Dès sa nomination comme commandant de Bourbon, en 1665, Etienne Regnault pense installer la capitale de l’île à Saint-Denis dont la baie lui semble plus propice aux mouillages et à l’accostage. Du temps de la marine à voile, les navires portés par les vents arrivent du cap de Bonne Espérance par le sud, contournent l’archipel passent devant Saint-Denis et jetent l’ancre à Saint-Paul. En 1767, l’île compte une soixantaine de colons installés entre Sainte-Suzanne et Saint-Paul ! La côte nord-est est plus arrosée et plus adaptée aux plantations et au développement agricole de l’île.
S’étendant du Palais du Gouvernement à la Pointe des Jardins, la baie abritée de Saint-Denis présente cependant quelques inconvénients. La Grande Montagne sépare Saint-Denis de Saint-Paul. Des courants contraires alimentés par des vents d’est réguliers créent une barre de mer agitée qui en rend l’accostage dangereux.
Malgré ces obstacles, Labourdonnais (Gouverneur de 1699-1753) ordonne la construction d’un barachois. En 1738, face au palais du gouvernement, une jetée lancée vers le nord protège un bassin qui s’allonge vers l’est.
Ce petit port accueille les pêcheurs et les marchands de poissons qui viennent à leur rencontre à chaque retour de pêche. Les passagers et le bétail y sont débarqués avec plus de facilité qu’en pleine mer où ils risquaient la noyade. Mais le violent cyclone de 1760, le remplit de galets et le détruit presque totalement. Les décennies se succèdent, le front de mer de Saint-Denis, ville maritime par excellence, se couvre de bâtiments administratifs, de magasins, d’entrepôts et de bâtiments militaires.
Lorsque le Gouverneur Milius arrive en 1818, il engage de nombreux travaux dans l’île et fait construire à nouveau un barachois selon les plans de Labourdonnais. En effet, aucun port n’existe encore à Bourbon même si la presque totalité des échanges entre les endroits escarpées se font par voie maritime. Le batelage permet par le biais de larges chaloupes, le transport commercial et de personnes entre les différentes régions. Comme son prédécesseur, de 1819 à 1821, il fait construire une jetée pour l’embarquement et le débarquement des marchandises.
Face à la Pointe des jardins une autre jetée s’avance dans la mer pour abriter la plage des intempéries favorisées par l’exposition au nord-est. Mais encore une fois à peine terminé, le cyclone de 1829 survient. Il pousse la jetée vers le rivage et forme un bassin qui après quelques adaptations, est mis en service. L’entrée se situe vers l’ouest mais elle se trouve trop à proximité de l’embouchure de la Rivière Saint-Denis. A chaque gros temps, le Barachois est partiellement comblé par les galets et le sable entrainés par les crues, sans compter les apports dus à la houle. Les travaux pour désensabler et dégager sont ardus et incessants.
De ce fait, l’utilisation de ce bassin se limite aux canots, aux chaloupes et autres bateaux à fonds plats où les passagers et les petites marchandises transitent aisément. Les travaux d’entretien deviennent pénibles et onéreux, ils sont finalement abandonnés au XXe siècle.
Aujourd’hui le site du Barachois est abrité par de larges parasols de branches d’arbres. Depuis des générations les promeneurs et les amoureux en ont fait le lieu incontournable de rencontre et de balades romantiques, cela pas uniquement au coucher de soleil.