C’est sur ces terres dans le quartier de Terrain Fleury que la ville du Tampon s’est notamment développée. En 1830, le comte Gabriel Le Coat de Kerveguen s’ y installe et se constitue un empire. De ce passé colonial, il ne reste plus grand chose. Le cimetière a été construit à côté de la première église de la ville, une case créole de 90 ans a été rasée récemment pour y bâtir un nouveau centre médical. Aujourd’hui, c’est au tour de l’ancienne cure d’être en sursis. Les propriétaires des terrains depuis près d’un siècle sont en passe de vendre. Un compromis a été signé. La case créole de 250 m2 va être détruite ainsi qu’un jardin aux essences rares.
Les bulldozers devraient ainsi faucher sur leur passage un magnifique camphrier installé depuis au moins 200 ans, un Ylang-Ylang, un Champac, des rosiers… Un crève-coeur pour la propriétaire qui n’a eu d’autres solutions que de vendre face aux investissements importants que constitue l’entretien d’une telle demeure.
En lieu et place, va être édifiée une résidence « Senioriales » de 68 logements sur plusieurs étages et qui comprendra un espace commun en rez-de-chaussée. Seules les rangées de Jacarandas seront préservées. Selon les auteurs du projet, le camphrier de la cure ne pourra « a priori » être sauvegardé car attaqué par les termites.
L’APN au secours
En apprenant qu’un camphrier remarquable de 300 ans avait déjà été sacrifié non loin du chantier du centre médical un peu plus bas, Yohan Lartin de l’association APN (Amis des Plantes et de la Nature à la Réunion) s’est empressé d’aller à la rencontre de la propriétaire pour tenter de sauver les arbres condamnés. « J’espère pouvoir sauver un Ravintsara de 200 ans, aux nombreuses propriétés médicinales en le cernant pour ensuite le déplacer », explique le professionnel de l’horticulture.
Des marcottes ont également été réalisées sur les autres arbres pour ne pas perdre ce patrimoine végétal. Mais pour ce qui est du paysage, il sera modifié à jamais si le camphrier bicentenaire devait être abattu. « Un arbre qui représente un danger », a tenu à réagir les propriétaires des parcelles.