"Pas d’alcool dans le kiosque, c’est la seule règle ! Sinon tout le monde est le bienvenu ici ", indique celui que tout le monde surnomme "Jésus". L’homme sait parfaitement les débordements que la boisson entraîne. "Ceux qui veulent boire vont ailleurs, pas dans le kiosque, sinon c’est ingérable. On n’a pas tous le même âge, les jeunes veulent s’amuser. Ils ne comprennent pas les dangers", indique Jésus qui regrette que certains très jeunes sans-abri plongent facilement dans l’alcool et la drogue "chamane". Mais malgré le trouble que ces derniers peuvent leur faire subir certains soirs, les résidents ne refuseront pas de les aider le lendemain, car "ceux qui restent avec nous réduisent leur consommation", affirme Jésus.
"On se donne la main"
Car c’est par finalement l’entraide entre sans-abri qu'a abouti l’occupation du lieu. Denis, que tout le monde appelle "Jah", connu comme chanteur-interprète à La Réunion et sans-abri, a commencé à distribuer des sandwichs et des cafés aux autres SDF. Au moment du confinement, il a décidé de se protéger sous le kiosque du parc du 20 décembre. Il a très vite été rejoint par d’autres SDF et ils se sont organisés en communauté.
Des associations, comme la fondation Abbé Pierre, sont venues à leur rencontre pour les écouter et les soutenir. En plus, les SDF ont eu la surprise d’avoir beaucoup de gestes de solidarité de la population. "On a les salariés qui travaillent dans le coin qui nous apporte à manger, on a un monsieur atteint d’autisme qui vient tous les jours nous apporter quelque chose. Il y a même une mamie de 80 ans qui nous apporte 5kg de riz toutes les semaines. On vit grâce aux gens, c’est mystique", assure Jah. Ces dons de nourritures sont ensuite partagés avec les sans-abri de passages. "On se donne la main", affirme Jah le sourire aux lèvres. Le site étant devenu une plaque tournante du don de repas, Jésus n’hésite pas à qualifier le lieu de "resto du cœur créole".
"On se donne la main"
Car c’est par finalement l’entraide entre sans-abri qu'a abouti l’occupation du lieu. Denis, que tout le monde appelle "Jah", connu comme chanteur-interprète à La Réunion et sans-abri, a commencé à distribuer des sandwichs et des cafés aux autres SDF. Au moment du confinement, il a décidé de se protéger sous le kiosque du parc du 20 décembre. Il a très vite été rejoint par d’autres SDF et ils se sont organisés en communauté.
Des associations, comme la fondation Abbé Pierre, sont venues à leur rencontre pour les écouter et les soutenir. En plus, les SDF ont eu la surprise d’avoir beaucoup de gestes de solidarité de la population. "On a les salariés qui travaillent dans le coin qui nous apporte à manger, on a un monsieur atteint d’autisme qui vient tous les jours nous apporter quelque chose. Il y a même une mamie de 80 ans qui nous apporte 5kg de riz toutes les semaines. On vit grâce aux gens, c’est mystique", assure Jah. Ces dons de nourritures sont ensuite partagés avec les sans-abri de passages. "On se donne la main", affirme Jah le sourire aux lèvres. Le site étant devenu une plaque tournante du don de repas, Jésus n’hésite pas à qualifier le lieu de "resto du cœur créole".
"On veut sortir de la rue"
La grande majorité d’entre eux n’ont qu’une idée en tête : se réinsérer. Mais avec la solidarité née entre eux ces dernières semaines, ils aspirent à pouvoir s’en sortir ensemble, tout en restant lucide sur les difficultés auxquelles ils doivent faire face. "On veut sortir de la rue", affirme Ahmed, également "locataire" du kiosque. Pour Jésus, "il faudrait des chantiers pour que les jeunes puissent se mettre à travailler". Mais Ahmed pense qu’il faut "également un accompagnement psychologique. La rue, ça fait des dégâts".
