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Le budget, un acte politique par essence

Le budget, un acte politique par essence La mode est à la critique des élus. Mais la compréhension des difficultés auxquelles ils sont confrontés en cette période de crise, que ce soit au niveau de l’État ou des collectivités locales, au-delà du débat partisan, face à une opinion toujours prompte à les condamner et qui […]

Ecrit par Aimé LEBON – le lundi 22 décembre 2014 à 09H47

Le budget, un acte politique par essence

La mode est à la critique des élus. Mais la compréhension des difficultés auxquelles ils sont confrontés en cette période de crise, que ce soit au niveau de l’État ou des collectivités locales, au-delà du débat partisan, face à une opinion toujours prompte à les condamner et qui les oblige à toutes sortes de contorsions, doit l’emporter. À la condition malgré tout que le summum du ridicule ne soit pas atteint comme lors du vote du budget primitif 2015 du conseil général.

Ainsi, Nassimah Dindar, qui a exercé plusieurs mandats à la direction de cette collectivité et qui a été jusqu’à émettre l’idée d’intégrer en pleine séance de nouvelles propositions, mais sans qu’il y ait eu le moindre commencement d’un tel processus, a finalement affirmé : « ce budget n’est pas politique, il se veut réaliste afin de répondre aux préoccupations de la population ».

C’est vrai qu’elle n’est en tant que chef du département que la création politique d’un assemblage d’intérêts allant du PCR à des centristes en passant par le PS, et qu’elle entend dans la perspective des prochaines départementales passer dans le camp de son actuelle opposition mieux cotée ces temps-ci dans l’opinion. Le but de l’opération est évident : tout faire pour essayer de garder son fauteuil en échange d’un soutien au bloc de la droite, sa mission étant d’empêcher toute consolidation d’un groupe centriste qui ambitionnerait de s’opposer à Didier Robert pour les régionales. Mais quand même, après un tel parcours, elle devrait savoir que le budget est un acte politique qui ne saurait être noyé dans des considérations financières, économiques, quelles que soient leurs importances. L’intelligence tactique finit toujours par s’effilocher à force de contourner le mur des problèmes.

En effet, ce budget, qui plus est dans une république décentralisée, est un acte démocratique, parce que élaboré et adopté par une majorité pour traduire et concrétiser des objectifs, en augmentation des dépenses nouvelles dans divers secteurs et en réduction dans d’autres.
Elle aurait dû s’employer à défendre une ligne politique, une trajectoire, sur ses choix budgétaires. Mais elle a préféré montrer qu’elle était prête à nager dans le bain tactique de ses opposants, qui, après avoir listé quelques secteurs jugés délaissés, se sont surtout appliqués à botter en touche pour éviter de débattre sur le fond. Pour l’opposition, c’est « l’État qui charge la barque et que c’est lui qui rend difficile la confection d’un tel budget », tout en laissant la porte ouverte à la présidente : « ce n’est nullement faire offense aux services du conseil général que de s’abstenir », comme si le budget n’est qu’une construction technique. Alors qu’il aurait fallu entrer dans une répartition des charges entre les citoyens, les secteurs prioritaires, et aborder ainsi des questions où apparaissent concrètement, bien au-delà du simple bavardage sur les ondes, les politiques de justice sociale, d’égalité, de l’intérêt général et de la solidarité locale, etc.
Mais tous ces acteurs, qui se complaisent dans les effets d’annonce, dans le théâtre, ne vont pas tarder à discourir encore plus largement sur la vision commune, sur l’union des Réunionnais, alors qu’ils avaient l’occasion dans la préparation de ce budget et dans le débat public de présenter des synthèses indispensables en se prononçant sur les contrats d’objectifs suite aux évaluations régulières des politiques entreprises pour faire avancer le pays. Et ainsi de décourager les aventures personnelles, en investissant dans l’indispensable réflexion « sur la complexité qui ne peut se comprendre que dans la longue durée », comme l’indiquait récemment Michel Rocard.

Aimé LEBON, Bois-de-Nèfles Saint-Paul

 

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