A quelques jours du premier tour des élections municipales, le PCR a organisé une conférence de presse pour la célébration du 68e anniversaire de la départementalisation de la Réunion. L’occasion pour le parti de « rappeler » les grandes batailles menées à cette époque. Car entre la théorie et la réalité, la notion de départementalisation a mis du temps à s’appliquer.
Le 19 mars 1946, la Réunion disait adieu à son statut de colonie pour devenir département français. Une date importante. « Si le 20 décembre a apporté la liberté aux esclaves. Le 19 mars a ouvert le champ à l’égalité pour les Réunionnais« , explique Julie Pontalba, membre du bureau directeur du PCR. Sans entrer dans les détails historiques qui ont conduit la Réunion à devenir département français, le Parti communiste se rappelle aux bons souvenirs du peuple réunionnais.
Malgré la naissance du CRADS (Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale) et celle, quelques années plus tard, du PCR (1959), les quatre « vieilles » (surnom donné aux anciennes colonies françaises d’outre-mer) ont continué de vivre comme « sous le temps des colonies« , rappelle Camille Dieudonné, membre du bureau directeur du PCR. « L’enjeu était de permettre aux Réunionnais de voir s’appliquer la loi chez nous. La bataille identitaire et la préoccupation politique étaient au coeur du parti et nous voulions sortir la Réunion de son statut colonial (…). Le PCR s’est battu et a été vilipendé à cette époque« , lance-t-elle, sous forme de piqure de rappel.
« Aujourd’hui, le système réunionnais ne fonctionne plus »
Ne se bornant pas à une vision « manichéenne » des effets de la départementalisation, Yvan Dejean, secrétaire général du PCR, compare la relation entre l’histoire des combats du PCR et la situation actuelle de la Réunion. « Aujourd’hui, le système réunionnais ne fonctionne plus. Nous prônons un nouveau modèle de développement« , explique-t-il.
« Pour le PCR, il faut arracher un compromis entre l’intégration à l’Union européenne, la France et notre positionnement géo-économique dans la zone océan Indien« , explique-t-il. Une nécessité pour le parti, celle de la mise en place d’un pacte de développement s’attaquant de front aux problèmes de sécurité alimentaire, de la santé, de l’énergie, de la pêche… « Il faut une vision économique basée sur notre intégration à notre environnement« , précise Yvan Dejean.
« Se mobiliser sur ces combats modernes n’est pas une mince affaire »
L’occasion de rappeler les « grandes lignes » du programme proposé par le PCR. Compagnie maritime régionale, développement d’un réseau ferré, globalisation des flux financiers venant du gouvernement, création d’un fonds d’investissement réunionnais ou encore régulation des prix des loyers, sont les projets mis sur la table par le Parti communiste. « Le PCR s’est toujours battu pour l’individu. Et se mobiliser sur ces combats modernes n’est pas une mince affaire. Ce n’est pas un problème d’élection, mais un problème de génération« , souligne-t-il.
« Nous devons faire en sorte que cette bataille municipale participe à mettre en place cette vision. Car l’impact actuel du gouvernement sur les collectivités est un désastre. Avec une baisse des dotations globales de fonctionnement cumulée avec les 50 milliards d’euros d’économie annoncés par le gouvernement, qui va payer ? Nous sommes en pleine transition démographique, il nous faut plus de routes, d’écoles et de logements (…). Il faut dire la vérité aux Réunionnais« , conclut Yvan Dejean.
L’appel du pied du PCR aux électeurs réunionnais sera-t-il entendu ? Verdict le 23 et le 30 mars.