"Nou lé pas des gens bien, mais nou lé drôle", lâche fièrement Mathieu* en attendant le délibéré. Lui et ses deux camarades donnent plus l’impression de collégiens indisciplinés attendant de rentrer dans le bureau du principal que de prévenus dans une affaire vol avec violences. Les gendarmes et policiers en charge d’assurer la sécurité ont droit à de véritables sketchs lors des interruptions d’audience.
Une jovialité qui contraste avec le traumatisme que subissent les victimes suite à cette virée cauchemardesque. Sept plaignants se sont constitués parties civiles dans cette affaire, dont la gendarmerie nationale.
L’un d’eux fêtait son CDI
Jeudi dernier, Sébastien*, 20 ans, descend à Saint-Pierre pour récupérer les documents de fin de contrat avec son ancien employeur. Il a signé un CDI dans une autre entreprise la veille. Il est accompagné par Rudy*, 31 ans. Les deux jeunes hommes boivent durant toute la journée. En fin d’après-midi, ils se rendent à la gare de Saint-Pierre. C’est là qu’ils croisent leur ami Mathieu. Ensemble, ils rentrent tous au Tampon.
Pendant le trajet, une passagère est occupée sur son portable. Sébastien fait alors un signe de tête à Mathieu vers le téléphone pour lui faire comprendre qu’il y a "quelque chose à faire". Une fois arrivé à la gare, Mathieu va se saisir du téléphone de la jeune femme. Les trois partent en courant et elle les poursuit. La mère de la jeune femme qui l’attend sur le parking voit la scène sans réaliser ce qu’il se passe.
Les trois amis partent en direction d’un restaurant faisant face à la gare. Le propriétaire les menace d’appeler les gendarmes. Mathieu va alors se saisir du pistolet à billes vide de Rudy et menacer le commerçant. La bande va ensuite reprendre la fuite.
En chemin, Sébastien a une envie de voler un scooter. N’y parvenant pas, ils se rabattent sur une moto Suzuki. Les trois montent sur le deux-roues, mais chutent plus loin. Ils décident de se rendre chez un ami qui vit à proximité pour lui demander une boîte à outils, sans lui expliquer la raison. L’ami accepte de leur prêter, mais ne veut pas que les trois rentrent chez lui.
C’est à ce moment-là que les gendarmes arrivent pour les interpeller. Lors de sa garde à vue, Rudy va dégrader l’œilleton de sa porte de cellule en y inscrivant son nom. Le lendemain, un couple vient porter plainte à la gendarmerie, car la vitre de leur voiture a été brisée et leur carte grise dérobée. Sébastien est suspecté d’avoir commis cette dégradation.
"On a l’impression d’être dans une cour d’école"
Au tribunal, les trois prévenus ont du mal à respecter les règles. Ils interrompent le juge et les avocats qui doivent sans cesse leur demander de se taire et de ne pas les interrompre. Ils ont l’air presque amusés d’être présents au tribunal. Seule l’annonce des chiffres des dommages et intérêts demandés par les victimes refroidit temporairement leur ardeur.
Tous assurent avoir trop bu pour se souvenir en détail des faits, mais les reconnaissent en général. Ils chipotent cependant sur des éléments du dossier sans importance. Seul Mathieu ne va jamais contredire l’énoncé des faits en soulignant que "si les victimes le disent, c’est que c’est vrai."
Lors de ses réquisitions, la procureure Simona Pavel met le doigt sur "la perception des prévenus sur les faits. On voit bien que c’est rentré dans leur rythme et leur normalité. Ce type de comportements répétés inquiète le ministère public. Mathieu, le plus impliqué, reconnaît les faits, mais il n'a pas conscience de leur gravité. On a l'impression d'être dans une cour d'école". Elle demande donc des peines ferme allant de 8 à 18 mois, ainsi que la révocation d'un sursis précédent.
Me Bruno Raffi, qui défend Mathieu, demande au juge de ne pas prononcer de peine ferme. Me Frédéric Hoarau, qui représente les deux autres, va s’attacher à démontrer que Rudy est le moins impliqué dans les faits. Il fait également remarquer qu’aucun élément matériel n’incrimine Sébastien concernant la voiture dégradée.
Après une longue délibération, le juge Laurent Fravette va condamner les trois prévenus. Sébastien est relaxé de la dégradation de voiture au bénéfice du doute, mais est condamné pour le reste. Il écope de 8 mois de prison et de la révocation d’un sursis de deux mois. Arrivé libre, il part en prison.
