Les marchands forains sont dépités devant la dégradation accélérée de leurs conditions de travail sur le marché du Port.
Certains ont été caillassés en entrée de ville (côté Sud) par une bande de jeunes venus réclamer de l’argent ou des denrées sans quoi ils ne laissaient pas passer leur véhicule, d’autres ont été agressés sur la place du marché alors qu’il faisait encore nuit. Leur moral est en berne. « Il y en avait une vingtaine âgés entre 17-20 ans au niveau de Titan. J’ai dit à mon fils que s’il croisait cette bande, il devait foncer. C’est ce qu’il a fait ce matin », relate un bazardier.
« Il faut que la mairie fasse le nécessaire pour nous protéger, déplacer des policiers municipaux sur site, je ne sais pas, mais ça ne peut pas durer », témoigne Pascal Maillot, bazardier depuis plus de 20 ans. Jamais, dit-il, il n’a vu chez ses confrères et lui-même autant de méfiance pour se déplacer au Port. « Le marché des Camélias commençait à être difficile ces derniers mois mais maintenant c’est vraiment le Port le plus chaud », poursuit-il, déjà victime d’un vol à l’arraché il y a quelques années sur l’ancien emplacement du marché, justement vers l’avenue de Paris à hauteur de Titan.
Emelyne, fleuriste, raconte le déroulé de la tentative de vol qu’elle a subie vers 4h30: « Je n’ai pas eu le temps de voir leurs visages d’autant plus que celui qui est venu m’arracher ma sacoche avait une sorte de casquette avec un bandeau. J’ai crié au voleur ». Heureusement qu’un autre bazardier est venu pour le faire fuir. Trois autres jeunes attendaient sur des motos à côté (elle montre du doigt la rue qui fait face au parvis de l’église Sainte-Jeanne D’Arc, ndlr).
« Justice trop laxiste »
Quelques mètres plus loin dans les travées du marché, un vendeur de légumes ne digère toujours pas le caillassage en règle qu’il a subi la semaine passée. Il nous conduit vers sa camionnette. « C’était des gros galets puisqu’ils m’ont perforé la tôle de la porte sur 2 cm », explique-t-il. La colère commence à poindre. « Je ne suis pas pour mais nous serons obligés de nous défendre nous-mêmes la prochaine fois », prévient-il. Il est 9h30, un duo de policiers municipaux débarque. « Ils arrivent trop tard », ironise le marchand. « Je paye 33 euros mon emplacement, d’autres en ont pour plus de 70 euros, la mairie doit, en contrepartie, assurer la sécurité sur son marché forain », assure-t-il.
Un point de vue que rejoint un ultime bazardier qui a vu la vitre de sa porte avant droite brisée et son rétroviseur cassé. « Je pense que ça arrange les autorités que les choses soient ainsi. Ca fait marcher l’économie : entre l’assurance, le vitrier, les plaintes à la police… c’est à se demander s’ils ne font pas exprès. La justice française est trop laxiste vis-à-vis des casseurs », affirme-t-il, dans un anonymat qui arrangeait la plupart des bazardiers ce matin.