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Le Cospar a fait plusieurs erreurs, mais n’a pas perdu la bataille…

La conférence de presse de Jean-Hugues Ratenon, ce matin, marque à n’en pas douter un tournant dans la crise que nous connaissons depuis plusieurs semaines. Tout d’abord, il est à noter qu’il l’a faite au nom de son mouvement « Agir pou nout tout » et non au nom du Cospar. A méditer… Au risque d’en étonner […]

Ecrit par Pierrot Dupuy – le dimanche 22 mars 2009 à 21H58

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La conférence de presse de Jean-Hugues Ratenon, ce matin, marque à n’en pas douter un tournant dans la crise que nous connaissons depuis plusieurs semaines.
Tout d’abord, il est à noter qu’il l’a faite au nom de son mouvement « Agir pou nout tout » et non au nom du Cospar. A méditer…
Au risque d’en étonner certains, je tiens Jean-Hugues Ratenon pour quelqu’un de sincère dans ses convictions. Certes, il est communiste. J’ai envie de dire: « Et alors? » Ce n’est pas une tare d’être communiste, pas plus que c’en est une d’être de droite.
De tous les leaders du Cospar, il est pour moi celui qui est resté le plus fidèle à ses opinions, à « de là d’où il vient » et sans doute le plus ouvert aux autres.
Et sa conférence de presse de ce matin est à l’image du personnage: il sait où il veut aller, mais tout en écoutant et en acceptant de rectifier le tir si des erreurs ont été commises.
Et des erreurs, il en a commises. Ou plutôt le Cospar en a commises.

La première a été, comme je l’ai déjà dit, de s’en prendre en priorité aux magasins Leclerc, le jour de leur ouverture, alors même que les Réunionnais voyaient en eux leurs sauveurs, ceux qui allaient permettre d’apporter un peu de concurrence et donc de faire baisser les prix. Or, ce sont justement ces magasins là que le Cospar a attaqué et obligé à fermer. Première fracture entre le Cospar et la population.

La deuxième a été l' »encadrement » des casseurs par la CGTR lors de la manif du 5 mars. Comme Zinfos l’a raconté, ce sont deux fourgonnettes de la CGTR qui ont « ouvert » la voie aux casseurs jusqu’au Chaudron, informations confirmées quelques jours plus tard par certains casseurs devant le tribunal.

La troisième a été l’implication des politiques, essentiellement du PCR, dans l’organisation et dans l’apport en personnel communal dans les manifs. Combien de manifestants y aurait-il eu sans les employés communaux emmenés par cars entiers depuis Saint-Louis, Sainte-Suzanne ou Saint-Paul?

Quatrième erreur quand le Cospar a accepté comme porte-parole Maurice Gironcel, qui venait d’être contraint de démissionner de son poste de maire pour corruption…

Cinquième erreur : avoir accepté de passer pour les marionnettes de Paul Vergès. La main-mise du PCR a sauté aux yeux quand le Cospar a renoncé à exiger les 50 euros que les collectivités locales des Antilles -pourtant dans une situation financière bien pire que celle de la Réunion- ont accepté de mettre pour arriver aux 200 euros exigés par le LKP. Yves Jégo et le Préfet ont immédiatement déclaré que l’Etat mettrait 100 euros comme aux Antilles, le MEDEF a pris tout le monde de cours en acceptant d’entrée de jeu de mettre 50 euros comme aux Antilles… et Paul Vergès s’est retrouvé seul en première ligne. Contre toute attente, il a refusé de payer sa quote-part en diminuant l’octroi de mer et le Cospar… a dit que c’était pas grave et qu’il se contenterait de 150 euros!!! Devant le tollé général, il en est revenu à sa première revendication de 200 euros, mais en disant que la différence serait à trouver ailleurs qu’à la Région. Sous-entendu dans la poche de l’Etat et du patronnat. C’est là qu’il ont encore énormément perdu en crédibilité. Comme l’a dit un homme politique de droite, les ficelles avec lesquelles Paul Vergès faisait bouger ses marionnettes du Cospar n’étaient plus en nylon, mais étaient aussi grosses que les cables qui retiennent les bateaux au port…

La sixième erreur a été la fermeture des magasins. Mettez-vous à la place d’une brave mère de famille qui a déjà dû trouver un « transport » pour venir des hauts faire ses courses mensuelles dans « la ville » et qui est empêchée de le faire par une dizaine ou une quinzaine d’énergumènes vociférant dans un mégaphone… Vous comprendrez aisément que la moutarde lui monte au nez, même si elle était sensible aux arguments du Cospar.

La septième, et la plus grave peut-être, a été cette fameuse liste de 500 produits pour lesquels le Cospar réclamait une baisse de 20%. Comment rester crédible quand on réclame une baisse sur le prix du crabe, des queues de camarons, les M&M’s, le pain de mie et le miel aux baies roses…
Le standard de Freedom et les commentaires de Zinfos ont explosé, avec des niveaux d’intervenants différents mais avec une énorme majorité pour critiquer le Cospar.

Le mouvement a donc réussi ce tour de force de se couper de sa base en quelques jours.
Il devenait donc urgent de rectifier le tir. C’est ce qu’a fait Jean-Hugues Ratenon ce matin, en allant même jusqu’à proposer au Préfet de reprendre les négociations, lui qui prenait jusqu’ici un malin plaisir à se faire désirer, voire même à claquer la porte.
Le rapport de force a changé de camp et il se situe clairement aujourd’hui dans celui du Préfet.
Mais, pour autant, on ne peut manquer de faire un certain nombre de remarques et de se poser quelques questions.
Tout d’abord, pourquoi Jean-Hugues Ratenon a-t-il parlé ce matin au nom de son mouvement et pas en celui du Cospar? S’agit-il d’une simple coïncidence ou faut-il y voir les premiers signes visibles de dissenssions au sein du mouvement?
Ensuite, que va faire le préfet de cet avantage psychologique? Il ne faudrait pas qu’il s’en serve pour humilier le Cospar. Rien ne serait pire en l’état des choses. Car il ne faut pas oublier que l’opinion publique est versatile. Les mêmes qui critiquent le Cospar aujourd’hui peuvent se retourner contre le Préfet demain si le patronat fait un faux pas.
Il y a une chose qu’on a peut-être perdue de vue: le combat pour la baisse des prix à la Réunion et pour la lutte contre les monopoles est juste. Ce n’est pas parce que le Cospar a fait des erreurs qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain.
Je l’ai dit: nous sommes aujourd’hui à un tournant. Le virage sera d’autant mieux négocié que tous les partenaires tourneront le volant dans le même sens.

 

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