Rudy écope de la même peine. Il voit cependant la plainte pour la dégradation transformée en contravention. Enfin, Mathieu est condamné à 10 mois de prison, dont 6 avec sursis. Il est celui qui reçoit la peine la plus légère, mais celui qui doit le plus dédommager les parties civiles.
* Noms d'emprunt
Une jovialité qui contraste avec le traumatisme que subissent les victimes suite à cette virée cauchemardesque. Sept plaignants se sont constitués parties civiles dans cette affaire, dont la gendarmerie nationale.
L’un d’eux fêtait son CDI
Jeudi dernier, Sébastien*, 20 ans, descend à Saint-Pierre pour récupérer les documents de fin de contrat avec son ancien employeur. Il a signé un CDI dans une autre entreprise la veille. Il est accompagné par Rudy*, 31 ans. Les deux jeunes hommes boivent durant toute la journée. En fin d’après-midi, ils se rendent à la gare de Saint-Pierre. C’est là qu’ils croisent leur ami Mathieu. Ensemble, ils rentrent tous au Tampon.
Pendant le trajet, une passagère est occupée sur son portable. Sébastien fait alors un signe de tête à Mathieu vers le téléphone pour lui faire comprendre qu’il y a "quelque chose à faire". Une fois arrivé à la gare, Mathieu va se saisir du téléphone de la jeune femme. Les trois partent en courant et elle les poursuit. La mère de la jeune femme qui l’attend sur le parking voit la scène sans réaliser ce qu’il se passe.
Les trois amis partent en direction d’un restaurant faisant face à la gare. Le propriétaire les menace d’appeler les gendarmes. Mathieu va alors se saisir du pistolet à billes vide de Rudy et menacer le commerçant. La bande va ensuite reprendre la fuite.
En chemin, Sébastien a une envie de voler un scooter. N’y parvenant pas, ils se rabattent sur une moto Suzuki. Les trois montent sur le deux-roues, mais chutent plus loin. Ils décident de se rendre chez un ami qui vit à proximité pour lui demander une boîte à outils, sans lui expliquer la raison. L’ami accepte de leur prêter, mais ne veut pas que les trois rentrent chez lui.
C’est à ce moment-là que les gendarmes arrivent pour les interpeller. Lors de sa garde à vue, Rudy va dégrader l’œilleton de sa porte de cellule en y inscrivant son nom. Le lendemain, un couple vient porter plainte à la gendarmerie, car la vitre de leur voiture a été brisée et leur carte grise dérobée. Sébastien est suspecté d’avoir commis cette dégradation.
"On a l’impression d’être dans une cour d’école"
Au tribunal, les trois prévenus ont du mal à respecter les règles. Ils interrompent le juge et les avocats qui doivent sans cesse leur demander de se taire et de ne pas les interrompre. Ils ont l’air presque amusés d’être présents au tribunal. Seule l’annonce des chiffres des dommages et intérêts demandés par les victimes refroidit temporairement leur ardeur.
Tous assurent avoir trop bu pour se souvenir en détail des faits, mais les reconnaissent en général. Ils chipotent cependant sur des éléments du dossier sans importance. Seul Mathieu ne va jamais contredire l’énoncé des faits en soulignant que "si les victimes le disent, c’est que c’est vrai."
Lors de ses réquisitions, la procureure Simona Pavel met le doigt sur "la perception des prévenus sur les faits. On voit bien que c’est rentré dans leur rythme et leur normalité. Ce type de comportements répétés inquiète le ministère public. Mathieu, le plus impliqué, reconnaît les faits, mais il n'a pas conscience de leur gravité. On a l'impression d'être dans une cour d'école". Elle demande donc des peines ferme allant de 8 à 18 mois, ainsi que la révocation d'un sursis précédent.
Me Bruno Raffi, qui défend Mathieu, demande au juge de ne pas prononcer de peine ferme. Me Frédéric Hoarau, qui représente les deux autres, va s’attacher à démontrer que Rudy est le moins impliqué dans les faits. Il fait également remarquer qu’aucun élément matériel n’incrimine Sébastien concernant la voiture dégradée.
Après une longue délibération, le juge Laurent Fravette va condamner les trois prévenus. Sébastien est relaxé de la dégradation de voiture au bénéfice du doute, mais est condamné pour le reste. Il écope de 8 mois de prison et de la révocation d’un sursis de deux mois. Arrivé libre, il part en prison.
Rudy écope de la même peine. Il voit cependant la plainte pour la dégradation transformée en contravention. Enfin, Mathieu est condamné à 10 mois de prison, dont 6 avec sursis. Il est celui qui reçoit la peine la plus légère, mais celui qui doit le plus dédommager les parties civiles.
* Noms d'emprunt