Le mutisme des footballeurs iraniens est un message fort adressé à la communauté internationale, qu’elle soit sportive ou politique : le football, et le sport en général, est éminemment politique. N’en déplaise à Emmanuel Macron qui, après avoir instrumentalisé la victoire des Bleus en 2018, a récemment déclaré qu’il ne fallait pas politiser le sport.
Sérieux ?
Depuis les Jeux Olympiques de Berlin (1936), en passant par la Coupe du Monde de football en Argentine (1978) ou les Jeux d’hiver à Sotchi (2014), seuls les naïfs croient encore à un sport libéré de toute pression extérieure. Le sport a énormément de vertus. Mais pas celle d’être apolitique ! Les athlètes eux-mêmes en sont conscients, qui utilisent les stades pour promouvoir les valeurs qui leur tiennent à cœur : le cycliste italien Gino Bartali défiant symboliquement le pouvoir fasciste, après sa victoire dans le tour de France 1938 ; Tommie Smith et John Carlos, poings levés sur le podium de la finale du 200 mètres, à Mexico (J.O. 1968) ; Colin Keapernick, Megan Rapinoe, Lebron James, Mickael Jordan, des stars dans leurs disciplines respectives, mettant leur notoriété (et leur carrière pour Keapernick) en jeu pour dénoncer les violences policières racistes.
Message également à nos joueurs français, millionnaires en short qui ne veulent pas voir plus loin que leurs comptes en banque, leurs carrières, le renouvellement fastueux de leurs contrats ou le transfert juteux vers des clubs richissimes. Combien paraît dérisoire la déclaration d’Hugo Lloris, gardien de but et capitaine de l’équipe de France, face à la menace qui pèse sur les joueurs iraniens et leurs familles. Ce n’est pas un carton jaune qu’ils risquent, mais leurs vies et celles de leurs proches pour avoir bravé un pouvoir corrompu, extrémiste et sanguinaire.
Message enfin à la FIFA et à son président, Gianni Infantono, qui a élu domicile à Doha, idiot utile d’un pouvoir qatarien roublard, retors (comme en témoigne l’excellent documentaire d’Alfred de Montesquiou, « Qatar, au pays des mille et une ruses », diffusé sur France TV). Et président d’une fédération pour laquelle l’important est de participer… à la croissance de ses profits, quelle qu’en soit la contrepartie.
Infantino et la FIFA devraient se rappeler que lorsqu’on dîne avec le diable, il faut une longue cuillère.