Le tribunal correctionnel de Saint-Pierre a condamné aujourd’hui Laurence Enilorac à deux ans de prison ferme. Introuvable depuis quatre ans, la complice de Siti Soumaïla s’était finalement présentée à la justice il y a peu de temps. Si la relaxe semblait improbable, son avocate, Me Olga Yakimenko avait demandé que sa cliente puisse purger sa peine en métropole, près de son mari mais surtout loin de Domenjod et de Siti Soumaïla. Peine perdue, elle dormira ce soir en prison, les juges ayant ordonné le mandat de dépôt.
La cour a néanmoins pris en considération la demande de l’avocate que la prévenue avait elle-même réitéré à la barre. Elle devrait donc être transférée dans les prochaines semaines en métropole.
Pour justifier son absence au procès au mois de novembre, Laurence Enilorac a expliqué qu’elle n’avait pas eu connaissance de sa mise en cause dans cette affaire. Installée en métropole depuis 2010, elle aurait appris sa condamnation, au mois de décembre, par l’intermédiaire de sa mère.
Concernant les faits qui lui sont reprochés, des escroqueries immobilières pour près d’un million d’euros, la complice de la « reine de l’arnaque » a joué la carte de l’emprise psychologique. Selon elle, elle n’était qu’un « pion« , envoûtée par le bagout, parfois ésotérique, de celle qu’elle a qualifié de cerveau des escroqueries.
« Le butin n’a pas été partagé »
Par ailleurs, si elle a reconnu avoir récupéré des enveloppes pour le compte de Siti Soumaïla, elle a soutenu ne jamais avoir su ce qu’elles contenaient. Sur ce point, les juges ont semblé sceptiques, tout comme le procureur qui a requis deux ans de prison ferme. Il faut dire qu’une des victimes est venue à la barre pour rappeler à la prévenue qu’il lui avait lui-même remis une enveloppe de 6.000 euros sur le parking d’une grande surface et qu’ils avaient recompté ensemble…
Lors de sa plaidoirie, son avocate a tenté de démontrer le rôle mineur joué par sa cliente, une potiche selon elle qui n’avait pas la capacité de monter un telle escroquerie. Sans rentrer dans le fond du dossier, Me Yakimenko a rappelé que sa cliente n’avait pas bénéficié de l’arnaque puisqu’elle ne s’était pas enrichie : « Le butin n’a pas été partagé » a-t-elle lancé aux juges. Comme dernière cartouche, l’avocate a essayé de convaincre les juges de lui laisser une chance, considérant qu’elle avait refait sa vie en métropole, qu’elle était mariée et active puisqu’elle avait récemment décroché un CDI.
Les juges n’auront finalement pas été sensibles à ces arguments. Néanmoins, le jugement est plus clément qu’en première instance où Laurence Enilorac avait été condamnée à 3 ans de prison. L’avocate, quant à elle, se donne quelques jours de réflexion pour un éventuel appel.