Le centre Jacques Tessier de la Saline les Bains n’aura jamais été aussi protégé. Depuis ce matin, se tient une assemblée générale de la deuxième force syndicale chez les sapeurs-pompiers dans l’île. L’occasion pour son bureau de discuter des dernières avancées législatives sur la profession.
La première grande nouvelle de l’année 2012 est l’entrée en vigueur probablement courant avril de la réforme dite de « la filière des sapeurs-pompiers ».
« Du sapeur jusqu’au colonel, toutes les progressions de carrière vont être remises à plat », lance Patrice Beunard, président national du SNSPP, premier syndicat de sapeurs (« professionnels », ndlr) sur le plan hexagonal.
La grande nouveauté réside dans l’intégration d’une voie passerelle « sans concours » pour les nombreux sapeurs-pompiers volontaires qui espèrent devenir « professionnels« .
L’année des réformes pour la profession
Une porte d’entrée serait donc ouverte à tout sapeur-pompier volontaire ayant exercé au moins trois ans à intégrer la fonction de sapeur-pompier professionnel 2ème classe (et à l’échelle 5 de la catégorie C) à l’issue de laquelle les attend une période probatoire de 2 ans. Une sorte d’années en tant que « stagiaire », reconnaît Patrice Beunard.
« C’est une manière de recruter dans le vivier des pompiers volontaires », poursuit l’intéressé, venu pour l’occasion de cette AG de métropole. « Je pense que cette réforme passe bien quand on l’explique comme je le fais depuis ce matin » même si, dans les faits, les doutes de recrutement sur dossier, et donc d’éventuelles connivences, peuvent subsister. Le texte devra donc se soumettre lui aussi à la réalité une fois appliqué. En tout état de cause, de réforme, la profession de sapeur-pompier en connaît « une tous les dix ans environ », admet le président national du SNSPP. La dernière remonte à 2001.
Le texte, actuellement à l’étude par le Conseil d’Etat, viendrait concerner potentiellement « 400 pompiers volontaires dans le département », estime Willy Lauret, 1er vice-président du SNSPP local. Son entrée en vigueur est attendue pour la mi-avril.
L’attitude du colonel déjugée « sur la forme »
Si cette réforme semble faire l’unanimité, celle du passage au « 12 heures » dans les casernes de l’île pose problème. « Les 12 heures de travail sont passées en force à Saint-Denis », explique le syndicat Pour comprendre, il faut savoir que jusque-là l’emploi du temps d’un sapeur était bloqué sur une plage de 24 heures de rang. Cette formule permet à une équipe, d’une part de faire ses manoeuvres, « nous savons que sur une plage de 12 heures, les manoeuvres sont souvent sacrifiées », d’autre part, bloquer 24 heures permet une meilleure continuité dans la transmission des équipes, reconnaissent Patrice Beunard et Willy Lauret. « Nous disons que le passage aux 12 heures peut être profitable pour les pompiers passés 50 ans, car c’est vrai, au-delà de 50 ans ça peut devenir difficile, mais il ne faut pas l’imposer ». Toujours est-il que si son application est imposée comme elle l’a été dans le Nord en premier lieu, celle-ci continuera de poser problème.
« J’aime bien cette formule : si 100 pompiers font 24 heures, ça fait 2.400 heures. Si vous divisez par deux, il manque 1.200 heures, mais qui seront faites par qui si on n’embauche pas ? », poursuit Willy Lauret. Les syndicalistes du SNSPP s’en prennent ouvertement au syndicat majoritaire (localement du moins), la Fédération Autonome (FA), pour son suivisme avec la direction du SDIS.
D’ailleurs, puisque l’actualité de la semaine aura été ce boycott du colonel Vandebeulque à la promotion de soldats du feu mardi dernier à La Possession, Patrice Beunard tient à gratifier son passage dans l’île par une petite flèche décochée à l’attention du colonel: « Si tous les pompiers faisaient comme lui… Et même s’il y avait quelques pompiers pour qui il n’approuvait pas la remise de médailles, il aurait dû être présent. Je ne juge pas le fond, mais sur la forme ça ne nous paraît pas bien ce qui a été fait ».