Le constat n’est pas nouveau. Déambuler sur les trottoirs de nos villes est déjà compliqué pour tout passant. Pour les personnes en situation de handicap, le moindre obstacle, une moto, une voiture mal garée, des trottoirs défoncés ou pas à niveau, sont des freins rédhibitoires.
"On ne peut pas construire une ville si l’on ne prend pas en compte toutes les différences", explique Monique Orphé, à proximité de l’ancien Hôtel de ville, juste avant de se voir bander les yeux et tester ce que vivent les déficients visuels.
Avant même le premier carrefour rencontré, un véhicule dont le coffre déborde sur le trottoir illustre à la perfection les difficultés d’évitement, notamment pour un fauteuil roulant. Ce véhicule n’échappera d’ailleurs pas à sa petite contravention.
Des feux tricolores qui parlent
Le parcours test continue. A deux pas de là, le premier aménagement "spécial handicapé" se laisse découvrir. Un avertisseur sonore placé au niveau des feux tricolores se déclenche grâce au bip activé par la personne elle-même. Des consignes vocales lui sont délivrées par une voix automatisée. "Ça n’est pas encore disponible chez nous, mais je sais que SFR travaille à l’intégration du bip que les personnes handicapées doivent aller réclamer auprès du CCAS dans leur GSM", affirme Jean-Marc Maillot, directeur du comité régional du sport adapté.
Ce matin, la mairie de Saint-Denis a voulu montrer les efforts déjà consentis en faveur du déplacement des personnes à mobilité réduite. Mais le plus gros reste à faire. C’est tout le sens que tient le PACTE, le Plan d’actions contre toute exclusion, lancé par la majorité municipale depuis son arrivée en 2008.
Un plan d’actions qui se traduit sur le volet handicap par un Plan de mise en accessibilité et des aménagements des espaces publics (le PAVE), une obligation législative depuis 2005.
Les premières réalisations sont déjà visibles en centre-ville. Hormis les signaux sonores sur les feux tricolores, des bornes podo-tactiles (ces petits passages cloutés avec des proéminence) ornent 30 carrefours jusqu’à maintenant. Les aménagements concernent "principalement le coeur de ville pour le moment mais la deuxième phase de consultation se termine. Le rapport de conclusions sur les aménagements futurs nous sera remis en septembre", annonce une administrative de la mairie de Saint-Denis.
Tout doit être terminé pour 2015, loi oblige
Dans leur totalité, les travaux entamés en novembre 2010 ont coûté 645.000 euros. "Nous avons voulu anticipé à travers ce PAVE à l’obligation faite aux collectivités de rendre moins contraignant le passage des personnes à mobilité réduite", poursuit-elle. 2015 étant la date butoir.
Mais le meilleur jugement vient des personnes en fauteuil roulant elles-mêmes. C’est le cas de Jean-Bernard Sangaria qui juge ces "poteaux EDF placés en plein milieu du trottoir" avec beaucoup de dépit, lui qui assiste à nombre de commissions communales d’accessibilité et pas seulement à Saint-Denis.
Pour les personnes déficientes visuelles, la menace vient aussi à hauteur des yeux. Il s’agit des stores trop baissés des magasins qui, mine de rien, peuvent surprendre avec une visibilité réduite.
Jean-Bernard Sangaria conclut en donnant sa notation de la ville de Saint-Denis. "Je pense qu’en terme d’accessibilité, le chef-lieu se situe dans le top 5 des villes les plus accessibles. Même si le Tampon et Saint-Pierre ont commencé leur aménagement bien plus tôt qu’ici, Saint-Denis est en train de rattraper son retard". Mais Jean-Bernard Sangaria voit déjà plus loin. Son regard se tourne vers les commerces. Si les collectivités publiques emboîtent le pas et c’est bien normal, le fonds de compensation à destination des commerçants qui souhaitent effectuer des travaux pour l’accessibilité reste peu connu. A eux aussi de ne pas rater la dernière marche. 2015, c’est déjà demain.