
Lors du dernier regroupement de l'Alliance, ce week-end, son Président, Paul Vergés, a appelé à la création d'un nouveau Comité Républicain d'Action Démocratique et Sociale (CRADS). Cette prise de position n'est pas nouvelle chez Paul Vergès. Le CRADS est devenu depuis plusieurs années le modèle de référence chez le fondateur du Parti Communiste Réunionnais. Créé à la fin de la période coloniale, ce mouvement peu connu et qui eut une existence brève, mérite donc que nous le regardions de près.
Le CRADS a été créé à Saint-Denis en 1945, en regroupant des personnalités se réclamant du communisme (comme Léon de Lepervanche), du gaullisme (comme Jules Repiquet) ou des personnalités démocrates (comme Maitre Collardeau) et de très nombreuses autres venues pour une très grande part du mouvement syndical et de la Ligue des Droits de l'Homme.
Présidait à la création du CRADS une idée essentielle : il faut un changement à la Réunion, à la fois des structures mais aussi du personnel politique. Un changement qui, pour réussir, nécessite un large rassemblement.
Cette analyse et cette démarche ne sont pas nouvelles. Elles avaient déjà été exposées avant-guerre au sein du PRADS (Parti Réunionnais Action Démocratique et Sociale), mais la guerre n'avait justement pas permis à ce parti de se développer.
Opposés au CRADS, il y a Alexis de Villeneuve qui se réclame, comme Marcel Vauthier, Jules Ollivier et de nombreux autres, du Mouvement Républicain Populaire ou d'autres mouvements. Ou encore, dans le sud, Raphaël Babet qui lui se réclame de la mouvance socialiste d'un certain François Mitterrand !
Toutes ces personnes ont en commun pour l'essentiel elles aussi la volonté de transformer leur île, mais surtout leur méfiance à l'égard du leader du CRADS, Raymond Vergés.
Aux différentes élections de 1945, le CRADS remporte aux municipales 12 communes sur 23, aux cantonales qui suivent la quasi-totalité des sièges et aux législatives les 2 sièges de députés. Raymond Vergès l'emporte d'extrême justesse devant Alexis de Villeneuve et Léon de Lepervanche plus facilement sur Raphaël Babet.
Mais arrivés à l'assemblée nationale, c'est au parti communiste français que s'inscrivent les deux députés.
Si la conduite de Léon de Lepervanche peut se comprendre, celle de Raymond Vergès, dont la duplicité et la sinuosité n'avaient jamais cessé d'être suspectées, fait hurler de nombreuses personnalités du CRADS. Elles crient à la trahison et quittent le mouvement .
L'année suivante, l'assassinat d'Alexis de Villeuve sonne le glas définitif du CRADS. Quant à la Ligue des Droits de l'Homme qui avait fourni au mouvement ses principaux cadres, elle préfère s'auto-dissoudre plutôt que de voter à la demande de Raymond Vergés une déclaration d'innocence pour le principal protagoniste de l'assassinat de de Villeneuve.
Si le CRADS est mort, si Alexis de Villeneuve, son principal adversaire, a disparu assassiné, tout n'est pas perdu pour Raymond Vergès. C'est lui qui souffle en 1947 la responsabilité de la Fédération communiste, contre toute attente, à Léon de Lepervanche, avant de la transmettre ensuite en 1959 à son fils Paul. Ce dernier à son tour écartera Léon de Lepervanche et tous ses camarades qui étaient au CRADS avec lui.
Ainsi naissait, sur l'escroquerie du CRADS, puis de la Fédération communiste, une nouvelle famille politique à la Réunion, celle des Vergés.
Quant à ceux qui ont quitté le CRADS, ils n'auront de cesse de combattre Raymond Vergés puis son fils Paul.
Maître Collardeau sera, deux décennies plus tard, un des plus talentueux orateurs, avec Albert Ramassamy, de l'ARDF (Association Réunion Département Français).
Voilà le mouvement que Paul Vergés nous propose comme référence. Cette organisation a certes gagné coup sur coup toutes les élections de 1945, mais établir que la départementalisation, votée en 1946, est sa seule œuvre est pour le moins inexact.
Est par contre incontestable que cette organisation a installé durablement dans le champ politique Raymond Vergés puis son fils Paul. Le prix de cette réussite familiale restant encore sur bien des aspects à éclaircir. Mais établir un parallèle entre ceux qui ont fait le CRADS avant d'être trahis et éliminés par les Vergés, père et fils, et ceux qui sont aujourd'hui à l'Alliance, c'est se moquer du monde. C'est ce qui explique, notamment, leur sévère défaite électorale de mars dernier.
