit voir une silhouette masculine. Son sang ne fait qu’un mauvais tour. Il redescend au rez-de-chaussée et "cogne à son l’huis". Cette expression chère à Brassens (L’orage) a été énoncée par un président Molié décidément en forme olympique ce mardi.
Elle ouvre en nuisette, ce qui a le don de lui mettre le feu à l’orgueil. Au lieu de "la mettre en lieu sûr entre ses bras câlins", pour continuer avec Jojo, il se met en devoir d’administrer à la malheureuse une de ces corrections qui comptent dans la vie d’un être humain !
Coups de pieds, coups de poings, gifles, grandes tapes sur tout le corps ; il continue de cogner alors qu’elle est au sol, coups de pieds au visage and so on. Il frappe si fort que l’empreinte de sa main est encore imprimée dans les reins de sa victime quand elle voit le médecin quelques jours après !
Un vrai tabassage dans toutes les règles de l’art. Une volonté enragée de faire mal et soulager son ego déshonoré. Comment ? Moi cocu ? Moi bafoué ? "Tiens ! Prends ça, s… !" Et pan dans le visage. Et vlan dans le cou. Et rrrran sur les fesses…
Frédéric, modestement, admet juste "quelques claques sans importance". Que ce serait-il passé s’il avait tapé "avec importance" ?
"Personne n’aura pu envie de ou après ça !"
Il finit par projeter "l’objet" de son ire sur le lit et s’aperçoit qu’elle ne porte pas de petite culotte. De rouge, il voit carmin : c’est sûr, elle vient de le tromper. Pour être certain qu’elle est "coupable", il lui empoigne la toison et glisse un doigt dans son intimité.
"Non ! proteste-t-il véhémentement à la barre. Je voulais voir si elle était encore mouillée".
Des frémissements de dégoût parcourent l’assistance. Comment peut-on… ? Question sans réponse.
Après quoi, ayant encore un chouïa de frustration à évacuer, il s’empare d’un couteau de cuisine qu’il menace de lui introduire là où vous devinez.
"Comme ça, personne i enservra pu de ou ! Personne n’aura pu envie rente avec ou !" La poésie se niche où elle peut.
Les certificats médicaux confirment point par point les déclarations de la martyre, les coups, le doigt… Et les constatations des enquêteurs prouvent qu’il a bel et bien lacéré les vêtements, surtout les petites culottes.
Il finit par se fatiguer (on se lasse de tout, même de cogner) et s’en va.
Au président Molié, il explique avoir pété les plombs en « croyant » voir la silhouette d’un homme s’enfuyant dans le noir. Suite à quoi le président va redire :
"Vous trompez vous-mêmes votre femme depuis des lustres… Vous essayez de nous faire prendre des vessies pour des lanternes ?"
Et s’il avait eu son arme ?
L’avocat saint-pierrois Farid Issé, a choisi sa tactique habituelle, voix calme et forte, aucun effet de manches mais arguments assénés avec la légèreté d’un marteau-pilon. Et expliqué pourquoi Marylou était restée si longtemps avec cette brute immonde. En citant Stendhal : "Un très faible degré d’espoir suffit à susciter la naissance de l’amour !" Et saisit l’opportunité de ces Journées de la violence pour dire qu’à son avis, "après les VIF (violences intra-familiales) Frédéric nous propose de traiter les VEC (violences extra-conjugales)".
"Ma cliente a passé treize longues années à espérer une vie qu’elle n’aura jamais. On se demande ce qui serait arrivé s’il avait sur lui son arme de service ?"
La procureur Catherine Séry a continué de tirer à boulets ramés sur le tortionnaire : "Elle est mon objet, ma création, je m’arroge le droit de toucher son sexe pour savoir si… " Et a continué de démolir la brute avec une réjouissante bonne humeur, revenant dans le détail sur les tortures qu’a subies la malheureuse puis de réclamer 1 an avec sursis.
Me Moissonier, malgré son talent, n’a pu sauver son client du naufrage, le tribunal allant plus loin que les réquisitions : 2 ans avec sursis, inscription au fichier des délinquants sexuels, inscription de la peine au bulletin numéro 2. Ce qui, en toute légalité, devrait lui faire perdre sa place de convoyeur… et son flingue.
Il avait pourtant pleurniché à la barre qu’il perdrait son travail, mais les larmes de crocodile, vous savez…
Nous avons pu nous entretenir avec Marilou en présence de son avocat en attendant le jugement.
"Pourquoi être restée treize ans avec lui ? - Je l’aimais". C’est dit tout simplement, les yeux encore humides.
Total des courses, le traumatisme n’est pas fini, loin de là. "Quand elle est à son travail et voit une voiture comme celle de Frédéric, elle perd tous ses moyens et tremble", ajoute Me Issé. Faudra bien, un de ces quatre, foutre un coup de pied à la "séduction du bad-boy" !