Le Groupement pour l’insertion des personnes handicapées (GIHP) a augmenté les tarifs de son service de transport à la demande, sur le territoire de la Cinor (Saint-Denis, Sainte-Marie, Sainte-Suzanne). Des tarifs qui sont passés de 1,50 euro le trajet à 25 euros de l’heure. Une décision à laquelle les adhérents ne s’attendaient pas.
« Les tarifs de transport sont multipliés par 16 sans explication« , explique Pierre Reynaud, le président du comité de l’Association Valentin-Haüy (AVH), qui met en avant un « problème de forme« , dans la décision du GIHP, en situation de quasi-monopole sur l’île pour le transport des personnes handicapées. « S’agit-t-il au mieux d’une maladresse ou au pire de mépris ? Nous ne pouvons pas le tolérer« , renchérit Pierre Reynaud.
Les usagers pris de court
« J’ai appelé le GIHP le mercredi 21 janvier pour confirmer mon trajet pour le lendemain. C’est à ce moment là qu’on m’a averti que les tarifs allaient augmenter à partir du 22 janvier« , témoigne Jean-Philippe Sevagama, non-voyant et usager de ce transport à la demande.
Les autres usagers ont été avertis par téléphone. « Si encore on nous avait prévenus quelques semaines avant, on aurait pu se préparer, s’organiser. J’ai demandé des explications au GIHP mais pour le moment je ne les ai pas eues« , poursuit cet usager.
Conséquence directe de cette augmentation brutale, de nombreuses personnes handicapées ne peuvent plus utiliser ce service. Les usagers, en colère après cette augmentation de tarifs, attendent des explications.
Contacté de nombreuses fois depuis une semaine, le GIHP n’a toujours pas répondu à nos sollicitations. Nos confrères de la presse écrite ont eu plus de chance. Eric Turpin, le président du GIHP, a expliqué à nos confrères du Quotidien et du JIR que cette augmentation est notamment due à la suppression unilatérale de la subvention versée par la Cinor à cette association de loi 1901, d’un montant de 45.000 euros en 2013.
Eric Turpin ajoute dans le Quotidien du 5 février 2014 : « Pour nous, cette activité est déficitaire depuis longtemps (d’environ 100.000 euros par an). Nous devons arrêter le gâchis, même au prix de lourds sacrifices, et garder nos moyens pour assurer la continuité de l’exploitation« .
La Cinor, afin de se mettre en conformité avec la loi sur l’accessibilité, prépare en effet son propre service de transport pour les personnes à mobilité réduite, qui sera lancé en mars prochain sur son territoire, avec un coût plus conforme aux attentes des personnes handicapées, à savoir 1,30 euro le trajet.
Une plus grande complémentarité dans les transports souhaitée
Toutefois, l’arrivée d’un nouveau service ne règlera pas entièrement le problème. Le GIHP était en effet le seul service de transport à la demande à être présent sur tout le territoire de l’île.
Certaines associations comme l’AVH, ne veulent pas que la question du GIHP occulte le problème de fond, à savoir la libre circulation des personnes en situation de handicap. La loi de 2005 a en effet prévu parmi les grandes obligations pour l’accessibilité, à compter du 1er janvier 2015, un développement des transports publics de façon à permettre l’accessibilité dans sa totalité aux personnes handicapées. A la Réunion, l’objectif est loin d’être atteint.
Une grande disparité de tarifs, de modalités, empêchent bien souvent les personnes handicapées de pouvoir se déplacer comme bon leur semble. Pierre Reynaud plaide donc pour qu’une grande réflexion soit menée, avec l’ensemble des acteurs locaux, sur le thème de la mobilité pour les personnes handicapées, avec le souci d’apporter une plus grande complémentarité dans le réseau de transport réunionnais.