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La stèle des esclaves

« Des centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes ont été arrachés à leur terre natale pour être mis en esclavage sur cette île, de la fin du 17e siècle jusqu’à l’abolition de 1848. Le Code Noir les réduisait à l’état de « biens meubles ». L’esclavage colonial les a privés de sépulture et a effacé toute […]

Ecrit par gerard.jeanneau@laposte.net – le lundi 02 novembre 2009 à 18H31

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« Des centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes ont été arrachés à leur terre natale pour être mis en esclavage sur cette île, de la fin du 17e siècle jusqu’à l’abolition de 1848.
Le Code Noir les réduisait à l’état de « biens meubles ».
L’esclavage colonial les a privés de sépulture et a effacé toute trace de leur présence.
Tout être humain a droit au souvenir.
Par ce monument, nous réparons cet oubli.
Nous rendons hommage à leur vie, à leur courage et à ce qu’ils nous ont légué »
.

Voilà l’épitaphe inscrite sur la stèle des esclaves qu’a inaugurée Paul Vergès, en présence de ses fidèles, au cimetière du Gol, à Saint-Louis. C’était le 31 octobre 2009.

De cette belle épitaphe, il faut tout simplement supprimer la phrase : « L’esclavage colonial les a privés de sépulture et a effacé toute trace de leur présence. »

L’esclavage colonial les a privés de sépulture. Faux ! Tous les esclaves de cette île ont été inhumés, comme toutes les personnes libres de leur époque : si l’on était de la chapelle du curé, on avait droit à une place dans son cimetière, en « terre sacrée »; si on n’en faisait pas partie ou si on en avait été exclu pour diverses raisons, on était enterré en quelque champ, en « terre profane ». Le curé traitait tout le monde, esclave ou non, de la même manière. Mais comme pour toute bonne règle, il y a eu des exceptions. Un seul exemple suffira, celui de Voltaire, un bien mauvais paroissien qui a passé toute sa vie à lutter par ses écrits contre le clergé et le pape. Mais voilà, les derniers jours approchant, il a jugé bon de se lier d’amitié avec un curé qui s’est laissé influencer. À la mort du farouche anticlérical, le complaisant homme d’Église l’a enterré en terre sacrée au grand dam de l’évêque du lieu !

L’esclavage colonial a effacé toute trace de leur présence ! Inexact ! Est en cause la coutume, la même qui avait cours de Menton à Dunkerque. Pas de registres officiels à l’époque des rois. Seul le curé recensait ses brebis, lors du baptême, du mariage et de la sépulture. Trois registres paroissiaux, les BMS, la seule source à laquelle puisent les généalogistes. Et si l’on n’était pas de la paroisse du curé, on était tout simplement des sujets sans nom dans la royauté, des sujets qui, à leur mort, étaient enterrés en terre profane. Les esclaves non baptisés ou non reconnus comme chrétiens étaient de ceux-là. Et il y a eu, au temps des rois, de nombreux oubliés de l’histoire, esclaves ou non !

Inutile de chercher dans le Sud de mes Deux-Sèvres natales la main d’un féroce colonialiste. Les cimetières privés de cet endroit ont disparu les uns après les autres. Outrage du temps ! L’urbanisme a fait des ravages tout autant que l’agriculteur désireux de récupérer quelques arpents de terre laissés à l’abandon depuis des décennies. Et cette île a connu, elle aussi, le même outrage du temps.

Mais que peut-on y faire ? Les serviteurs de Vergès, sous la houlette de sa fille, aiment bien pimenter l’histoire locale, en regardant un peu trop leur nombril, leurs œillères. C’est tout de même bien fort de café ! Pauvre MCUR virtuelle où l’on arrange vaillamment toute cette histoire locale !

Et le comble vient d’un « raconteur z’histoires » de Témoignages, qui brasse naïvement l’imaginaire et les faits historiques dans son moulin à vent : les âmes errantes du cimetière du Gol semblent à elles seules justifier l’implantation de la stèle des esclaves. Pour la circonstance, on a ressuscité les Mânes de nos ancêtres latins : grâce à la stèle, flotte un air plus apaisé.

Il ne reste plus qu’à souhaiter que le futur maître de la pyramide inversée ait la bonne idée de placer la stèle, avec sa bonne épitaphe corrigée, dans un lieu serein donnant sur la mer d’où les esclaves sont venus pour porter leurs horribles chaînes : ils méritent notre hommage et notre respect, comme nos héros de la guerre.

Gérard Jeanneau
http://anti-mcur.over-blog.com/

 

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