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Le Quotidien qualifié de « Jurassik press »…

Le oreilles de Pascal Baudoin, le rédacteur en chef du Quotidien, et de Thierry Benbassat, son directeur, ont du siffler ces derniers jours. Alain Girodo a créé un site internet ([www.chienecrase.com]urlblank:http://www.chienecrase.com/?s=jurassik) apparemment assez fréquenté sur lequel il expose sa vision sur le changement en cours de modèle économique des médias, changement lié aux nouvelles technologies […]

Ecrit par Pierrot Dupuy – le samedi 06 décembre 2008 à 16H41

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Le oreilles de Pascal Baudoin, le rédacteur en chef du Quotidien, et de Thierry Benbassat, son directeur, ont du siffler ces derniers jours. Alain Girodo a créé un site internet ([www.chienecrase.com]urlblank:http://www.chienecrase.com/?s=jurassik) apparemment assez fréquenté sur lequel il expose sa vision sur le changement en cours de modèle économique des médias, changement lié aux nouvelles technologies numériques de l’information.
A Zinfos, nous sommes au coeur de ce débat.
Dans un article daté de 18 octobre dernier, il relate sa rencontre avec ce qu’il qualifie lui même de représentants de la « Jurassik press ».
Voilà ce que ça donne…

Il y a des dinosaures dans la presse. Certains vivent (pour combien de temps encore?) sur l’île de la Réunion. Voilà comment je l’ai rencontré.
Il y a quelques mois j’ai lu une petites annonces sur talents.fr (excellent site pour les pros de la com et des médias en quête d’un emploi), le « Quotidien de la Réunion » cherchait un chef d’agence pour St-Denis. L’anpe me demandant (malgré mon âge) de justifier mensuellement mes recherches d’emploi, j’ai répondu à cette annonce (comme à une dizaines d’autres) en envoyant mon cv. Je pensais que je n’avais aucune chance d’être retenu en affichant un profil d’ancien directeur général d’un quotidien départemental militant du cross médias. J’ai néanmoins reçu une « convocation » (ça faisait longtemps que ça ne m’étais pas arrivé). Passé le moment de surprise j’ai décidé de répondre. Il y a toujours qu’elle chose à prendre lorsqu’on rencontre les gens. Et après tout mes compétences intéressaient peut-être vraiment la direction du « Quotidien » au cas où elle aurait besoin d’être accompagnée dans le cadre d’un projet ambitieux de développement numérique.
Je me trompais. Pourtant le besoin d’un tel projet me semblait plus qu’évident. « Le Quotidien » a été fondé en 1976 par un ancien photographe, Maximilien Chane Ki Chune (CKC), dont la famille donnait dans l’immobilier. Il voulait apporter aux habitants de l’île autre chose que la « pensée Hersant » diffusée par « Le Journal de l’ïle de la Réunion » (JIR) et que l’idéologie communiste dispensée par « Témoignage ». En dépit d’assez sérieuses difficultés dans les premières années, ce pari a été tenu. Assez en tout cas pour que l’affaire devienne relativement prospère et que la rédaction s’imagine être celle du « Libération » local.
Cet sorte de confort économique et intellectuel a à peine été entamé par l’arrivée (difficile) d’internet dans l’Ile. Le « Quotidien » a ouvert un site internet longtemps après le JIR qui avec clicanoo.com a fait le pari de l’information gratuite. Pour « ne pas se mettre une balle dans le pieds » (c’est une véritable rangaine dans la presse locale et régionale française) le site du quotidien est lui payant, et le journal est consultable dans un reader flash (pas en pdf car ça se copie) presqu’au même prix qu’en kiosque.
Le “Quotidien” ne s’est donc pas mis de balle dans le pied mais ça n’a pas empêcher le ciel numérique de lui tomber sur la tête. Puisque l’espace n’était pas occupé par les professionnels, ce sont des amateurs qui s’en sont chargé et pas si mal que ça: zinfos974 et autres ne sont pas des fanzines mais de bons web canard locaux. Et naturellement sur une île qui a une population très jeune, ce qui devait finir par arriver est arrivé: il a fallu reconnaître que les ventes commençaient à stagner pour ne pas avouer qu’elles baissaient (il est vrai que c’est plus facile quand on n’est pas à l’ojd) et, effet domino, la pub a commencé elle aussi à être plus difficile à engranger.
Il fallait s’adapter. C’est sans doute ce que CKC, se sentant trop vieux pour faire le grand chambardement, a voulu faire en prenant du recul il y a deux ans: il a confié la direction du journal à un banquier, Thierry Benbassat, qui à son tour a pensé qu’il fallait remplacer le rédacteur en chef en poste depuis 15 ans et qui a embauché un journaliste qui avait carrière jusque là à l”‘Est Républicain”, Pascal Baudoin. Après deux ans de réflexion, qui ont abouti, comme de bien entendu, à une nouvelle formule ces derniers jours, ces deux là se sont aussi dit que le cœur du métier c’est l’info locale et qu’il faut donc arrêter de faire un petit « Libé » pour faire un vrai départemental.
C’est face à ce couple que je me suis retrouvé jeudi en fin d’après midi dans les Bureaux parisiens de la société de promotions Les Bâtisseurs de Bourbon. Voilà ce que j’avais trouvé sur zinfos974 avant de les rencontrer:

Jean-Noël Fortier, le responsable du SNJ (syndicat national des journalistes) du Quotidien, a rédigé une motion en milieu de semaine dernière qui est une véritable attaque en règle contre les pratiques de la direction du journal du Chaudron: “Information institutionnelle, allégeance aux pouvoirs (administratifs et économiques), prosternation devant les annonceurs, sponsors et autres “partenaires”, soumission aux diktats d’une “attachée” de communication de la Poste, absence de ligne éditoriale, absence de perspective de développement, réorganisation fantômatique de la rédaction, projet rédactionnel inexistant: Le Quotidien se dégrade dans son contenu, son image, dans sa crédibilité. Comme si ne suffisait pas cette détoriation dont l’entreprise commence à ressentir les conséquences économiques avec une baisse constante des ventes et une chute des recettes publicitaires, voilà maintenant que la direction joue au journaliste. (…) Dans son édition du 29 septembre 2008, Le Quotidien a publié un article signé de Thierry Benbassat, directeur général de la SAS et directeur de publication. (…) Le directeur du Quotidien prend la plume pour voler au secours de quelques sommités bancaires locales, qui furent, il n’y a pas si longtemps, ses collègues et ses concurrents. Est-ce là une démarche rédactionnelle crédible, porteuse d’information et digne des colonnes diu Quotidien?”
Je ne publie là que le premier paragraphe d’un courrier de trois pages écrit sur le même ton par Jean-Noël Fortier…

