
Trois constats majeurs à retenir à l'issue de ce second tour des élections législatives à la Réunion.
1) Le triomphe du PS :
Le parti socialiste remporte ce soir six circonscriptions sur sept dans l'ile. Une première dans l'histoire du parti et l'aboutissement d'un long travail en profondeur, dans l'ombre du "grand frère", le PCR, qui a tout fait au cours des dernières années pour empêcher le parti à la rose de lui passer devant.
Il y a eu plusieurs dates importantes dans cette politique de conquête du PS mais la plus capitale a été sans conteste la décision prise de se maintenir au second tour des Régionales de mars 2010, entrainant de facto la défaite de Paul Vergès et du PCR. Le début de la descente aux enfers pour les communistes... et de la montée vers les sommets pour le PS.
Cette victoire confère en même temps une énorme responsabilité à ces députés fraîchement élus. Ils sont porteurs d'un espoir tellement important qu'il en est même à certains moments irraisonné, à l'image de ces militants s'exprimant ce soir devant la permanence de Moufia et se félicitant de "la fin de l'austérité" à la sauce Sarkozy.
Austérité il y aura, peut être encore plus dure que ce qui existait jusqu'à maintenant, et un des enjeux politiques des années à venir est de voir avec quelle habileté le gouvernement et ses relais dans les circonscriptions réussiront à faire avaler cette mauvaise pillule. L'issue des élections municipales de 2014 en dépendra pour beaucoup.
2) La déroute du PCR :
Inutile de s'attarder trop longuement sur ce constat, tout ou presque a déjà été dit à l'issue du 1er tour.
Aucun candidat présent au second tour, des maires candidats réalisant des scores ridicules dans leurs communes, des candidats dissidents faisant un triomphe...
Dimanche dernier, j'avais quasiment publié [l'acte de décès du PCR]urlblank:http://www.zinfos974.com/Le-10-juin-2012-le-jour-ou-le-PCR-est-mort_a42903.html . Pour cela, j'avais fait le constat que ce parti, au delà de cette défaite, avait peu de moyens de rebondir tant il avait refusé au cours des dernières années de se renouveler. Peu ou pas de "jeunes pousses" capables de prendre la relève, mis à part des "fils à papa" rejettés par la population et les militants. Pierre Vergès, humilié à Saint-Denis, Fabrice Hoarau largement battu, Philippe Robert qui voit ses espoirs s'éloigner au point de voir son père, Roland Robert, d'ores et déjà annoncer qu'il briguera un 8ème mandat à la Possession à 77 ans...
Paul Vergès, de par sa personnalité et malgré son aura ternie par ses récentes défaites (législatives de 2007 face à Didier Robert dans la 3ème circonscription, régionales de 2010 face à une liste menée par Didier Robert et législatives de ce soir), donne l'illusion de réussir encore à réunir ce qui est de plus en plus épars au sein de son parti.
Dès demain, il risque d'avoir à gérer les volontés de certains ténors du parti de se rapprocher d'Huguette Bello, dont beaucoup ont compris qu'elle représentait l'avenir. Eric Fruteau, mais aussi beaucoup d'autres personnalités plus surprenantes, pourraient être tentés de prendre leurs distances avec le PCR.
Les jours qui viennent seront déterminants pour les communistes avec, parmi les priorités, la nécessité de prendre une décision sur l'épineuse question de savoir quelle attitude adopter au conseil général. S'ils devaient persister dans leur position d'opposition frontale à Nassimah Dindar, ils risquent de perdre le dernier bastion à même de leur fournir des moyens pour partir au combat des municipales dans deux ans...
3) La déroute de la Droite :
La Droite avait réussi à faire -un tout petit peu- illusion au soir du 1er tour. Battue à plate couture dans les deux circonscriptions où les électeurs avaient tranché dès le 1er tour, elle était malgré tout présente au second tour dans 4 des 5 circonscriptions qui restaient à élire.
Mais ce n'était que reculer pour mieux sauter.
Ce soir, pour la première fois depuis une éternité, la Droite n'enverra aucun député siéger au Palais Bourbon. Et alors même que le nombre de parlementaires est passé de 5 à 7, ce qui aurait dû augmenter ses chances d'avoir au moins un élu.
Cette déroute a plusieurs origines.
Tout d'abord, la querelle stérile qui l'agite. La Droite est perpétuellement en guerre avec elle même. Alors qu'à Gauche, on se réconcilie toujours aux moments capitaux, à Droite on continue à se battre, on continue à vouloir éliminer l'ami d'hier, quitte à foncer droit dans le mur. Ce soir, les ténors de Droite se sont complètement écrabouillés dessus. Le pire, c'est qu'il n'est même pas sûr qu'ils aient compris pour la prochaine fois...
