La surprise du contraste entre le personnage et sa musique est de courte durée tant Bastien Picot emporte son public dans un bain de sonorités vibrantes et d’énergies communicatives.
Ce Réunionnais originaire du Tampon, est issu d’une famille de musiciens. Autodidacte durant une grande partie de sa carrière, la musique de Bastien Picot est à son image : plurielle et riche d’énergies. « J’ai suivi une scolarité traditionnelle au lycée avec l’option théâtre et impro. Je faisais de la musique à côté avec mon groupe de pop rock monté avec des amis. J’ai composé très tôt, mais plus en anglais bizarrement. Je pense que c’est aussi à cause de la musique que j’écoutais. Le maloya été là, bien sûr, mais j’ai aussi été influencé par la musique soul et anglophone. Passionné de langues, j’ai adopté l’anglais. »
Ce n’est qu’il y a une dizaine d’années, notamment grâce aux aides des collectivités, que l’artiste s’est professionnalisé et a pris des cours de chants au CIAM (Bordeaux). « J’ai toujours aimé chanter, ça a été mon premier instrument. Je suis très curieux de la voix. J’aime explorer plusieurs facettes de ce qu’elle peut faire, c’est un terrain de jeu infini. La technique acquise en cours de chant m’a permis de continuer à utiliser mon instrument et d’aller encore plus loin dans son exploration. Je suis content si, de la technique jaillit l’émotion. Elle ne doit être que le vecteur du message de la musique : un panel d’émotions qu’on espère être ressenti par le plus grand nombre. »
Pour sûr, Bastien a une voix unique en son genre, une technique affirmée et une capacité à susciter l’émotion. Un talent qui n’est sûrement pas étranger à son expérience avec Stevie Wonder en juillet 2010. « J’ai eu la chance de vivre beaucoup d’expériences enrichissantes et incroyables, beaucoup me restent en mémoire. Mais si je ne devais en retenir qu’une, ce serait le premier concert avec Stevie Wonder avec la chorale Gospel For You Familly. Être à ses côtés, l’entendre, le rencontrer et pouvoir chanter sa musique avec lui a été une expérience irréelle ! »
Après un album avec Jérôme Calcine, « In ot lèr », Bastien présente pour la première fois son projet personnel et ses nouvelles compositions avec ses musiciens sur le marché international du IOMMA en mai dernier. Un choix qu’il explique notamment par la place que tient la Réunion « elle a une place ultra particulière dans ma musique, dans ma vie, dans mon coeur.
Sur mon premier EP, j’ai voulu aller aux antipodes de ce qu’on avait fait sur « In ot lèr » et flirter avec l’écrin plus pop qui m’a aussi nourri. J’ai envie de ramener de La Réunion dans ma musique. Sur l’un de mes nouveaux titres, je mélange l’anglais au créole, j’aime mettre un peu de kayamb là-dedans, j’ajoute une pincée de maloya ! Pour moi, la ligne directrice est toujours pop, mais j’ai envie d’embrasser encore plus largement tout ce qui m’a construit et La Réunion en fait très grandement partie. »
La carrière de l’artiste atypique à la voix d’or prend un envol certain. Et pour la suite ? « On peut me souhaiter que tout ça continue ! Des résidences, des tournées…internationales, un album, que dis-je ! Un Grammy Awards ! [rires]. »