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Le RSMA attire de plus en plus de jeunes réunionnais

Le RSMA (Régiment du service militaire adapté) de la Réunion ne connait pas la crise. Entre 2009 et 2012, l'effectif de jeunes engagés a doublé pour passer de 600 à 1200. Le RSMA plaît à la Réunion. Que ce soit pour les filières proposées (environ 30) ou pour l'encadrement militaire, les jeunes réunionnais poussent de plus en plus la porte de ce service des armées. Une réussite qui s'explique également par un taux d'insertion professionnel non négligeable. "La clé de la réussite est le volontariat du jeune et la ferme détermination dans l'encadrement militaire", explique le Colonel Bernard Rey, commandant du RSMA de la Réunion. Interview.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 01 mars 2013 à 17H44

Zinfos974 : Chaque année, combien de jeunes rejoignent le RSMA ?

Colonel Bernard Rey: En 2009, nous avons accueilli 600 jeunes. En 2012, nous en avons eu 1150. En 2013 nous arriverons à 1250 jeunes. L’objectif pour les années à venir est de porter le nombre de jeunes incorporant le RSMA à 1400, ce qui me fera un régiment de 1500 personnes incluant l’encadrement. Ça nous fait un doublement de l’effectif. Ce qui explique tout l’effort d’amélioration, de recrutement de formateurs, d’hébergement que l’on peut voir à Saint-Pierre. Nous avons toujours les mêmes objectifs et j’ai de plus en plus de jeunes à sortir d’affaire. En 2010, j’avais 300 jeunes insérés. En 2012 ils étaient 600.

Qu’est-ce qui plait autant aux jeunes pour qu’ils soient toujours plus nombreux à vouloir intégrer le RSMA ?

Avec humilité, il y a le système militaire qui plait à la Réunion, pour les familles comme pour les jeunes. Ensuite le jeune qui vient, le fait de manière volontaire. Il sait que derrière il y a du résultat. Mais il y a également un vrai besoin de cadre. Le jeune que l’on reçoit a besoin d’être structuré car il ne l’est plus chez sa famille ou dans le milieu scolaire. Le régime militaire permet de redonner des repères aux jeunes. On ne lâche rien sur le comportemental. C’est ce que demande un chef d’entreprise. Même si cela est contraignant, on ne lâche pas le morceau. Mon leitmotiv c’est : « Tu es venu, tu as signé et je souhaite que tu respectes ton engagement, la difficulté que tu vis ici, tu la vivras dans la vie et si tu dépasses cette difficulté, tu réussiras dans la vie ».

Je suis jeune et je n’ai pas de formation. Je peux venir chez vous ?

En général, dans le régiment nous avons des jeunes de 18 à 25 ans. On a quelques mineurs de 17 à 18 ans, les cadets du RSMA. Notre cible prioritaire sont les jeunes sans diplômes, dans une situation d’illettrisme et en décrochage scolaire. Nous avons également des jeunes faiblement diplômés. Nous les reprenons pour qu’ils acquièrent un complément de formation. On les aide à reprendre pied dans le monde du travail. Après nous avons des jeunes diplômés (Bac et plus) qui deviennent moniteurs dans les filières ou dans l’état major. On les recrute sur 1 à 5 ans, soit environ 150 en CDD. Quand j’entends les jeunes dire, les entreprises veulent des personnes qualifiées, nous sommes là pour ça.

Combien de temps dure l’engagement ?

Sur le coeur de cible, l’engagement dure entre 6 et 12 mois. Cela dépend de la filière. Il ne peut pas partir comme ça. Il signe un contrat d’engagement avec la France. Ce n’est plus le même système militaire qu’avant, il n’est pas convoqué. C’est lui qui fait la démarche volontairement. C’est ce qui fait que le RSMA fonctionne. On peut leur dire « tu sais c’est toi qui est venu, ce n’est pas nous qui sommes allés te chercher ».

Quelle est la journée type d’un jeune engagé au RSMA ?

La journée du premier mois est exclusivement militaire et se termine par une présentation au drapeau. Il arrive et découvre le système. Le marché au pas, le sport et le rythme de travail. C’est de l’internat. Je rejoins le régiment le dimanche soir. Je me réveille à 4 heures du matin. Je m’attache à nettoyer les locaux commun, je fais du sport je suis ma formation professionnelle… Ils on droit à un quartier libre par soir jusqu’à 22 heures.

Quelles sont les filières les plus appréciées ?

Ils viennent en général pour le transport en commun, les permis spéciaux. Sur ces filières on approche les 100% d’insertion. Après beaucoup de jeunes souhaitant s’engager dans l’armée. Mais cette dernière n’a pas forcément de place à offrir et je ne peux pas me permettre, financé par l’Union européenne, d’être une antichambre du recrutement de l’armée. Je suis là pour développer l’économie réunionnaise. Par exemple, sur le BTP on insère 30 à 40% des jeunes en dépit d’une crise forte.

Justement, sur 100 jeunes, combien trouvent du travail à la sortie du RSMA ?

On est à 67% en 2012. Pour nous c’est toujours insuffisant car nous aimerions être à 100%. C’est 600 jeunes qui ont eu un avenir avec nous en 2012. Les 3/4 se retrouvent en emploi direct c’est vraiment bien quand on connait la situation économique. 25% sont en poursuite de formation, on prend des jeunes qui n’ont rien. Certains sont en situation grave d’illettrisme. J’ai 40% de jeunes qui sur un test de niveau fin d’étude primaire ratent 60% des épreuves. Pour ça nous avons un dispositif de remise à niveau scolaire. Mon objectif est de leur donner une formation adéquate. Après je tiens à rappeler qu’une partie de la solution se trouve en métropole. Là-bas, le jeune pourra acquérir de la maturité et de l’expérience pour après revenir et trouver quelque chose ici à la Réunion. On a 72 jeunes qui sont partis en métropole en 2012 et 28 qui sont partis en engagement défense.

Combien coûte la formation d’un jeune au RSMA ?

C’est environ 7.000 euros pour former un jeune. C’est le même coût qu’un jeune formé dans une filière similaire du type école de la deuxième chance. Après, certaines filières coûtent plus chères chez nous, car elles nécessitent plus d’outillage ou l’externalisation des moyens comme les transports en commun. Ensuite, il est payé, nourri, logé et blanchi. Il touche environ 300 euros par mois. Quand au volontaire technicien, il touche environ 1.000 euros. Il faut ajouter le permis de conduire offert, ce qui n’est pas négligeable.

Pourquoi les entreprises font confiance au RSMA ?

On a le savoir faire, le savoir être et le savoir. Nous sommes attentifs à cela. La formation professionnelle est là pour la consolidation d’un projet professionnel. Et au travers de la formation, on travaille le savoir être et le comportemental. L’objectif est de proposer des jeunes dont le comportement sera transposable dans le monde de l’entreprise. Elles cherchent des jeunes qui ont envie de s’investir et de s’en sortir.

 

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