J’étais prévenu. Je n’ai donc pas été surpris quand Pascal Baudoin a dressé le tableau de la situation: une rédaction nombreuse (70 personnes dont 14 secrétaires de rédaction et moins de 15 journalistes répartis dans trois agences locales à l’est au sud et à l’ouest de l’île) parce qu’elle ne veut pas travailler avec des correspondants locaux (ce qui est pourtant de bon sens quand on a le soucis de mailler le territoire); un outil rédactionnel (datox version béta non débuguée) antédiluvien qui ne permet pas de faire une mise en page en registre; deux rédacteurs couvrant la zone est où « il ne se passe pas grand chose puisqu’on n’y est pas » en dépit d’une forte augmentation de la population implantée là; une « capitale » St-Denis qui est couverte du siège par téléphone par la rédaction parce qu’elle n’y vit pas et qu’elle n’y va pas « parce que c’est trop loin du lieu de travail ».
Effectivement il y a urgence à remettre le local au cœur des préoccupation de cette équipe. Je l’ai dit à mes interlocuteurs parce que je crois que la mère des batailles de l’info, celle qui dira si Google a tout gagné et si le journalisme traditionnel a tout perdu, se livrera là. En fait le futur n’est même plus de mise: elle à déjà commencé cette bataille, il suffit de voir ce que Google permet de faire avec un mash-up comme chicago crime ou les expos parisiennes sur artscape.
C’est à ce point de l’entretien que j’ai compris que j’avais affaire à des dinosaures, un vrai Jurassik Press. Comment ne pouvais-je « être fou de joie » à l’idée d’aller diriger une agence locale à St-Denis dans le but de remettre l’info locale au cœur de l’activité de leur cher Quotidien puisque je suis à la recherche d’un emploi? Le plus poliment possible j’ai essayé de leur faire comprendre que leur projet aurait peut-être fait sens il y a quatre ou cinq ans, mais qu’aujourd’hui la question n’est radicalement plus là. Et j’ai esquissé un projet de système d’infos locales.
On a des communautés, on les fait participer à l’expression collectives des joies et des peines de leur vie quotidienne sur une plate forme sociale qui est animée par des journalistes qui eux mêmes alimentent l’outil avec des récits, des images, des enquêtes, des interviews (textes ou images sonores bien sûr). Puis cette matière est éditée par être diffusée sous forme de newsletter, de quotidiens papier ou d’hebdomadaire, de podcast… On peut arriver à ce stade par étape progressives en trois ou quatre ans au cours des quels un outil éditorial adapté est mis en place, l’outil d’impression recalibré, etc, etc… (pour plus de détails je suis moi aussi payant)
En racontant tout ça j’avais l’impression de dire des grossièretés. Baudouin m’a fait remarquer que le « Télégramme » avait pris deux points de diffusion en mettant l’accès de son site payant. Le rédacteur en chef qui s’était vanté de cette opération (limitée à la locale locale) avait sans doute oublié de lui dire que la zone de diffusion avait aussi été singulièrement augmentée. Et il ne devait pas connaître les performance de Ouest-France grâce à maville.com. Mais c’est une autre histoire.
En fait, lui et Thierry Benbassat s’accrochent à l’idée que la Réunion n’est atteinte par les phénomène que connaît la métropole avec un lustre de retard et qu’ils peuvent se contenter de solutions cosmétiques, types nouvelle formule, ouverture d’agence locale en tenant le numérique à distance (comme le diable avec lequel on dînerait avec une longue cuillère)… La question que je me pose est de savoir si c’est l’application d’une ligne stratégique définie par CKC ou si c’est la ligne qu’ils suggèrent à CKC. Dans tous les cas, ils n’ont pas compris que cet hypothétique effet retard devrait plutôt être mis à profit pour prendre un coup d’avance, et réaliser maintenant les investissements qui doivent être fait pour prendre en main l’organisation des communautés numériques qui seront le creuset de l’information locale. Mais il n’a pas été question de pareil plan d’affaires.
Dommage. J’aurai bien aimé – d’une île singulière l’autre – aller passer trois ou quatre ans à la Réunion (mais tout espoir n’est pas perdu).

Décapant, non?
Sachez tout de même que ces critiques ne viennent pas de n’importe qui. Alain Girodo a été entre autres président-directeur général (1998-2000) puis vice-président (2000-2001) et administrateur (2001-juin 2008) du Monde interactif SA (filiale du Monde et de Lagardère Active), administrateur (1990-96), puis président (1994) de la Société des rédacteurs du Monde, et enfin président du conseil de surveillance de la Sarl le Monde (1994). De 2003 à 2005, il a été président de la commission sociale du SPQD (Syndicat de la presse quotidienne départementale) et membre de la Commission du développement du même SPQR de 2006 à 2008… Et je ne vous donne ici que le dizième de son CV…
Vous comprendrez que je lui pardonne aisément d’avoir qualité Zinfos de journal amateur. Comme quoi, même les meilleurs peuvent faire quelques petites erreurs…

 

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