Long de 54 mètres pour un déplacement d’environ 1.000 tonnes, « Le Malin » vient remplacer le P400 « La Rieuse » (voir [notre article du mois de juin 2011]urlblank:http://www.zinfos974.com/La-Rieuse-dit-adieu-a-la-Reunion-pour-le-Kenya_a29347.html ) vendu au Kenya et qui porte désormais le nom « Harambe » pour sa seconde vie.
En lieu et place du navire vieillissant, la marine nationale a « retapé » un navire saisi il y a sept ans. « Cette transformation est une opération inédite du fait d’avoir intercepté un bateau pris en flagrant délit de pêche illégale », confirme Pierre Leterme, commandant de la base navale port des Galets. Résultat des courses : l’ancien armateur a été débouté de toutes ses actions en justice et le bâteau de « pirates » est passé dans les mains adverses. « A la suite de son arraisonnement, le navire est passé sous le contrôle de l’Etat et donc de la marine nationale en 2005 », soit un an après sa saisie ajoute le capitaine de corvette Damien Lopez, commandant du patrouilleur « Le Malin ».
Au-delà de l’aspect extérieur qui voit les couleurs tricolores chatouiller les flans de la coque du navire, le plus intéressant se trouve sous le pont. L’ancienne cale de poissons d’un seul tenant (70 tonnes tout de même) a été divisée en trois compartiments. A côté de la salle des machines, une mini salle de sport, un autre compartiment entrepose le matériel de guerre dont les mitraillettes se comptent par dizaine et qui n’attendent que les munitions placées en tête de pont. Enfin, des écoutilles pour parer à une éventuelle voie d’eau sont venues solidifier la fiabilité du navire.
Et c’est avec un équipage de 21 hommes que le navire devra surveiller les zones économiques exclusives situées dans la zone Nord océan Indien, des Iles Eparses, du Canal du Mozambique, de Mayotte et jusqu’aux Seychelles principalement. Ce patrouilleur flambant neuf ou presque vient compléter une flotte de deux frégates, un bâtiment de transport léger amphibie et donc d’un patrouilleur déjà présent : l’Albatros.
Avant sa saisie, le navire de pêche battant pavillon hondurien et composé d’un équipage multi-nationalité avait navigué de 1997 à 2004 uniquement. Une aubaine pour la marine nationale qui récupère donc un bâtiment considéré comme quasi neuf. L’opération est bonne aussi sur un plan comptable : en lieu et place d’un patrouilleur neuf d’un coût de 12 millions d’euros, la transformation de ce navire de pêche en bâtiment militaire aura coûté moitié moins à l’Etat. Et c’est à Brest que son lifting aura été rendu possible, neuf mois de réparations et de mise aux normes ont été nécessaires. « Nous avons dû former l’équipage spécifiquement pour ce navire qui n’existe qu’en un seul exemplaire. Le manuel d’utilisation, c’est nous qui l’avons créé », en rigole le commandant Damien Lopez.
Quant à la disponibilité de ce bâtiment militaire des FAZSOI ? La réponse ne se fait pas attendre. « Il est opérationnel dès aujourd’hui », sourit le commandant de la base navale, Pierre Leterme. « Mais les hommes vont souffler un peu », le navire a tout de même quitté Toulon à la mi-septembre. Et il n’est pas venu les cales vides. « Voyez ces pièces détachées attendues pour nos autres bâteaux ». Il n’y a décidément plus de petites économies…