Ensuite, la difficulté à se trouver un leader. Interrogé ce soir sur un plateau de télévision où on lui demandait qui était actuellement le leader de la Droite, Serge Camatchy a été incapable de donner un nom. Il aurait pu citer Didier Robert, qui était jusqu'à il y a peu auréolé de ses victoires aux législatives et aux régionales contre Paul Vergès, mais il ne l'a pas fait. Il faut dire que la façon du président de la Région de diriger la Droite en solitaire n'est pas vraiment du goût de certains élus. Ils se sont tus jusqu'à maintenant, car on ne critique pas un vainqueur puissant, surtout quand celui-ci peut ouvrir ou fermer le robinet à subventions dont votre commune a un besoin vital.
Depuis ce soir, la donne a changé et il est à craindre pour le président de Région que certains lui fassent rapidement savoir leur déception et lui demandent de mettre en place une stratégie claire, en s'appuyant sur les barons du mouvement et sur la base.
Cela sera d'autant plus difficile que Didier Robert n'a pas que des amis à Droite. Sans parler de la haine que lui voue TAK, ses querelles avec Michel Fontaine, par ailleurs patron de l'UMP locale, sont de notoriété publique. Lequel Michel Fontaine est poussé par l'UMP Paris à s'opposer encore plus ouvertement à Didier Robert, qui n'a plus ses entrées rue de Vaugirard. Tout cela n'est pas fait pour faciliter les choses et donne une bien piètre image de la politique...
Cette guéguerre interne est apparue au grand jour avec l'incroyable cacophonie de la 1ère et de la 3ème circonscription. Comment voulez-vous que l'électeur de Droite s'y retrouve devant le pitoyable spectacle donné par l'UMP Paris et certains responsables de la Droite locale? La Réunion en confiance de Didier Robert soutient Nassimah Dindar (dont le ti'nom gâté est "la girouette") à Saint-Denis, alors que l'UMP nationale refuse d'en faire de même. Par contre l'UMP soutient André Thien Ah Koon, ce que Didier Robert refuse catégoriquement de faire. Un véritable "manger cochon"... Etonnez-vous ensuite que l'abstention soit aussi importante et que la défaite soit aussi cuisante !
L'échec est la mère du succès, dit un proverbe chinois. Peut être. A condition d'être capable d'analyser avec clairvoyance les raisons qui vous ont fait perdre, d'en tirer les conséquences en remettant en avant vos valeurs, tout en préparant la relève.
Pas sûr que la Droite en soit capable.
Proverbe pour proverbe, je vais vous citer ce mot d'André Santini : "La Droite a touché le fond de la piscine. Maintenant, elle creuse" !
1) Le triomphe du PS :
Le parti socialiste remporte ce soir six circonscriptions sur sept dans l'ile. Une première dans l'histoire du parti et l'aboutissement d'un long travail en profondeur, dans l'ombre du "grand frère", le PCR, qui a tout fait au cours des dernières années pour empêcher le parti à la rose de lui passer devant.
Il y a eu plusieurs dates importantes dans cette politique de conquête du PS mais la plus capitale a été sans conteste la décision prise de se maintenir au second tour des Régionales de mars 2010, entrainant de facto la défaite de Paul Vergès et du PCR. Le début de la descente aux enfers pour les communistes... et de la montée vers les sommets pour le PS.
Cette victoire confère en même temps une énorme responsabilité à ces députés fraîchement élus. Ils sont porteurs d'un espoir tellement important qu'il en est même à certains moments irraisonné, à l'image de ces militants s'exprimant ce soir devant la permanence de Moufia et se félicitant de "la fin de l'austérité" à la sauce Sarkozy.
Austérité il y aura, peut être encore plus dure que ce qui existait jusqu'à maintenant, et un des enjeux politiques des années à venir est de voir avec quelle habileté le gouvernement et ses relais dans les circonscriptions réussiront à faire avaler cette mauvaise pillule. L'issue des élections municipales de 2014 en dépendra pour beaucoup.
2) La déroute du PCR :
Inutile de s'attarder trop longuement sur ce constat, tout ou presque a déjà été dit à l'issue du 1er tour.
Aucun candidat présent au second tour, des maires candidats réalisant des scores ridicules dans leurs communes, des candidats dissidents faisant un triomphe...
Dimanche dernier, j'avais quasiment publié [l'acte de décès du PCR]urlblank:http://www.zinfos974.com/Le-10-juin-2012-le-jour-ou-le-PCR-est-mort_a42903.html . Pour cela, j'avais fait le constat que ce parti, au delà de cette défaite, avait peu de moyens de rebondir tant il avait refusé au cours des dernières années de se renouveler. Peu ou pas de "jeunes pousses" capables de prendre la relève, mis à part des "fils à papa" rejettés par la population et les militants. Pierre Vergès, humilié à Saint-Denis, Fabrice Hoarau largement battu, Philippe Robert qui voit ses espoirs s'éloigner au point de voir son père, Roland Robert, d'ores et déjà annoncer qu'il briguera un 8ème mandat à la Possession à 77 ans...
