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Le Pape François, un pape écologiste, et la société post-croissance

Après l’encyclique de 192 pages publiée hier par le Pape François, il était temps que les autorités catholiques prissent enfin en compte la finitude de la planète et le côté saccageur de l’Homme qui l’habite en « Maître« . Préserver notre habitat, c’est prendre conscience que la société de surconsommation ne nous apportera que l’effondrement. Le monde […]

Ecrit par Dr Bruno Bourgeon, président d'AID – le vendredi 19 juin 2015 à 07H53

Après l’encyclique de 192 pages publiée hier par le Pape François, il était temps que les autorités catholiques prissent enfin en compte la finitude de la planète et le côté saccageur de l’Homme qui l’habite en « Maître« . Préserver notre habitat, c’est prendre conscience que la société de surconsommation ne nous apportera que l’effondrement. Le monde tel que nous le menons court à sa perte, l’utopie est bien l’économie libérale.

Je voulais évoquer ici la société post-croissance, comment l’aborder sans risquer un discours catastrophiste peu engageant auprès de la population. Il existe un parallèle chez nos amis anglo-saxons, le concept de « Villes en Transition ».

Le mouvement de « transition towns » ne prône aucun militantisme d’opposition. Le mot « Transition » est neutre, celui de « Décroissance » signifie contre : le développement durable, le productivisme, la croissance du PIB. Ce n’est pas seulement ce que montrent les Anglais que nous avons repris : AMAP, SEL, relocalisation, échanges de graines…, qui motivent les décroissants. Ce qui doit les motiver, ce sont cinq piliers :

     • UN, la question du pétrole, également un postulat de base de la Transition, bien expliquée, rien dans notre vie n’est véritablement indépendant des énergies fossiles ; les écologistes déplorent souvent le changement climatique, mais il ne faut pas être trop carbo-centré : voyez la réduction de la biodiversité, l’épuisement des sols, et l’accès à l’eau. C’est pourquoi le deuxième postulat des Villes en Transition est le climat, le couplage pétrole-climat est essentiel à notre explication de texte.

     • DEUX, composer, alias faire un composite, entre Catastrophisme et Optimisme. Ce n’est pas facile. L’écologie est une nécessité, car le terrain de jeu est limité, mais aussi un choix, car il rompt avec une société industrielle aliénante. Cette dimension émancipatrice, plus séduisante, ne doit pas faire oublier la dimension nécessaire, plus désagréable. Le constat est sombre, nous sommes à la veille d’un bouleversement géopolitique majeur auquel nous ne sommes pas préparés, mais l’optimisme doit imprégner les discours, des discours de catastrophisme agissant.

     • TROIS, la résilience, la capacité à rebondir, à encaisser le choc sans s’effondrer. C’est une manière non seulement de penser le catastrophisme, mais aussi de s’y préparer, d’amenuiser les conséquences du choc, collectivement, sans tomber dans le survivalisme individualiste. Cette notion de résilience est assez mal appréhendée, je crois, par les écologistes français, alors que c’est le troisième postulat des Villes en Transition.

     • QUATRE, avoir une position ferme mais ouverte à l’extérieur, sans conflit, sans tension, en offrant un cadre plus ouvert aux discussions, aux actions coordonnées, aux disponibilités.

     • CINQ, réaliser la descente énergétique, c’est-à-dire édifier le lien entre le mode de vie soutenable à l’échelon individuel et la mutation écologique mondiale, en bref faire le travail localement, le travail de l’écologie se fait sur le terrain, à la base, dans les quartiers, les fermes, les villages, pas entre penseurs dans un bureau parisien climatisé.

L’une des voies possibles est l’autoproduction et la relocalisation de l’économie. Il convient d’étendre son domaine : monnaie locale, revenu de base rétribué par monnaie locale, bricolage, ménage, semi-loisirs, travaux non rémunérés, déplacements doux, partage de ressources comme par exemples les laveries automatiques, les méthaniseurs de quartier… Ce n’est pas un retour aux temps médiévaux, mais cela dessine trois avantages décisifs :

     • La libération de l’individu de sa dépendance au Marché
     • La soustraction à la surproduction, qui donc n’entretiendra plus la consommation
     • La redécouverte de la conception, l’autonomie et les objectifs d’une réalisation.

Voilà in fine une société dont on définit les contours de manière pragmatique. Comment ne pas surconsommer la planète et ne pas détruire notre niche autrement ?

Dr Bruno Bourgeon
Président d’AID

 

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