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Le Grand Maître du Grand Orient de France répond à vos questions

En visite à La Réunion pour animer une conférence intitulée "La République et la Franc-Maçonnerie", Daniel Keller, Grand Maître du Grand Orient de France, a répondu à quelques questions que vous, nos internautes, nous aviez demandé de poser. Voici ses réponses :

Ecrit par SH – le dimanche 15 mai 2016 à 08H01

La Franc-Maçonnerie : échanger et réfléchir afin de s’enrichir, mais au-delà de ça ?
 
La réflexion a pour but d’améliorer l’Homme et la société. Il s’agit d’un projet de perfectionnement de l’humain et de la société qui passe par la promotion de nos idées à l’extérieur de la loge. Le déploiement de ces réflexions passe par la communication externe, le travail avec les décideurs du pays et la médiatisation de nos idées.
 
Est-ce que la Franc-Maçonnerie est anti-religion ?
 
Non. Elle était composée à 10% de membres du haut clergé au moment de sa création. Depuis, nous n’avons pas rompu avec toute forme de transcendance. Dieu a été remplacé par un grand architecte de l’univers qui a été remplacé par le principe créateur. C’est plutôt la religion qui a été anti-maçonnerie, notamment en 1738 car c’était perçu comme la défense de libre examen ou la libre-pensée, en d’autres termes. Il y avait beaucoup de méconnaissance, ce qui entraîne de l’incompréhension. C’est pour cela que les conférences comme celle-ci, ouvertes à tous, sont bonnes.
 
Est-ce que la Franc-Maçonnerie est élitiste ?
 
Non, il s’agit d’une société plurielle. On aimerait avoir plus d’ouvriers dans la Franc-Maçonnerie. Mais c’est aussi à nous d’être présents là où ils sont. La Franc-Maçonnerie est plutôt élitaire: il faut accepter de faire un travail intellectuel. Historiquement, elle a toujours absorbé les catégories sociales naissantes, comme les fonctionnaires par exemple, et plus particulièrement les instituteurs.
 
Qu’est-ce qui peut inciter quelqu’un à entrer en Franc-Maçonnerie ?
 
Beaucoup de nos membres ont la quarantaine en arrivant, donc ça arrive souvent au moment de la crise de la quarantaine. Il y a souvent une envie d’engagement si dans leur vie il n’y a eu ni engagement politique, syndical ou associatif. La deuxième raison est souvent une quête spirituelle. Ils n’ont pas trouvé les réponses dans les religions, qu’elles soient anciennes ou plus récentes. Il y a aussi parfois un besoin de créer des liens. Certains se sentent seuls. Ils ont peut-être femme et enfant, mais ils se sentent seuls métaphoriquement. La crise de la quarantaine ne signifie pas qu’il n’y a que des hommes. Depuis 2010, le Grand Orient de France est ouvert aux femmes. Elles sont 2.500 aujourd’hui, sur 52.000 membres et chaque année la moitié de nos entrants sont des femmes.
 
La Franc-Maçonnerie est-elle détentrice de secrets qu’elle ne révèle qu’à ses membres ?
 
Les secrets ne sont que symboliques et il y en a deux. Le secret initiatique est essentiel car c’est cela qui fait de nous une société progressive. Il y a plusieurs niveaux en Franc-Maçonnerie et pour être initié dans le prochain, il faut d’abord passer le précédent. C’est une expérience à vivre afin de pouvoir comprendre la prochaine étape. C’est comme une histoire d’amour; ça se vit plus que ça ne se raconte.
 
Le deuxième est le secret d’appartenance. Un membre ne peut pas dévoiler l’identité d’un autre. Mais mon avis est que les décideurs comme les hommes politiques ou  les préfets, par exemple, devraient rendre public leur appartenance à toute association. Hors nous sommes une association loi 1901 comme une autre. Leur serment au sein de l’association ne devrait pas entrer en contradiction avec leurs autres fonctions et le respect de la loi de la République.
 
Que pensent les Franc-Maçon de la gestation pour autrui ?
 
Comme le mariage pour tous, c’est une grande avancée sociale. Les questions sociétales comme celles-ci sont essentielles pour former l’identité d’une société. Et je pense qu’une société qui l’autorise sera meilleure que celle qui l’interdit. Deux personnes doivent pouvoir se marier et avoir des enfants.
 
Est-ce qu’on peut faire de la politique sans être franc-maçon ?
 
Bien sûr que oui! Il y a 170.000 franc-maçons en France, toutes obédiences confondues. Deux présidents de la République et quelques premiers ministres l’ont été seulement. C’est une minorité.
 
Pour les hommes politiques, n’y a-t-il pas une forme d’hypocrisie à se taper dessus en public et se faire la bise dans les loges ?
 
Ce n’est pas le cas. Ou du moins, un homme politique franc-maçon devrait être meilleur que les autres hommes politiques. Un franc-maçon devrait apprendre à se comporter autrement.
 
Les franc-maçons sont-ils là pour se protéger et s’entraider ?
 
Avec les cotisations annuelles des membres, nous venons en aide aux chômeurs, aux personnes en mauvaise santé… L’entraide c’est ça. Il n’y a pas de favoritisme. Nous ne sommes pas en contradiction avec la République et celui qui le devient est suspendu de ses droits maçonniques. Il est difficile de surveiller tout le monde mais on fait la police autant que possible.
 
Combien y a-t-il de franc-maçons à La Réunion ?
 
Environ 3.000 dans 53 loges.
 

 

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