Reste sans doute pour Paul Vergés l'essentiel : réussir avec l'Alliance en 2011 ce que le CRADS a permis en 1945, au prix que nous venons de rappeler, à savoir l'installation après celle des deux générations de Vergés avec Raymond puis Paul, d'une troisième avec Pierre et Françoise. Une ultime mission peu probable et en tout cas non souhaitée, et par une grande partie du parti communiste réunionnais et par l'immense majorité des Réunionnais !
Le CRADS a été créé à Saint-Denis en 1945, en regroupant des personnalités se réclamant du communisme (comme Léon de Lepervanche), du gaullisme (comme Jules Repiquet) ou des personnalités démocrates (comme Maitre Collardeau) et de très nombreuses autres venues pour une très grande part du mouvement syndical et de la Ligue des Droits de l'Homme.
Présidait à la création du CRADS une idée essentielle : il faut un changement à la Réunion, à la fois des structures mais aussi du personnel politique. Un changement qui, pour réussir, nécessite un large rassemblement.
Cette analyse et cette démarche ne sont pas nouvelles. Elles avaient déjà été exposées avant-guerre au sein du PRADS (Parti Réunionnais Action Démocratique et Sociale), mais la guerre n'avait justement pas permis à ce parti de se développer.
Opposés au CRADS, il y a Alexis de Villeneuve qui se réclame, comme Marcel Vauthier, Jules Ollivier et de nombreux autres, du Mouvement Républicain Populaire ou d'autres mouvements. Ou encore, dans le sud, Raphaël Babet qui lui se réclame de la mouvance socialiste d'un certain François Mitterrand !
Toutes ces personnes ont en commun pour l'essentiel elles aussi la volonté de transformer leur île, mais surtout leur méfiance à l'égard du leader du CRADS, Raymond Vergés.
Aux différentes élections de 1945, le CRADS remporte aux municipales 12 communes sur 23, aux cantonales qui suivent la quasi-totalité des sièges et aux législatives les 2 sièges de députés. Raymond Vergès l'emporte d'extrême justesse devant Alexis de Villeneuve et Léon de Lepervanche plus facilement sur Raphaël Babet.
Mais arrivés à l'assemblée nationale, c'est au parti communiste français que s'inscrivent les deux députés.
Si la conduite de Léon de Lepervanche peut se comprendre, celle de Raymond Vergès, dont la duplicité et la sinuosité n'avaient jamais cessé d'être suspectées, fait hurler de nombreuses personnalités du CRADS. Elles crient à la trahison et quittent le mouvement .
L'année suivante, l'assassinat d'Alexis de Villeuve sonne le glas définitif du CRADS. Quant à la Ligue des Droits de l'Homme qui avait fourni au mouvement ses principaux cadres, elle préfère s'auto-dissoudre plutôt que de voter à la demande de Raymond Vergés une déclaration d'innocence pour le principal protagoniste de l'assassinat de de Villeneuve.
Si le CRADS est mort, si Alexis de Villeneuve, son principal adversaire, a disparu assassiné, tout n'est pas perdu pour Raymond Vergès. C'est lui qui souffle en 1947 la responsabilité de la Fédération communiste, contre toute attente, à Léon de Lepervanche, avant de la transmettre ensuite en 1959 à son fils Paul. Ce dernier à son tour écartera Léon de Lepervanche et tous ses camarades qui étaient au CRADS avec lui.
Ainsi naissait, sur l'escroquerie du CRADS, puis de la Fédération communiste, une nouvelle famille politique à la Réunion, celle des Vergés.
Quant à ceux qui ont quitté le CRADS, ils n'auront de cesse de combattre Raymond Vergés puis son fils Paul.
Maître Collardeau sera, deux décennies plus tard, un des plus talentueux orateurs, avec Albert Ramassamy, de l'ARDF (Association Réunion Département Français).
Voilà le mouvement que Paul Vergés nous propose comme référence. Cette organisation a certes gagné coup sur coup toutes les élections de 1945, mais établir que la départementalisation, votée en 1946, est sa seule œuvre est pour le moins inexact.
Est par contre incontestable que cette organisation a installé durablement dans le champ politique Raymond Vergés puis son fils Paul. Le prix de cette réussite familiale restant encore sur bien des aspects à éclaircir. Mais établir un parallèle entre ceux qui ont fait le CRADS avant d'être trahis et éliminés par les Vergés, père et fils, et ceux qui sont aujourd'hui à l'Alliance, c'est se moquer du monde. C'est ce qui explique, notamment, leur sévère défaite électorale de mars dernier.
Reste sans doute pour Paul Vergés l'essentiel : réussir avec l'Alliance en 2011 ce que le CRADS a permis en 1945, au prix que nous venons de rappeler, à savoir l'installation après celle des deux générations de Vergés avec Raymond puis Paul, d'une troisième avec Pierre et Françoise. Une ultime mission peu probable et en tout cas non souhaitée, et par une grande partie du parti communiste réunionnais et par l'immense majorité des Réunionnais !