La grande difficulté est de sortir du cercle vicieux d’être sans toit et sans travail en même temps. "Si tu n’as pas de logement, tu n’as pas de travail, et l’inverse aussi. Quand tu es à la rue, le patron n’a pas confiance" certifie Ahmed. L’homme en a fait l’expérience. "Une fois, j’ai dit à mon patron que j’étais SDF. Il m’a annoncé qu’il ne pouvait pas me garder, car le métier était trop risqué (couvreur). Il m’a tout de même donné plus d’argent pour que je m’en sorte", raconte Ahmed avec un léger sourire en coin. Selon lui, il faudrait une structure capable d’accueillir les SDF pendant six mois pour leur permettre d’avoir le temps de se réinsérer.
Selon Jésus, l’idéal serait qu’on leur mette un bâtiment à disposition. "Si on nous met un bâtiment en mauvais état avec du matériel, on peut le rénover. On a les compétences pour ça", garantit le trentenaire. "On a besoin d’un endroit, on voudrait un truc collectif pour ne pas être divisé", ajoute Ahmed.
"C’est le regard des autres qui nous protège"
"On ne va pas tarder à se faire éjecter", regrette Jésus. La mairie ne voit pas d’un très bon oeil leur installation au Barachois. Le courant du kiosque a été coupé et les toilettes fermées pour les inciter à partir. Ils assurent qu’un policier "haut gradé" est venu leur annoncer qu’ils allaient devoir partir prochainement. En fait, ils sont tous conscients que c’est la vidéo de l’association Zetwal i brill qui leur a évité de se faire dégager. Selon eux, ils n’ont plus de problème depuis qu’elle a été publiée. "C’est le regard des autres qui nous protège", proclame Jah.
La grande majorité d’entre eux n’ont qu’une idée en tête : se réinsérer. Mais avec la solidarité née entre eux ces dernières semaines, ils aspirent à pouvoir s’en sortir ensemble, tout en restant lucide sur les difficultés auxquelles ils doivent faire face. "On veut sortir de la rue", affirme Ahmed, également "locataire" du kiosque. Pour Jésus, "il faudrait des chantiers pour que les jeunes puissent se mettre à travailler". Mais Ahmed pense qu’il faut "également un accompagnement psychologique. La rue, ça fait des dégâts".
La grande difficulté est de sortir du cercle vicieux d’être sans toit et sans travail en même temps. "Si tu n’as pas de logement, tu n’as pas de travail, et l’inverse aussi. Quand tu es à la rue, le patron n’a pas confiance" certifie Ahmed. L’homme en a fait l’expérience. "Une fois, j’ai dit à mon patron que j’étais SDF. Il m’a annoncé qu’il ne pouvait pas me garder, car le métier était trop risqué (couvreur). Il m’a tout de même donné plus d’argent pour que je m’en sorte", raconte Ahmed avec un léger sourire en coin. Selon lui, il faudrait une structure capable d’accueillir les SDF pendant six mois pour leur permettre d’avoir le temps de se réinsérer.
Selon Jésus, l’idéal serait qu’on leur mette un bâtiment à disposition. "Si on nous met un bâtiment en mauvais état avec du matériel, on peut le rénover. On a les compétences pour ça", garantit le trentenaire. "On a besoin d’un endroit, on voudrait un truc collectif pour ne pas être divisé", ajoute Ahmed.
"C’est le regard des autres qui nous protège"
"On ne va pas tarder à se faire éjecter", regrette Jésus. La mairie ne voit pas d’un très bon oeil leur installation au Barachois. Le courant du kiosque a été coupé et les toilettes fermées pour les inciter à partir. Ils assurent qu’un policier "haut gradé" est venu leur annoncer qu’ils allaient devoir partir prochainement. En fait, ils sont tous conscients que c’est la vidéo de l’association Zetwal i brill qui leur a évité de se faire dégager. Selon eux, ils n’ont plus de problème depuis qu’elle a été publiée. "C’est le regard des autres qui nous protège", proclame Jah.
"Si on se fait virer sans solution, nous on en trouvera une" certifie Jésus avant d’ajouter que "si les pouvoirs politiques ne font rien, qu’on nous donne juste les moyens et nous on va s’en sortir". "Il faudrait des tests de dépistages des talents, pour qu’on se rende compte de ce qu’on peut faire" assure le SDF avant de conclure que son combat dorénavant est de "prouver que les SDF ont des capacités".