Paul Vergès, de par sa personnalité et malgré son aura ternie par ses récentes défaites (législatives de 2007 face à Didier Robert dans la 3ème circonscription, régionales de 2010 face à une liste menée par Didier Robert et législatives de ce soir), donne l'illusion de réussir encore à réunir ce qui est de plus en plus épars au sein de son parti.
Dès demain, il risque d'avoir à gérer les volontés de certains ténors du parti de se rapprocher d'Huguette Bello, dont beaucoup ont compris qu'elle représentait l'avenir. Eric Fruteau, mais aussi beaucoup d'autres personnalités plus surprenantes, pourraient être tentés de prendre leurs distances avec le PCR.
Les jours qui viennent seront déterminants pour les communistes avec, parmi les priorités, la nécessité de prendre une décision sur l'épineuse question de savoir quelle attitude adopter au conseil général. S'ils devaient persister dans leur position d'opposition frontale à Nassimah Dindar, ils risquent de perdre le dernier bastion à même de leur fournir des moyens pour partir au combat des municipales dans deux ans...
3) La déroute de la Droite :
La Droite avait réussi à faire -un tout petit peu- illusion au soir du 1er tour. Battue à plate couture dans les deux circonscriptions où les électeurs avaient tranché dès le 1er tour, elle était malgré tout présente au second tour dans 4 des 5 circonscriptions qui restaient à élire.
Mais ce n'était que reculer pour mieux sauter.
Ce soir, pour la première fois depuis une éternité, la Droite n'enverra aucun député siéger au Palais Bourbon. Et alors même que le nombre de parlementaires est passé de 5 à 7, ce qui aurait dû augmenter ses chances d'avoir au moins un élu.
Cette déroute a plusieurs origines.
Tout d'abord, la querelle stérile qui l'agite. La Droite est perpétuellement en guerre avec elle même. Alors qu'à Gauche, on se réconcilie toujours aux moments capitaux, à Droite on continue à se battre, on continue à vouloir éliminer l'ami d'hier, quitte à foncer droit dans le mur. Ce soir, les ténors de Droite se sont complètement écrabouillés dessus. Le pire, c'est qu'il n'est même pas sûr qu'ils aient compris pour la prochaine fois...
Ensuite, la difficulté à se trouver un leader. Interrogé ce soir sur un plateau de télévision où on lui demandait qui était actuellement le leader de la Droite, Serge Camatchy a été incapable de donner un nom. Il aurait pu citer Didier Robert, qui était jusqu'à il y a peu auréolé de ses victoires aux législatives et aux régionales contre Paul Vergès, mais il ne l'a pas fait. Il faut dire que la façon du président de la Région de diriger la Droite en solitaire n'est pas vraiment du goût de certains élus. Ils se sont tus jusqu'à maintenant, car on ne critique pas un vainqueur puissant, surtout quand celui-ci peut ouvrir ou fermer le robinet à subventions dont votre commune a un besoin vital.
Depuis ce soir, la donne a changé et il est à craindre pour le président de Région que certains lui fassent rapidement savoir leur déception et lui demandent de mettre en place une stratégie claire, en s'appuyant sur les barons du mouvement et sur la base.
Cela sera d'autant plus difficile que Didier Robert n'a pas que des amis à Droite. Sans parler de la haine que lui voue TAK, ses querelles avec Michel Fontaine, par ailleurs patron de l'UMP locale, sont de notoriété publique. Lequel Michel Fontaine est poussé par l'UMP Paris à s'opposer encore plus ouvertement à Didier Robert, qui n'a plus ses entrées rue de Vaugirard. Tout cela n'est pas fait pour faciliter les choses et donne une bien piètre image de la politique...
Cette guéguerre interne est apparue au grand jour avec l'incroyable cacophonie de la 1ère et de la 3ème circonscription. Comment voulez-vous que l'électeur de Droite s'y retrouve devant le pitoyable spectacle donné par l'UMP Paris et certains responsables de la Droite locale? La Réunion en confiance de Didier Robert soutient Nassimah Dindar (dont le ti'nom gâté est "la girouette") à Saint-Denis, alors que l'UMP nationale refuse d'en faire de même. Par contre l'UMP soutient André Thien Ah Koon, ce que Didier Robert refuse catégoriquement de faire. Un véritable "manger cochon"... Etonnez-vous ensuite que l'abstention soit aussi importante et que la défaite soit aussi cuisante !
L'échec est la mère du succès, dit un proverbe chinois. Peut être. A condition d'être capable d'analyser avec clairvoyance les raisons qui vous ont fait perdre, d'en tirer les conséquences en remettant en avant vos valeurs, tout en préparant la relève.
Pas sûr que la Droite en soit capable.
Proverbe pour proverbe, je vais vous citer ce mot d'André Santini : "La Droite a touché le fond de la piscine. Maintenant, elle creuse" !